Ces dernières décennies, plusieurs formations politiques ont eu accès au pouvoir exécutif. Des formations, qui, avaient des idéologies sensiblement différentes.
Pourtant, cela ne changea rien pour les personnes en situation de handicap. Strictement rien.
La raison principale est que les différents gouvernements s’inscrivaient dans la perpétuation d’un système et des causes qui le déterminent.
L’écologie politique comme système philosophique
Parce que l’écologie politique interroge la relation de l’homme avec son environnement alors il interroge aussi l’ontologie. Qui sommes nous ? Qu’est ce qu’un être humain au XXIe siècle ? Quelle est la place de l’individu ? Qu’est ce que l’être social à l’ère de catastrophes climatiques ?
Ces questionnements ne sont plus posés par les idéologies du XXe siècle alors qu’elles ont besoin d’être actualisées, les partis tels que le Parti Socialiste y travaillent d’ailleurs en intégrant l’écologie comme paradigme pour re-conceptualiser le socialisme.
En intégrant les questionnements cités en exemple il est alors possible de reconsidérer les catégories qui définissent les individus et surtout interroger leur pertinence. Est-il pertinent de distinguer les personnes en situation de handicap des personnes dites valides ? Est-il pertinent de scinder selon le sexe ? Le genre ? La couleur de peau ?
Ou distinguer selon le statut social, l’emploi etc.
Aussi, parce que l’écologie interroge les principes premiers qui ont généré les normes au sein de nos sociétés, elle est la mieux placer pour en ériger de nouveaux. Et elle le doit, sinon elle ne sera qu’une variable d’ajustement d’un statut quo et d’un système qui a pour seul but de perpétuer ce statut quo.
L’écologie politique peut également établir un nouveau contrat social qui s’inspirera des Lumières afin de conjuguer le respect des libertés individuelles, nécessaires car sans ces libertés, l’écologie sera un truchement hypocrite défendant l’environnement au détriment des personnes, mais également les liberté collectives en restituant la démocratie à la communauté.
Il est donc impossible de décorréler la place de l’individu et de ses droits, de l’écologie politique en tant que système de préservation des ressources, de l’environnement et de l’Humanité.
L’écologie politique comme outil de rétablissement des droits
C’est d’autant plus impossible que l’écologie politique repose sur un principe moral de responsabilité individuelle comme collective. Or pour qu’il y ait responsabilité il est nécessaire que chacun ait un accès réel à l’exercice de ses droits.
Il est par conséquent impossible de se soucier de l’avenir de la planète et notre espèce sans protéger et garantir les droits des individus qui la composent. Aussi, si l’on pense une nouvelle ontologie de l’homme dans une société inédite alors on pense différemment l’accès aux droits afin d’en assurer la possibilité. L’écologie n’est alors pas individualiste ou collectiviste elle est les deux car elle préserve les individus pour leur offrir l’opportunité d’être au service d’un collectif et de la communauté. Elle s’oppose de fait directement au capitalisme qui brime les individus et créé ainsi des égoïsmes par la privation d’un accès aux droits.
Ce combat a pour principe fondateur et comme finalité de lutter contre les discriminations, validisme et psychophobie comprises. Rappelons que le handicap est la première discrimination en France, cela doit donc être une priorité pour un projet écologique de transformation de la société.
C’est d’ailleurs tout l’intérêt d’interroger l’universalisme actuel qui est devenu un universalisme normatif qui uniformise au profit d’un universalisme particulariste qui prend tout son sens dans un projet écologiste où l’anthropocentrisme n’existe plus. Paradoxalement, pour que chaque individu soit reconnu il convient que l’homme ne soit plus central mais compris dans un environnement où il fait partie, il prend part, et participe de façon entière et reconnu à sa préservation et son épanouissement. Si l’écologie défend la biodiversité, l’écologie politique défend également la diversité des individus et la neurodiversité. La préservation des droits et la garantie de l’épanouissement de chacune et chacun en sont des conditions.
De fait si l’écologie politique est anticapitaliste elle est aussi profondément démocratique.
