Les partis, de gauche notamment, ne le voient pas.
Pourtant, depuis quelques mois, quelque chose frémit dangereusement. Quelque chose qui s’illustre par deux manifestations. Ce « quelque chose», c’est la montée de l’extrême droite dans le milieu du handicap, les associations, mais également les militants. Illustré par la reprise de l'idéologie extrémiste par des associations désespérées, ou non, et par l'entrisme des réseaux d'extrême droite.
Une montée qui trouve ses racines dans trois faits majeurs.
Le premier est la crise COVID.
Pendant cette crise, les personnes en situation de handicap ont été abandonnées, certaines ont été triées à l’hôpital du seul fait de leur situation de handicap.
Si tout le monde était astreint à domicile, ce qui est le quotidien de beaucoup de personnes dont l’accessibilité n’est pas garantie, l’exclusion sociale, économique, sanitaire fut cette fois totale, et ce, dans une totale indifférence des pouvoirs publics.
Le deuxième fait, est l’élection présidentielle et les mandats d’Emmanuel Macron. Les deux sont liés.
Le président Macron avait fait du handicap en général, de l’autisme en particulier une cause nationale lors de son premier mandat, priorité qu’il réitéra pour son second mandat. Pourtant, jamais les personnes en situation de handicap n’ont été autant trahies. Par la loi Elan, par exemple, par une inclusion sans moyens, par le rejet pendant cinq ans de la déconjugalisation de l’AAH, par la loi séparatisme qui restreint l’accès à l’Instruction En Famille, par des chiffres toujours mauvais au sujet de l’emploi, et par l’absence de progrès au sujet de l’accessibilité universelle. Pire, les personnes en situation de handicap, leurs aidants, et les personnels dédiés sont toujours plus pauvres, toujours plus exclus.
Ces personnes attendaient un réveil de la gauche ou même de la droite républicaine, cette même droite toujours fière de la loi de 2005, loi qui n’est pas appliquée et qui demeure faible dans les engagements.
Il n’en a rien été. Jadot a caché son ambitieux programme sur le sujet, n’allant même pas au Handébat 2022, Jean Luc Mélenchon a rejeté les condamnations de la France par l’ONU, pourtant légitimes, et le PS fut inaudible. Comme le PC.
A droite, ce fut le même triste spectacle.
Macron, alors réélu, peut librement continuer sa comédie sur ses sujets, mentir, sans que cela n’indigne qui que ce soit.
Les associations sont épuisées, les militants dégoûtés et leurs ambitions fragilisées par un manque de moyens constant.
Le troisième fait rejoint ce qui a été mentionné précédemment. Le paysage politique républicain a déçu, trahi, blessé les personnes en situation de handicap depuis des décennies. Parce que peu d’élus nationaux, et peu de partis se sont battus pour leurs combats, pour leur respect, pour leurs accès aux droits, alors ces personnes tournent petit à petit le dos au milieu politique. Dans le moins mauvais des cas.
Dans le pire, il sera écouté le seul recours qui n’a pas été essayé. Celui de l’extrême droite.
Un recours dangereux, mais quand le désespoir est permanent alors le danger devient secondaire.
Et l’on voit des responsables associatifs déplorer alors que des personnes en situation de handicap sont pauvres en comparant cette situation à l’immigration, ou à la guerre en Ukraine.
Et l'on voit, des alliés autrefois, reprendre les fakes news d'extrême droite pour lutter contre notre accès aux droits.
Et l’on voit alors des élus du Rassemblement National visiter des associations et obtenir un accueil positif.
Et l’on voit des personnes qui votaient à gauche, se réfugier dans un vote Le Pen.
Et l’on voit des réseaux du RN répondre favorablement à ce désespoir.
On voit les cafés Joyeux financés par l’extrémisme catholique devenir un idéal.
Que faire alors ?
Arrêter la gangrène.
Pour ce faire, les partis républicains doivent absolument écouter les personnes concernées et les associations afin de porter des lois et porter le combat pour que la société change et cesse l’exclusion systématique et le validisme institutionnel des personnes en situation de handicap.
Afin que les personnes qui sont dans cette situation puissent sortir de la pauvreté, que leurs droits soient préservés.
Nous intégrer dans le débat public, dans les partis, dans les cercles de décision, les rédactions de projets, de programmes électoraux.
Enfin, cesser les silences gênants et les indifférences nourries.
C’est comme cela qu’on lutte contre l’extrême droite. C'est un appel, un appel au secours, car nous sommes peu d'associations et peu de militants en capacité de lutter contre ce phénomène.