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Billet de blog 13 novembre 2022

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Misère sociale et handicap

Ce n’est pas une grande théorie, ni une démonstration argumentée d’un politique que l’on peut lire à l’envi sur les blogs. C’est un coup de gueule et un témoignage d’une famille abîmée et de parents cassés.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce n’est pas une grande théorie, ni une démonstration argumentée d’un politique que l’on peut lire à l’envi sur les blogs. C’est un coup de gueule et un témoignage d’une famille abîmée et de parents cassés.

On est en novembre. Le mois de septembre est passé, celui cruel de la rentrée où les dépenses sont énumérées à l’infini. Il a fait mal ce mois de septembre. Tous les mois font mal mais celui-là davantage encore.

On est une famille, un couple marié depuis une dizaine d’années et quatre enfants. Trois sont autistes, notre quatrième étant trop petit encore pour être potentiellement diagnostiqué.

Parce que l’école ne peut accueillir tout le monde, parce que l’école, avec AESH, puis en ULIS a échoué, notre fils aîné est en Instruction en Famille, seul moyen de lui apprendre à lire, écrire et compter.

La maman a du arrêter de travailler, par conséquent. Elle ne s’en plaint pas, son métier d’infirmière de nuit la brisait. Les patients qui l’insultaient, la hiérarchie qui se fichait d’elle, son corps qui hurlait. Mais bon elle est devenue infirmière de son fils. Elle essaye de rester maman, elle l’aime profondément et ne veut que son bien. Le CNED l’aide à transmettre des connaissances. Les supports sont bons.

Seul le papa travaille, son métier est moins lourd, il peut supporter. Mais cela permet difficilement de payer les factures. Car il a fallu faire des dossiers MDPH qui mettront des mois à peut être délivrer une AEEH (Aide Education Enfant Handicapé) salutaire. Seul le plus grand est connu de la MDPH mais les trois plus grands enfants ont des soins. Plusieurs centaines d’euros par mois.

S’ajoutent à cela le logement, cher et trop petit, la bouffe, chère et peu appréciable. Finalement le découvert dès le 5 du mois est habituel.

C’est une famille qui est au courant du réchauffement climatique, elle essaye, mais elle n’a juste pas d’argent pour éviter le supermarché, pour éviter de rouler au diesel, et locataire, elle ne peut rien isoler dans son logement.

C’est une famille comme des milliers en France. La situation de leurs enfants n’est pas le problème, la société inadaptée est le problème. Une MDPH qui met des mois à statuer, une école excluante qui a failli, des dispositifs pour accéder à une alimentation de qualité absents, des logements trop chers, ont raison de leur joie de vivre. Ce ne sont pas les enfants le problème, mais une société inique et discriminante.

Il n’est nullement question de culpabiliser les enfants, ou d’arriver à une attaque désespérée à leur endroit, mais d’une colère envers un Etat qui s’en fout, une société qui regarde ailleurs, et des familles qui se meurent d’être seules et sans solution.

Notre Etat a le devoir de ne laisser personne de côté. Or de plus en plus de familles vivent dans une misère économique et sociale.

Notre Etat a le devoir de considérer tout individu de façon égale. Mais les personnes en situation de handicap sont les plus discriminées, celles qui connaissent le plus le chômage, l’exclusion, le mal logement, la faim, la soif, la pauvreté, la souffrance, une vie de merde.

Mais les politiques s’en fichent. Pap Ndiaye, ministre de l’éducation assume que l’école ne puisse accueillir tout le monde et que l’Instruction En Famille soit de moins en moins accessible. Geneviève Darrieusecq se félicite que les entreprises « fassent des efforts » en ne voyant pas le taux de chômage et le nombre d’entreprises qui ne respectent pas le taux de 6 % de personnes en situation de handicap employées.

Olivier Dussopt qui parle sottement d’un plein emploi pour les personnes en situation de handicap alors que le taux de chômage rien que chez les personnes autistes est de 95 %.

Un ministre de la santé, qui s’en fout des fauteuils roulants non remboursés intégralement, des difficultés d’accès aux soins.

Un ministre du logement qui ne voit pas le souci de l’accès au logement.

Le gouvernement s’en moque.

Le Parlement s’en moque. Après tout, on a eu la déconjugalisation de l’AAH, de quoi nous plaignons nous ?

D’une AAH en dessous du seuil de pauvreté. AEEH trop basse, PCH également.

Les personnes en situation de handicap crèvent à petit feu et la France s’en moque. Pire, on peut les tuer et défendre le meurtrier.

La misère sociale commence toujours par l’absence de considération des personnes qui en sont victimes.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.