Deux ans après l'annonce de sa fermeture par le président de la Région Rhône Alpes et après l'immense sit-in du 27 septembre 2010 qui a donné le coup d'envoi au mouvement pour le maintien et la sauvegarde du lycée Mounier, et alors que le lycée a retrouvé à la rentrée 2012 sa restauration scolaire et sa capacité d'accueil pleine et entière, suite à une décision de justice de novembre 2011, c'est donc maintenant, dans une indifférence quasi générale, que le rectorat continue son oeuvre de saccage d'un établissement scolaire pourtant réputé pour sa mixité sociale, oeuvrant pour l'éducation et la paix sociale dans les quartiers sud de la ville de Grenoble, durement éprouvés par la crise et la violence, comme le rappellent régulièrement à l'attention du public d'horribles faits divers.
Nous avons entrepris de nombreuses démarches depuis l'élection de François Hollande pour nous faire entendre ou simplement trouver une oreille attentive. Nous sommes adressés à de nombreuses reprises aux plus hautes autorités de la République. Les élèves ont ainsi rédigé un courrier à l'attention du président Hollande, nous avons interpellé le ministre Peillon ainsi que ses conseillers les plus proches et n'avons pas même reçu le moindre accusé de réception !
D'où viennent donc cette indifférence et ce mépris ? Quel est donc notre crime ? Serait-ce celui d'avoir dénoncé un mensonge, une manipulation ? Ou encore celui d'avoir osé résister à un déni de justice ? Ou bien enfin d'avoir obtenu gain de cause devant un tribunal de la République ? Où est-elle justement cette République exemplaire que nous appelons tous de nos voeux ? N'existe-t-elle que pour les beaux quartiers et serait-elle absente des quartiers populaires du sud de la commune grenobloise ?
Voilà le triste tableau que nous devons dresser de la situation de l'établissement à la rentrée :
Plus de la moitié des professeurs du lycée se trouvent désormais soit « partagés » avec d'autres établissements soit purement détachés. Les conflits au sujet des emplois du temps sont donc devenus très nombreux.
Suite à une décision inique de transfert, soi-disant provisoire, d'une collègue en poste, nous n'avons plus de professeurs titulaires au Centre de documentation de l'établissement : nous ne sommes plus en mesure de proposer aux élèves les midi2 de la Culture et d'assurer notre mission de service public, dans un lycée où l'ouverture culturelle, inscrite au contrat d'objectifs, représente pourtant un enjeu considérable !
La situation de la Vie scolaire est également devenue kafkaïenne : notre second CPE n'est quant à lui toujours pas autorisé à travailler au lycée alors qu'il y est administrativement affecté depuis la rentrée ! Toute la charge de travail ne repose désormais plus que sur une seule collègue alors que des répartitions dans le suivi des classes et des élèves avaient été prévues.
De plus, nous subissons de plein fouet les effets de la « réforme » du lycée pénalisant les petites structures pédagogiques. Or, les effectifs du lycée Mounier ont été réduits pratiquement de moitié (512 élèves à la rentrée 2012) suite à une décision pourtant annulée par la justice ! Nous voilà donc condamnés à la double peine ! Et le rectorat de prévoir de baisser encore nos effectifs à la rentrée prochaine !
Ce dernier nous a refusé à la fin de l'année scolaire écoulée l'ouverture d'une 4ème division de 1ère, qui aurait permis aux élèves de 1ère S de préparer le bac d'Histoire-Géographie qui désormais a lieu en fin de l'année de 1ère. Les élèves sont donc maintenant mélangés indistinctement de leur filière dans ce cours alors qu'ils n'ont pas tous un examen terminal de fin d'année. Quelle quadrature du cercle pour les enseignants aussi ! Pourtant, peu d'heures et quelques moyens supplémentaires permettraient d'assurer un enseignement dans des conditions simplement décentes ! Nous ne demandons ni n'espérons davantage ...
Enfin, suite à l'annulation par la justice de la fermeture d'un bâtiment qui accueillait les sections post-bac des 2 BTS MUC et Communication, ces formations n'ont toujours pas réintégré l'établissement. Tout indique que les autorités rectorales ont l'intention de pérenniser une situation résultant pourtant d'un coup de force initial ! L'Établissement public local d'enseignement Mounier va-t-il devoir retourner devant le Tribunal administratif afin de faire valoir ses droits à ce sujet ? Quel comble !
Ce sont en effet de très mauvaises habitudes qui se sont aujourd'hui installées à tous les échelons dans l'académie de Grenoble. On nous rapporte que désormais à de nombreux endroits règnent l'arbitraire et les petits chefs ! Les témoignages sont nombreux et éloquents ! Autre illustration d'un climat qu'il faut bien qualifier de « délétère », cette scène ahurissante qui s'est produite lors du dernier Conseil académique de l'Éducation nationale au rectorat : des élus ont pu distinctement entendre le recteur, représentant de l'État, suite à un désaccord, dire à la vice-présidente en charge des lycées qu'il était « socialiste … depuis plus longtemps qu'elle » ! Mais où est donc ici l'impartialité demandée aux hauts serviteurs de l'État ?
La question qui est désormais posée est de savoir si le gouvernement entend poursuivre la casse du lycée Mounier entamée sous la présidence Sarkozy, menée et poursuivie par l'actuel recteur, ou s'il va enfin prendre à bras le corps ce dossier ? De notre côté nous ne baisserons pas les bras et n'assisterons pas passivement au saccage d'un lycée répondant à un besoin vital des habitants de la commune !