jibrilrekkab (avatar)

jibrilrekkab

Écrire non pour plaire, mais pour fissurer le réel.

Abonné·e de Mediapart

4 Billets

0 Édition

Billet de blog 6 juin 2025

jibrilrekkab (avatar)

jibrilrekkab

Écrire non pour plaire, mais pour fissurer le réel.

Abonné·e de Mediapart

Ils ont eu les bras de nos pères, ils n’auront pas les âmes de nos fils.

Lettre aux enfants de l’exil. Nous ne sommes pas venus demander notre part. Nous sommes la part qu’ils n’avaient pas prévue. Barbares debout, porteurs d’héritages indomptés — notre fidélité est un affront, notre simple présence, une victoire.

jibrilrekkab (avatar)

jibrilrekkab

Écrire non pour plaire, mais pour fissurer le réel.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mes petits frères, mes petites sœurs,

Je vous écris depuis l’ombre portée de nos pères voûtés, et des cuisines d'où nos mères ont transmis l’infini sans bruit.

Je vous écris comme on grave dans la pierre vive — pour que rien n’efface ce que nous sommes.

Vous n’êtes ni erreur ni accident.
Vous êtes une faille traversée de lumière.
Et dans cette faille, une promesse en suspens.

Vous portez une histoire que nul manuel n’ose conter.
Vous êtes les visages dérobés, les noms gommés, les présences rognées.
Français dans le silence. Étrangers dans la verticalité.
Vos racines deviennent offense dès qu’elles affleurent.

Alors redressez-vous. Non pour implorer, mais pour incarner.
Non pour intégrer, mais pour irradier.

Vous êtes les enfants du Sud, venus fissurer les cartes du Nord.
La mémoire faite chair. L’Histoire revenue marcher parmi les vivants.
Et cela, ils ne savent comment l’endiguer.

Ils vous rêvent polis, métissés à point, vaguement exotiques.
Soyez fulgurants, sublimes et indociles.
Soyez les éclats du réel qu’ils ont voulu abolir.

Vous êtes les héritiers d’un trésor interdit : un nom, une langue, des rites, des coutumes.
Même bafouée, même interdite, elle palpite encore — dans vos silences, vos douleurs, vos gestes ordinaires.

Vos prénoms sont des chants. Vos mères, des bibliothèques orales. Vos silences, des dialectes en exil.

Ne traduisez pas. Ne vous pliez pas. Ne vous justifiez jamais.
Parlez depuis le roc de ce que vous êtes — non à travers le prisme de ce qu’ils tolèrent.

La France est un théâtre, non une matrice.
Une scène d’accueil, non une terre de filiation.
Nos racines plongent ailleurs : profondes, millénaires, indéracinables.

Habitez ce sol avec droiture — sans jamais renier la source.
Le locataire respecte le lieu, mais il sait que les clés ne sont pas à son nom.

Vous êtes passants — mais vos pas sont lourds de sens.
Pas les traces de la réussite, mais celles de la présence.

Être là, debout, intacts, non dilués — c’est déjà victoire.
Vous n’avez pas à être validés. Vous avez à être liés.

Liés à ce qui vous dépasse. À vos aïeux. À vos villages. À vos langues perdues. À votre Dieu oublié.
Liés à votre vérité. Non à leurs fantasmes.

À vous de tailler vos héritages comme des diamants bruts.
Non pour plaire, mais pour trancher le mensonge.

📍Jibril REKKAB - Héritier sans compromis

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.