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Billet de blog 12 avril 2022

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Lendemains d’élections

Il y a tellement à dire, à regretter, et si peu à espérer désormais. Tellement de compromis, de choses parfois contradictoires à accepter en cinq ans. C’est difficile d’avoir une analyse purement rationnelle et je ne suis pas certain que ce soit souhaitable. Je crois que j’ai besoin d’écrire ce que je pense en cet instant T, une façon d’assumer jusqu’au bout, et d’être transparent.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a tellement à dire, à regretter, et si peu à espérer désormais. Tellement de compromis, de choses parfois contradictoires à accepter en cinq ans. C’est difficile d’avoir une analyse purement rationnelle et je ne suis pas certain que ce soit souhaitable. D’aucuns, de l’Union Populaire dont j’ai reçu des appels téléphoniques très inamicaux, me diront de baisser la tête et de me taire. Je crois que j’ai besoin d’écrire ce que je pense en cet instant T, une façon d’assumer jusqu’au bout, et d’être transparent.

Il y a cinq ans, le M1717 était créé, et cela marquait la fin de ma courte aventure avec le Parti Socialiste. Il y a quatre ans Génération.s prenait forme. Et il y a trois ans, bientôt quatre, j’intégrais le collectif national de ce mouvement que j’aime tant. C’est un vrai amour que je ressens pour cette formation politique, j’y ai grandi en tant que militant puis cadre, j’y ai rencontré des amis, je crois que c’est réciproque, et j’ai pu porter mes idées sur le handicap et l’inclusion pour que ce sujet devienne important. Au niveau local, j’y ai aussi fait de très belles rencontres, et je remercie chaque jour mes amis du comité Vitrolles pour leur présence.

Génération.s devait réussir l’union de la gauche autour de l’écologie sociale et politique, afin de ne pas revivre 2017. l’honnêteté impose de reconnaître que nous avons échoué. La fondation des premières pierres sera restée un chantier inachevé dont seules les promesses préfiguraient d’une maison aboutie.

A titre personnel j’ai échoué aussi. J’ai voulu porter le sujet du handicap de façon transpartisane. Cela n’intéressait personne.

J’ai souhaité qu’on travaille tous de façon collégiale pour arriver à un programme commun.

J’ai voulu qu’on refasse la gauche plurielle.

Et on en est là. A s’insulter entre camarades, et à laisser toute une population dans une détresse totale.

On sera peu à le faire. Mais moi j’y tiens.

Je vous présente mes excuses. A toutes et tous.

Pas parce que je suis responsable des échecs de la gauche mais parce que ma contribution a eu un rôle même petit dans cet échec. Manifestement, nous sommes tous responsables donc c’est aussi mon cas.

Je pourrais dire que j’ai ardemment attendu que la France Insoumise nous propose de construire quelque chose avec elle plutôt que derrière elle en 2017. J’attends toujours cela en 2022, leur responsabilité est à la hauteur de leur score admirable pour cette élection présidentielle.

Je pourrais dire que j’aurais souhaité que les formations de gauche se parlent à défaut de s’entendre.

Je pourrais dire beaucoup de choses et la plupart serait des regrets.

Je fais partie des précaires, qui vont souffrir avec Macron. Ma famille est une famille nombreuse qui va souffrir avec Macron. Je suis autiste, mes enfants ont leurs particularités, nous allons souffrir avec Macron. Je vais quand même voter contre Le Pen. Car des amis encore plus discriminés que moi paieront le prix fort de l’élection de Le Pen à la présidence. C’est mon choix, je n’appelle à rien. Et étant cadre d’un parti, étant en partie responsable de l’échec, c’est mon devoir d’assumer.

Cependant.

J’aimerais qu’on cesse l’hypocrisie générale.

Vraiment.

Je ne suis pas un professionnel de la politique, je n’ai pas de mandat et la seule chose que je gagne, c’est d’y perdre du temps.

J’aimerais qu’on interroge les causes de cet échec. Plutôt que de faire une analyse uniquement sur les effets ou conséquences.

J’aimerais qu’on cesse la chasse aux sorcières. J’ai pas d’ennemi à gauche, juste des amis, et des adversaires à droite, et des ennemis à l’extrême droite.

On n’a pas assez travaillé. Les partis, les politiques, on a manqué de rigueur pour offrir une nouvelle philosophie, une vision du monde. Nous avons de bons programmes qui sont les révélateurs de nos désaccords, il manque une philosophie commune qui marquerait l’importance de nos accords.

On a cru, à tort, que de faire de nouvelles choses avec les mêmes logiciels, dispositifs, pratiques, fonctionnerait. On a eu tort.

Mais les électeurs ont leur part de responsabilité dans ce tort. Lorsque nous agissons autrement, que nous faisons des choses nouvelles, alors cela nous est reproché, quand nous organisons des pratiques traditionnelles nous sommes jugés dépassés. Ce paradoxe nous emprisonne et je rêve d’un parti qui proposerait quelque chose parce qu’il y croit et non parce que les électeurs le demandent. Jusqu’à ce que cela devienne une évidence.

Les médias également. Quand, lors d’une élection, il n’est question que d’immigration et d’insécurité, pour si peu de mise en lumière sur le climat, les solidarités, l’emploi il convient de ne pas être étonné que l’extrême droite soit si forte. N’oublions pas que les régimes extrémistes s’installent quand les médias ne sont plus un contre pouvoir. Peu de journaux demeurent ce contre pouvoir. Jacques Bouveresse en faisait une analyse pertinente, elle est encore plus vraie désormais.

Notre démocratie est sclérosée, et l’extrême droite en est la manifestation. Les campagnes n’intéressent plus personne, ce qu’il se passe à l’Assemblée et au Sénat non plus, les formations politiques sont désertées, et l’espace public n’est plus un lieu de débat et de lien social.

Il demeure les réseaux sociaux, les associations, qui peuvent générer de l’action quotidienne.

Ce qui est mort ce dix avril, ce n’est pas la gauche, ce n’est pas l’écologie, c’est l’espoir d’un retour du politique dans l’espace public, du questionnement de l’intérêt général, de ce que l’on peut faire ensemble pour aider chaque individu à s’épanouir.

Le constat est clair si l’on demeure dans l’analyse des résultats. L’Union populaire est la force leader de la gauche. De façon incontestable.

Ce serait malhonnête de dire l’inverse. De fait il nous incombe d’écouter les citoyennes et citoyens. De respecter ce qu’ils ont voté. Et je pense qu’il faudra être attentif aux possibilités de travail collectif. C’est un impératif.

A titre personnel, il est venu le temps de la réflexion sur les suites à donner à mon engagement. Je suis président d’une association magnifique à qui je dois de donner beaucoup d’investissement personnel car les membres le méritent et les idées aussi.

Je ne quitte pas l’action politique. Mais je ne sais encore quelle forme elle prendra dans les temps futurs. Je crois que toutes les personnes responsables des échecs de cette élection se doivent cet examen de conscience.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.