Ce sujet concerne 12 millions de personnes directement en France et 23 millions si l’on additionne les personnes concernées indirectement (familles, aidants, professionnels).
Depuis 2018, en droit, tout citoyen peut voter. Ce n’était pas le cas avant, beaucoup de personnes en situation de handicap devaient passer devant le Juge des Affaires Familiales.
La gauche, malgré le succès de la NUPES, plafonne à 25 % des votants et n’arrive pas à attirer les abstentionnistes.
Les personnes en situation de handicap font partie de manière importante des abstentionnistes. Souvent déçes, beaucoup caution, souvent manipulées à des fins électoralistes, peu de formations politiques ont proposé un programme sincère et une considération réelle pour placer les sujets primordiaux pour les citoyennes et citoyens en situation de handicap en priorité. Pourtant 74 % des personnes en situation de handicap, en 2022, considèrent que les questions liées à leurs spécificités sont prioritaires dans leurs réflexions.
Il y a donc un constat clair. Stratégiquement, la gauche a tout intérêt à se saisir de ces questions, grand parti, comme petite formation politique. Il est donc nécessaire pour ces formations, si elles disent vouloir réellement conquérir le pouvoir, et si elles veulent réellement lutter contre l’abstention, de construire un projet de société qui intègre les besoins des personnes en situation de handicap.
C’est aussi un devoir moral.
Toute formation politique qui se dit de gauche, qui l’affirme, doit respecter les principes fondateurs de la gauche. Parmi ces principes, défendre ceux qu’on n’écoute jamais, être solidaire de celles et ceux qui en ont besoin, faire en sorte que la société permette le bonheur de toutes et tous, garantir une justice sociale.
La gauche en a t-elle les capacités ?
La question est complexe. On a vu lors de l’élection présidentielle que la gauche aussi radicale soit elle, n’arrivait pas à penser autrement ce sujet que d’une manière validiste, pro-institutionnalisation, et médico-sociale.
On a vu Mélenchon remettre en cause la légitimité de l’ONU à condamner la France pour son modèle fondé sur la mise en institution, on n’a pas vu le Parti Socialiste dérouler une pensée construite sur le sujet, pas davantage le Parti Communiste, et le candidat écologiste avait un programme réfléchi sur le sujet, qu’il se garda bien de défendre.
2022 fut un fiasco pour ces combats et ces luttes. Et lorsque l’on est concerné, on ne peut qu’être déçu, dégoûté et finalement regarder ailleurs les jours de vote, ne pas regarder du tout, aussi.
La gauche peut pourtant y arriver.
Si elle assume qu’elle ne comprend pas ce sujet et qu’elle doit laisser les personnes concernées leur exposer quelle société permettrait à toutes et tous de vivre dignement. Si elle arrive enfin à considérer que les spécificités des personnes ne sont pas le problème, mais bien la somme des obstacles érigés par une société inadaptée.
Si elle assume que le vrai universalisme, c’est l’accès réel aux droits de toutes et tous, non une égalité de principe qui ne prend pas en compte l’unicité des individus.
Comprendre que l’universalisme ce n’est pas l’uniformisation, et que les droits ne doivent pas être fixés par des principes normatifs mais philosophiques et pragmatistes.
La gauche doit considérer que l’inclusion, ce ne sont pas des endroits à part pour certains et le reste de la société pour toutes les personnes conformes. Ce n’est pas une société où l’on marginalise des gosses « pour leur bien » les conduisant une fois adultes à être totalement exclus.
La gauche doit considérer, que lorsqu’un enfant autiste est tué par sa mère, ce n’est pas la mère qu’on doit plaindre, mais la victime, et que le système doit empêcher cela et changer.
La gauche doit enfin être réellement humaniste, considérer chaque personne comme incarnant l’humanité dans son entièreté, devant être protégée et garantir les conditions de son épanouissement.
La gauche de fait, doit repenser l’école autrement, pas uniquement selon les besoins des professeurs (nécessaires cependant) mais selon les aspirations de TOUS les enfants.
La gauche ne doit pas penser le logement uniquement d’un point de vue économique mais aussi social.
La gauche ne doit pas penser la santé d’un point de vue uniquement médical.
De même il n’y a pas la valeur travail ou le droit à la paresse, mais l’activité et le choix de libre activité.
Il n’y a pas le handicap mais des personnes en situation de handicap qui veulent vivre pleinement et qui en ont le droit.
La gauche doit désormais se battre contre le validisme, la psychophobie, les discriminations systémiques.
La gauche doit se battre pour la diversité, la neurodiversité, l’accès aux droits adaptés pour toutes et tous.
Ne pas s’y consacrer c’est être condamné à ne jamais gouverner. C’est désormais un sujet transversal, primordial, prioritaire.