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Billet de blog 10 mai 2022

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Lettre à la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale

Cette lettre est à la fois celle du citoyen autiste du père d’enfants aux besoins spécifiques, du militant politique qui a soutenu Jadot, du cadre national politique de Génération.s délégué au handicap et à l’inclusion que celle du président de la Neurodiversité France. Elle est un appel à ce que la gauche soit de gauche.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cette lettre est à la fois celle du citoyen autiste du père d’enfants aux besoins spécifiques, du militant politique qui a soutenu Jadot, du cadre national politique de Génération.s délégué au handicap et à l’inclusion que celle du président de la Neurodiversité France.

Cette lettre est un cri du cœur autant qu’une injonction éthique, elle est la démonstration d’un désespoir mais aussi d’une colère partagée par des milliers de personnes.
Elle est un appel à ce que la gauche soit de gauche.

Une gauche non seulement dans sa forme mais aussi dans ses idées, ses principes.

Depuis des décennies, sans qu’il y ait une nécessité à plonger dans l’histoire politique de la gauche française, la question du handicap et de l’inclusion est écartée, mise sous le tapis, jugée secondaire.

Sans non plus entrer dans une étude approfondie d’une histoire des sociétés occidentales, les personnes en situation de handicap furent constamment, exclues, marginalisées, et les exactions dont elles furent victimes, minimisées. Pour exemple, nous avons commémoré le 8 mai il y a peu et les crimes du nazisme sur les personnes en situation de handicap sont rarement abordés.

Existe-t-il un lien entre cette exclusion historique par nos sociétés, et l’exclusion programmatique, l’exclusion de cette question dans les projets de société de la gauche ?

La causalité sera difficile à démontrer, et sa démonstration n’est pas nécessaire pour que des solutions existent. Intégrer le sujet du handicap comme sujet transversal à toutes les propositions programmatiques et toutes les thématiques du projet de société de la gauche est une solution intéressante. Car le sujet du handicap est bel et bien un sujet qui traverse tous les autres et qui permet un enrichissement de l’analyse des sujets concernés. Comment construire un logement pour toutes et tous, une école pour toutes et tous, garantir l’emploi, une protection sociale universelle etc. Ce qui fait la condition d’existence même de la gauche : permettre  à tout le monde d’être intégré dans ce projet de société de façon épanouissante et désirable.

La NUPES signe le renouveau d’une gauche forte, conquérante, qui n’a plus peur de ce qu’elle est, de ce qu’il faut qu’elle soit pour accéder au pouvoir, et n’a donc plus de complexe à exprimer ses idées. Elle doit donc réussir ce que la gauche a échoué depuis longtemps : permettre à tout le monde d’être intégré dans ce projet de société de façon épanouissante et désirable.

Au lendemain d’une présidentielle où mon parti a soutenu Yannick Jadot, qui malgré un bon programme sur le sujet du handicap et de l’inclusion n’a rien voulu en dire tournant le dos à 23 millions d’électrices et d’électeurs potentiels, ne se donnant même pas la peine d’accorder de l’attention au Handébat, ou Jean-Luc Mélenchon mettant de côté les condamnations de l’ONU sur l’enfermement des personnes en situation de handicap, le silence de Roussel sur cette question, celui d’Hidalgo, ont sonné le glas des espoirs de millions de personnes concernées. La gauche et les écologistes ne nous représenteraient toujours pas. Un comble pour cette gauche qui prétendait avoir compris.

De fait, la NUPES ne doit pas non plus représenter les comportements de la présidentielle, celui de la désunion est acté, mais aussi celui qui consiste à passer sous silence des combats qui seraient moins porteurs médiatiquement ou qui semblent, à tort, moins porteurs électoralement. Pour éviter cela, il est urgent d’intégrer les personnes en situation de handicap dans les réflexions programmatiques sur le sujet, mais également de les mettre en lumière dans les exécutifs des formations politiques. Car intégrer tout le monde dans un projet c’est une chose, les intégrer en actes est aussi primordial. Pour l’instant  ce n’est pas vraiment le cas.

De même, il est urgent de ne pas se saisir d’une seule problématique concernant les personnes en situation de handicap pour s’offrir une apparente bonne conscience comme ce fut parfois le cas avec la déconjugalisation de l’AAH. L’handiphobie, le validisme sont des discriminations systémiques et la réflexion sur le sujet doit avoir pour unique objectif un bouleversement du système. C’est à cette unique ambition que la NUPES doit se tenir pour exister durablement.

Cette réflexion doit s’accompagner d’un profond questionnement des paradigmes et des concepts actuels car ce sont ces concepts qui entérinent la discrimination contre les personnes en situation de handicap. Questionner la norme, la notion de validité, d’accessibilité, d’inclusion et même celle du handicap est un impératif

Les législatives arrivent et le temps presse. Evidemment, le travail philosophique ne sera pas fait avant et si appel il doit y avoir, c’est au moins celui consistant à exhorter la gauche à  parler du handicap pendant ces élections, que chaque candidat dans chaque circonscription s’en fasse l’écho rugissant et s’engage à porter ces combats à l’Assemblée Nationale une fois élu. Beaucoup de personnes en situation de handicap ont une multitude de propositions et ne demandent qu’à être écoutées. En voici quelques-unes que beaucoup de personnes expriment. Il peut y avoir un débat autour de certaines d’entre elles et je souhaite un jour que ces débats aient lieu, cela permettra un enrichissement collectif certain :

Education

Fin des ULIS et professeur spécialisé

Il s’agit d’arrêter un dispositif qui perpétue une marginalisation des enfants en situation de handicap et de se baser sur le modèle italien consistant à accepter tous les enfants au sein d’une même classe et à y adjoindre un professeur spécialisé lorsqu’un ou des enfants en situation de handicap sont présents dans la classe. Les AESH demeurent les aidants scolaires, le professeur est en charge de la pédagogie et de l’apprentissage. L’inclusion est optimale, les résultats en Italie sont d’ailleurs supérieurs à ceux de la France pour un budget similaire.

