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Écrire non pour plaire, mais pour fissurer le réel.

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Billet de blog 31 mai 2025

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Diversité : la grande trahison.

Ils ont troqué la mémoire pour des plateaux télé, leur héritage pour un strapontin républicain. Les visages de la “diversité” sont devenus les agents d'une assimilation douce, chargés d'étouffer nos refus, d'effacer nos lignées, de briser nos fidélités. Ce texte est un rappel : leur réussite est notre effacement.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Chaque fois que nous levons la tête, c’est vous qu’on nous oppose. Vos visages vagues, vos tons modérés, vos tenues ajustées. Vous êtes l’alibi parfait de cette République qui tue sans se salir les mains. Vous êtes la preuve vivante — croit-elle — que tout est possible, à condition de courber l’échine.

Mais nous n’avons rien en commun.

Vous avez fait de l’intégration une rente. Et de la soumission, un mérite. Nous, nous avons fait de l’exil une force. Vous cherchez à plaire. Nous, à rester fidèles. Vous collez des rustines sur votre radeau qui fuit de toutes parts. Nous, nous bâtissons des arches. Vous espérez l'invitation au banquet. Nous, nous préférons jeûner avec dignité.

Depuis quarante ans, vous êtes les enfants dociles de la Marche des beurs. Les héritiers délavés d’un rêve d’inclusion devenu cauchemar d’assignation. Vous avez marché pour être vus. On vous a laissé entrer pour mieux vous exposer. Vous avez cru pénétrer les institutions — ce sont elles qui vous ont traversés. Écorchés. Dénervés. Dressés.

Chaque promotion de la diversité est une cage dorée. Chaque strapontin républicain, une muselière. Vos costumes ne masquent pas la courbure de vos âmes. Vous êtes ce que produit l’Empire quand il veut faire croire qu’il a changé. Des modèles en vitrine. Des exemples à agiter. Des exceptions calibrées.

Vous parlez le langage du pouvoir avec son accent. Vous prononcez vos propres prénoms comme des étrangers. Vous taillez vos identités à la mesure des dîners mondains. Vous vous tordez pour entrer dans le cadre. Et bien nous, nous brisons le cadre.

La République ne vous a pas hissés, elle vous a filtrés. Ce n’est pas un ascenseur social, c’est un sas de domestication. Ceux qui résistent sont laissés au seuil. Vous êtes ceux qui ont accepté. Vous êtes passés à la douane des âmes. Et vous avez tout laissé : la langue, la foi, les morts, les refus, les silences.

Vous avez cru qu’il suffisait de réussir. D’entrer dans l’école, l’entreprise, le parti, le ministère. Vous avez cru qu’il suffisait d’y être pour y exister. Mais le pouvoir ne se donne pas, il se prend. Et vous n’avez rien pris. Vous avez quémandé. Supplié. Arrondi les angles. Brossé le poil de vos geôliers. Vous êtes devenus inoffensifs à force de vouloir être acceptables.

Mais nous, nous ne voulons pas de leur respect. Nous ne voulons pas de leur reconnaissance. Nous n’attendons pas leur place à table. Nous voulons briser les récits. Ouvrir des brèches.

Vous vous êtes intégrés à un monde qui nous nie. Et vous nous demandez de vous imiter ? Mais nous n’avons pas été faits à votre image. Nous ne cherchons pas la légitimité. Nous sommes déjà légitimes. Par notre histoire, nos lignées, nos douleurs. Par cette braise ardente qu’on ne peut étouffer.

Vous êtes les visages qu’on met sur les plaies. Des pansements humains. Des antidotes symboliques. Vous êtes devenus les chiens de garde d’un récit qui nous étouffe. La preuve par l’exemple que tout va bien, pendant que les nôtres crèvent en silence.

Mais il est trop tard. Les enfants que vous n’avez pas vus venir sont déjà là. Insolents. Lucides. Souverains. Ils ne cherchent pas à entrer. Ils creusent des tunnels sous vos murs. Ils gravent sur leurs peaux les noms que vous avez gommés. Ils parlent avec des langues que vous avez voulu oublier. Ils hurlent les chants que vous avez censurés.

Ils ne seront pas intégrés. Ils seront libres.

Et vous ne les comprendrez jamais. Car vous avez trop cédé pour les reconnaître. Trop pactisé pour les entendre. Trop trahi pour les aimer.

Vous avez cru qu’en s’éloignant de nous, vous seriez sauvés. Mais nous sommes en train de renaître. Dans chaque silence que vous n’avez pas su habiter. Dans chaque blessure que vous avez maquillée. Dans chaque feu que vous avez tenté d’éteindre.

Nous sommes les enfants de vos renoncements.
Nous sommes des revenants.
Nous sommes des Barbares.

Et nous ne demandons rien.
Nous prenons racine.
Ici. Ailleurs. Partout.

📍Jibril REKKAB - Héritier sans compromis 

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