Une remise en cause du capitalisme et de l’utilitarisme
Actuellement, le contrat social est un contrat économique. Plus on est utile au sens économique du terme, selon des critères définis par une élite économique, plus nos droits sont accessibles. Moins l’on est utile, plus l’on est marginalisés. C’est la raison pour laquelle le validisme est un utilitarisme qui ne dit pas non nom et le modèle social du handicap l’outil institutionnel qui exclut les personnes qui ne rentrent pas dans le cadre d’une utilité économique à première vue.
Il est primordial pour tout projet écologiste de remettre en cause l’utilitarisme qui règne en moteur principal du capitalisme. L’individu, la personne, la citoyenne ou le citoyen, n’est pas utile ou inutile, il n’est pas quantifiable et sa qualité intrinsèque n’est pas évaluable. C’est un principe essentiel pour lutter contre le validisme. Il n’existe pas de hiérarchie des individus selon l’utilité que tel ou tel se voit attribuer, ou de valeur autre que d’être une personne à part entière.
Aussi l’écologie doit être politique. Car l’écologie est un moyen de réintroduire du pouvoir politique dans une société devenue surtout une société économique dont la politique est un dispositif de gestion.
L’écologie doit donc rétablir un projet politique consistant, reposant sur les droits des individus, sur une égalité réelle, et sur un renforcement de la citoyenneté. C’est à ce titre que les citoyennes et citoyens pourront influer sur leur environnement de façon vertueuse.
Et c’est à ce titre que le contrat sera à nouveau un contrat social.
Un retour au libéralisme
le libéralisme, originellement, est la préservation des libertés individuelles et la reconnaissance que tout individu mérite d’exister pleinement au sein de sa communauté, d’une société. Perverti par l’utilitarisme et la contractualisation des relations, ainsi que par le capitalisme qui a engendré une marchandisation des individus, le libéralisme, devenu néo libéralisme a atrophié les droits des individus et restreint leur émancipation.
L’écologie politique, par une réaffirmation de la place de l’individu, par l’importance de son épanouissement au sein de de la communauté réintroduit un libéralisme non marchand et pleinement politique. Ce libéralisme permet un cadre qui redéfinit le champ des relations sociales en replaçant l’espace public comme lieu primordial de débat et d’échanges pour tous.
L’accessibilité universelle à cet espace est donc un prérequis. Et ces éléments réunis seront un puissant outil de renforcement de la démocratie.
L’on ne peut penser l’écologie sans la qualifier de politique. Sinon, elle ne peut exister ni prendre une forme conforme à ses principes. On ne peut penser l’écologie sans la qualifier de sociale, sinon elle ne pourra être réalisée pour toute et tous et sera caduque. On ne peut penser l’écologie sans la qualifier de philosophique car sa conceptualisation est liée à la re-conceptualisation d’une ontologie, d’une métaphysique mais également d’une éthique. Parce que l’écologie rebat les cartes quant à notre rapport au vivant et à notre environnement elle est l’opportunité, la seule opportunité de définir d’une nouvelle façon nos principes premiers et nos concepts.
Elle est donc la seule à même de lutter contre les discriminations et donc le validisme.
En étant le terreau d’une démocratie renforcée, elle garantira un accès réel aux droits et une égalité concrète.
En étant le creuset d’un libéralisme émancipateur elle engendrera une citoyenneté qui épanouit et émancipe.
En étant le moteur d’une réintégration de l’individu comme personne pleine et entière, elle permet la reconnaissance de toutes et tous, sans exclusion.
Elle est alors un puissant déterminisme pour penser autrement les services publics, l’école, et les infrastructures afin qu’elles soient accessibles et au service de toutes et tous.
C’est finalement en préservant la nature et ce qui semble tel un préjugé comme extra sociétal que l’on peut affirmer un nouveau modèle de société qui conditionne l’avènement d’un universalisme qui en se contredit pas.
Aucune autre pensée, ne le permet. L’écologie politique est par conséquent la seule solution contre le validisme. Si l’écologie politique doit être à la hauteur de ces enjeux, c’est aussi la seule pensée qui peut être à la hauteur, la responsabilité est donc immense.