Réforme des AESH

tient en quatre points :

- Statut de fonctionnaire

- formation continue

- augmentation de la rémunération

- individualisation systématique : fin du système PIAL qui mutualisait les AESH sacrifiant les enfants comme les conditions de travail des AESH

LSF

La Langue des Signes Français est un vecteur de lien social et de communication très important, c’est de plus une langue vivante avec une culture riche. Il s’agit ici de proposer que son enseignement soit obligatoire dès le CP au même titre que les langues étrangères.

Revenir sur la demande d’autorisation pour l’IEF si enfant en situation de handicap.

La loi séparatisme a transposé la simple déclaration d’Instruction en Famille en demande d’autorisation ce qui transgresse la liberté du choix de l’instruction par les parents. Il convient de proposer à ce que les familles qui veulent instruire par elles-mêmes les enfants en situation de handicap accèdent de nouveau à un modèle simplement déclaratif.

Emploi

Accroître les amendes si non-respect des quotas.

Actuellement les entreprises sont astreintes à être constitué d’un effectif dont 6 % des salariés ont une RQTH. Les entreprises préfèrent pour beaucoup payer l’amende que de procéder à des recrutements en adéquation avec ce quota. Il est nécessaire d’augmenter les amendes de manière drastique pour que la somme devienne fortement incitative.

Formation gratuite à vie et accès simplifié pour les personnes en situation de handicap.

La formation professionnelle est difficilement accessible pour les personnes en situation de handicap, en raison du manque d’adaptation des formations mais également car elles ne sont pas totalement gratuites. Il convient qu’elles soient gratuites à vie, et qu’un conseil individualisé permette de simplifier les démarches.

Réforme des ESAT : statut de travailleur et smic net minimum.

Présentement, les personnes en situation de handicap qui travaillent en ESAT n’ont pas le statut de travailleur et sont ne sont donc pas rémunérées à hauteur du SMIC. C’est une discrimination qui ne peut être tolérée, il convient donc de reconnaître le statut de travailleur en ESAT et que le SMIC net soit la rémunération légale minimale.

Logement 

Fin de la loi ELAN

La loi ELAN de 2018 a réduit le nombre de logements qui devaient respecter les conditions d’accessibilité. Il convient de revenir à la loi votée sous Hollande pour garantir un accès à des logements adaptés pour toute personne en situation de handicap.

Social 

Déconjugalisation de l’AAH : permettre aux personnes en situation de handicap d’être indépendants et de bénéficier d’une aide qui soit cohérente en fonction de leurs besoins propres.

Augmentation de l’AAH afin qu’elle soit supérieur au seuil de pauvreté.

Augmentation de l’AEEH pour qu’elle compense réellement les dépenses supérieures conséquentes des spécificités de l’enfant.

Augmentation de la pension d’invalidité pour avoir au minimum un smic net.

Dans sa philosophie première, la pension d’invalidité est la reconnaissance de l’incapacité de la personne victime d'un accident ou d'une maladie non professionnelle de continuer à exercer son travail. Bien que cette incapacité soit effectivement reconnue par la Sécurité sociale et compensée par une pension, son montant et les modalités de cumul avec l’Allocation supplémentaire d'invalidité (ASI) et l’Allocation aux adultes handicapés (AAH) placent de nombreuses personnes en situation de handicap dans des situations de fragilité économique avec des revenus inférieurs au seuil de pauvreté, malgré leur incapacité reconnue à exercer un métier rémunéré. Il convient à garantir que la pension d’invalidité ne puisse être inférieure au montant du SMIC net.

Réforme du statut d’aidant familial :

Reconductible sans limite et augmentation des indemnités journalières.

Proposition d’une assistance sociale pour les démarches administratives et l’organisation.

Services publics et démocratie

Accessibilité universelle 

Réforme des transports afin de rendre accessible et gratuit l’espace public.

Réforme de l’urbanisme afin que toute construction de voirie tienne compte d’une accessibilité intégrale.

Grand plan de transformation des espaces culturels et sportifs afin de garantir l’accessibilité complète.

Diffusion de l’information d’utilité publique (politique, administratif, culturel, légal etc) en FALC.

Lutte contre la fracture numérique.

Introduction d’un quota de personnes en situation de handicap dans les instances dirigeantes de parti politique, d’associations et dans le cadre d’élections.

Il existe uns sous-représentation des personnes en situation de handicap dans les instances des associations politiques, renforcée par une absence de candidatures lors des élections. Il convient de légiférer afin d’introduire un pourcentage obligatoire de personnes ne situation de handicap dans les instances et dans les candidatures dédiées à toutes les élections politiques.

Réforme du droit de vote

En 2018 Emmanuel Macron a réformé le droit de vote permettant aux personnes sous tutelle ou curatelle de voter sans intervention du juge.

Le code électoral doit être réformé pour permettre une aidance lors du vote.

La formation citoyenne doit être garantie.

Les bureaux de vote doivent être accessibles et l’information claire.

Ce sont des exemples de propositions, il en existe une multitude d’autres et elles doivent elles aussi être défendues. Mesdames et Messieurs les candidats, sortez du chemin balisé qui conduit régulièrement à ne vous occuper que des sujets médiatiques et rappelez vous la première mission d’un militant de gauche : participer à intégrer tout le monde dans le projet d’une vie meilleure.

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