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Billet de blog 6 juin 2025

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Quand l’adoucissement des prénoms trahit l’héritage.

Dans le glissement silencieux vers des prénoms « neutres », se cache une reddition sourde, un effacement insidieux de notre souffle ancestral. Ce texte exhume la dépossession cachée dans ce choix furtif et lance un appel vibrant : que nos noms arabes et berbères redeviennent les gardiens ardents d’une mémoire vive, d’une force inaltérable transmise à nos enfants.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ils voulaient nous dépouiller de tout.
Ils ont pris nos terres, nos langues, nos pères.
Et maintenant, ils veulent nos prénoms.

Mais cette fois, ils n’ont même pas eu besoin de forcer.
Nous nous sommes exécutés. Volontairement.
La peur d'être mal vus a fait plus de ravages que leurs décrets.

Ils nous ont appris que s’appeler Mohamed ou Fatima était un handicap.
Et nous les avons crus.
Ils ont dit que Lina, Ilian, Inaya, Sohan « passent mieux ».
Et nous avons cédé.
Nous avons troqué l’or de nos lignées contre le toc de la respectabilité.
Nous avons repeint notre sang avec des prénoms neutres, légers, sans mémoire.

Mais moi,
je refuse.
Je ne donne pas naissance à des enfants pour les rendre compatibles.
Je les fais pour qu’ils incarnent la continuité.

Salahedine
Junaïd
Makkah

Ces prénoms ne sont pas des choix.
Ce sont des déclarations.
Ils ne rassurent pas l’administration.
Ils réveillent l’histoire.

Je n’ai pas donné des sons.
J’ai transmis des serments.
Je n’ai pas cherché l’originalité.
J’ai offert l’héritage.

À ceux qui me disent que ces noms sont "trop durs à prononcer",
je réponds : apprenez à les dire. Ou apprenez à vous taire.
À ceux qui craignent que ces prénoms ferment des portes,
je dis : mieux vaut un nom digne face à une porte fermée,
qu’un nom bradé pour un passe-droit honteux.

Vous avez peur qu’ils souffrent ?
Mais ils souffriront bien plus du vide que vous leur léguez.
Un prénom qui ne dit rien de vos ancêtres,
qui ne parle ni à la terre ni au ciel,
est un prénom qui condamne à l’errance.

Je ne veux pas d’enfants intégrés.
Je veux des enfants enracinés.

Qu’ils fassent trébucher la langue du professeur.
Qu’ils forcent l’État à les imprimer sans les réduire.
Qu’ils imposent leur présence comme une évidence.

Nos prénoms sont des drapeaux levés dans les registres de l’État civil.
Ils disent : Nous n’avons pas disparu. Nous ne nous excuserons plus. Nous avons survécu à vos manuels, vos bulletins, vos cases. Maintenant, nous écrivons les nôtres.

Cessez de nommer par peur.
Cessez d’arrondir pour passer.
Cessez d’inventer des sons arabes qui n’ont ni racine ni flamme.
Cessez de chercher l’approbation de ceux qui ne vous respectent qu’amputés.

Un prénom n’est pas une mode.
C’est un cri ancien.
Un engagement.
Un message pour ceux qui viendront après nous.

Il s’agit d’inscrire nos enfants dans une trame sacrée.
De leur dire par le seul nom : tu n’es pas une page blanche.
Tu es la suite d’un récit qui commence bien avant toi.
Et que tu devras porter sans honte.

Salahedine
Junaïd
Makkah

Trois noms. Trois serments.
Trois pierres posées sur le rivage du siècle,
comme pour dire à la marée de l’oubli : jusqu’ici, mais pas plus loin.

📍Jibril REKKAB - Héritier sans compromis

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