La commémoration du 150e anniversaire de la Commune de Paris a permis de découvrir le rôle de nombreuses femmes dans cette période majeure de l'histoire de la République, du socialisme français et de l'Ecole publique.
Parmi celles-ci l'écrivaine féministe André Léo et une de ses proches, la militante de l'éducation liée à l'histoire de Grenoble : Isaure Perier.
Elle a fait partie de la commission désignée par la Commune chargée d'organiser l'enseignement dans les écoles de filles (avec André Leo, Anna Jaclard, Noemi Reclus et Anna Sapia) en mai 1871. En exil après la Semaine sanglante, elle dirigera un pensionnat à Porrentruy dans le Jura suisse, comme nous l'apprend une lettre du géographe anarchiste Élisée Reclus.
A une époque où les préjugés sur l'inégalité des genres l'emportaient et où le code Napoléon faisait des femmes des mineures, elle a milité pour l'égalité et pour l'enseignement des filles, mue par l'idée que le progrès de l'ensemble de l'humanité passait par l'instruction des filles, notamment dans le domaine scientifique. C'est pourquoi elle a aussi été l'auteure de deux ouvrages de vulgarisation scientifique, mais publiés au nom de son mari.
Ses engagements politiques l'ont amené à rencontrer le Grenoblois internationaliste Aristide Rey (qui fut conseiller municipal de Paris et député de l'Isère), avec lequel elle a constitué une collection d'oeuvres d'arts, qu'elle a légué au musée de Grenoble en 1930. Dans son legs se trouvait des dessins de Jacques-Louis David, des aquarelles de Gustave Doré, un tableau de Girodet, ou encore une aquarelle anonyme d'une balayeuse montrant son intérêt pour les femmes du peuple.
A travers Isaure Perier, nous voulons rendre hommage à toutes les militantes de l'éducation, payé au prix du sang de la Commune, qui ont contribué à la création d'une Ecole publique et populaire, pour toutes et pour tous. Un hommage rendu aujourd'hui plus que jamais nécessaire en raison de la marchandisation de l'éducation en marche !
C'est pourquoi le conseil municipal de Grenoble a décidé de l'honorer en donnant son nom au futur parc situé dans le quartier Bouchayer-Viallet.
@jsoldeville