Ce n’est pas une histoire de départ. Ce n’est pas une tribune concoctée pour clamer son amour à quoi que ce soit ni expliquer les raisons d’un ralliement à une autre formation. L’envie de penser à haute voix en espérant qu’il y a peut être un écho avec le ressenti d’autres personnes, de Génération.s ou d’autres formations. C’est peut être aussi une confession. Sûrement.
La rentrée partisane, si j’ose dire, sera chargée. Il y a d’abord les journées des écologistes auxquelles je participerais avec plaisir, notamment un atelier sur le handicap auquel je vais peut être ou peut être pas, participer. Il y aura ensuite la fête de l’Humanité et notre convention. Tous ces événements auront lieu durant une rentrée sociale très chargée, en indignations légitimes, et en protestations nécessaires.
La convention de Génération.s va marquer un tournant car elle s’inscrit dans un contexte où la gauche est parvenue à s’unir, où le pôle écologiste est dans la situation qu’on connaît, et la gauche est dans un processus où l’on ne sait déduire ce qui est de l’ordre de la recomposition ou de la décomposition.
C’est l’occasion de jeter un œil dans le rétro, de faire le bilan et de s’interroger sur la suite à donner.
Cela fait cinq ans, depuis le M1717 que je suis adhérent de Génération.s. Auparavant plus proche du centre du PS, les idées véhiculées par Benoît Hamon m’ont rapidement convaincu et il suffisait des travaux de Dominique Meda notamment pour m’enjoindre à suivre Hamon dans son aventure.
Mon parcours personnel et celui des mes enfants me déterminèrent à m’engager politiquement sur les questions de handicap et d’inclusion, sujets qui convainquirent la direction de l’époque de me proposer cette mission au sein du Collectif National de Génération.s. Localement je continuai à être référent du comité Vitrolles.
J’avais à coeur de réconcilier le monde du handicap avec la gauche, d’être un autiste qui montre qu’on peut être autiste et s’impliquer en politique, de faire du sujet du handicap un sujet incontournable où Génération.s serait précurseur.
Finalement le bilan est mitigé. Beaucoup d’associations nourrissent une certaine confiance à dialoguer avec nous, chose qui n’existait pas auparavant. Nous avons porté des amendements au Sénat notamment sur les remboursements par la sécurité sociale, mais les rapports de force étant ce qu’ils sont ils n’aboutirent pas.
Au sein de Génération.s les mentalités ont un peu évolué sur le sujet et beaucoup de comités m’ont contacté afin que ce sujet soit notamment présent aux élections départementales. Pour finir le programme de Yannick Jadot, très inspiré sur ce sujet par nos idées, fut très radical et ce fut un bond en avant. Mais le candidat n’a pas été présent au Handébat et n’a pas fait montre d’une grande ferveur sur ces sujets.
Au sein de Génération.s cette radicalité n’a jamais pris forme ni dans les projets de société ni dans les arbitrages et s’il fut clamé à cor et à cris que nous voulions changer de système, nos positions furent malheureusement conservatrices sur le sujet de l’inclusion, que cela soit sur l’emploi, la culture, ou l’éducation, sur la désinstitutionnalisation ou l’accès aux pratiques démocratiques.
Je suis contre la médiatisation des conflits,ou des désaccords internes à un parti. Et je ne l’aurais pas fait de cette façon si cela ne faisait pas déjà plusieurs années que je demandais à être entendu sur ces questions que je pense vitales et dont on ne peut faire l’économie d’un changement de système radical surtout lorsque ce changement est proposé sur bon nombre d’autres sujets. Il serait alors possible de changer complètement de fiscalité mais de ne pas penser un autre modèle scolaire quand il y a une unanimité fervente à déclarer que le système actuel ne marche pas.
Génération.s a fait comme beaucoup d’autres partis de gauche dans son histoire, elle a sélectionné les radicalités qu’elle pouvait assumer et délaissé les autres, pourtant aussi nécessaires, ne permettant pas une cohérence globale sur le fond, un fond qui manquait de philosophie et de concepts laissant place aux éléments de langage.
Ce n’est pas la faute des militants. Les militants ont bossé, durement, ne ménageant pas leurs efforts, souvent de manière autonome et je n’ai que de l’admiration pour eux. Je les ai vu dans beaucoup de régions bosser, militer, aller à la rencontre des citoyens, innover. Ils ont ma gratitude car je ne crois pas que je serais resté si longtemps sans leur courage.
Et maintenant ?
J’ai toujours dit que je serais mobilisé pour ce mouvement tant que je pensais que je pourrais faire évoluer le sujet du handicap et de l’inclusion afin qu’il soit considéré comme il se doit. Je ne sais si je suis arrivé au bout de ce cheminement. Je ne sais non plus quel autre parti pourrait faire mieux sur ce sujet. Ou permettrait de le faire, en donnerait les moyens.
La future convention devra acter une profonde évolution dans les pratiques, dans l’organisation et le choix des priorités sinon les réponses seront faciles à déduire. La priorité mise sur les Solidarités, toutes, sans exceptions, sur le pluralisme des idées permettant que Génération.s mérite précisément ce « S ». Sinon il n’y aura que tristesse et une certaine résignation.