Préambule nécessaire : ne vous sentez pas agressés individuellement, il s’agit de critiquer un système, de poser une analyse sur des groupes non des individus.
Trop c’est trop !
Une enfant à Val de Reuil fait l’objet d’une marginalisation. Cette enfant en situation de handicap se voit refuser une intégration en classe ordinaire, demande exprimée par la famille. Cette enfant est depuis villipendée par le maire de la commune, par le corps professoral et l’Education Nationale au même titre que la maman.
Cette situation, peu importe la véracité des versions, sacrifie encore l’enfant. A la fin, l’enfant est perdant.
Petit brulôt sur la situation de l’éducation en France
En France, on vit une crise de l’éducation. Bon, on dit que c’était mieux avant, mais on retrouve des ouvrages des années 1960 qui mentionnent déjà une crise de l’éducation.
Cette crise peut s’ancrer sur plusieurs aspects : type de pédagogie, type de rythme, programmes, effectifs, moyens, quel enfant pour quel accueil etc.
Les causes ne sont jamais pointées, seuls les modes de fonctionnement sont analysés. Et ce, dans un consensus manifeste de tous les acteurs afin de ne pas lever de tabou. Ce n’est pas la description d’un complot, c’est simplement une des raisons qui fait que le système scolaire qui est décrié chaque jour, de chaque mois de chaque année depuis des décennies reste tel qu’il est.
Quelles sont les causes ?
Les causes de la crise de l’éducation sont dans la définition même de l’éducation en France.
En France, et ce grâce ou à cause de Condorcet et de Ferry, on considère que l’école instruit, les parents éduquent. Comme si la frontière était si claire. Par cette définition et cette répartition des rôles et des fonctions il a donc été conclu que l’école était un sanctuaire de la connaissance où l’éducation nationale avait toute légitimité et toute latittude pour dispenser des connaissances aux enfants.
Ceci a malheureusement conduit à une conséquence, les parents n’étaient plus nécessaires dans le dialogue de cette instruction. Ils ne le sont d’ailleurs toujours pas, et dans une grande majorité des cas les parents sont convoqués uniquement pour attester des résultats de l’enfant ou d’éventuels problèmes de comportements. Cela a conduit à une défiance de parents vis à vis de l’école ou à un désintérêt qui est fréquemment dénoncé par les enseignants.
Les parents quant à eux, sont pris en étau entre trois injonctions contradictoires : la responsabilité de choisir le mode de scolarité de l’enfant, celui de ne pas interférer dans le déroulemnt de l’activité en école, et de devoir rendre des comptes sur le comportement de l’enfant ou sur ses résultats.
Si chacune de ces injonctions est parfaitement cohérente prise isolément, elles sont délicates et demandent une énorme adaptation pour les parents quand elles se conjugent.
Le professeur est lui limité à un rôle d’instructeur qu’il doit cependant quotidiennement dépasser puisqu’il est aussi le garant de fondamentaux sur la vie en groupe, sur les activités collectives, sur l’organisation du travail, sur l’orientation scolaire, sur l’analyse des personnalités et des potentiels, sur le comportement social, le savoir-être etc.
Il participe également aux équipes éducatives.
De fait le professeur n’est pas uniquement un instructeur, c’est aussi un éducateur. Et la frontière entre éducation et instruction est donc superficielle pour ne pas dire hypocrite.
Mais cette frontière, en ne l’abattant pas est cause de beaucoup de problèmes :
- absence de formation pour les professeurs sur les sujets touchant à l’éducation.
- absence de dialogue permanent avec les parents
- absence de moyens pour assurer ces missions de l’éducation
- effectifs insuffisants.
- système sclérosé par des protocoles inadaptés.
Et le professeur doit souffrir de tout ceci. Les parents aussi. Et donc les enfants.
Dans un silence total. Avec une administration qui ordonne, juge, organise, saccage parfois.
Ajoutons à cela une pincée de capitalisme qui a dévoyé le rôle premier de l’école : former des citoyens, pour finalement former des travailleurs.
Ajoutons à cela une grosse louchée d’universalisme normatif (création de normes sur des notions universelles ce qui a pour conséquence de déclarer qui est conforme et qui ne l’est pas) qui est le premier déterminisme de l’exclusion.
Ajoutons à cela une pincée d’uniformisation des compétences et nous avons une disparition de la
reconnaissance de la diversité des potentiels.
L’utilitarisme allié au capitalisme, conduit nécessairement à un universalisme normatif et à une uniformisation des compétences.
Nous pourrions d’ailleurs interroger la notion même de réussite et de note mais cela a toujours été refusé par le corps professoral, donc mettons le sous le tapis. Aussi.
Seulement les professeurs n’y sont pour rien, ils ont une responsabilité dont ils ne sont pas responsables et ils sont coupables de leur innocence. Ces professeurs sont déterminés, et formés pour représenter et agir en fonction de l’organisation que l’Education Nationale décide.
Le libre arbitre professoral n’existe pas. Seulement si je dis cela, je vexe les professeurs, qui avoueront pourtant qu’ils ne décident de rien. Allez comprendre.
Les parents n’y sont pour rien. Enfin, ils décident de la scolarité de leur enfant, décident de leur éducation hors scolarité, décident d’à peu près tout, mais n’y sont pour rien.
L’État n’y est pour rien. Il organise, légifère, décide, structure, réprime, juge. Mais n’y est pour rien.
Personne n’y est jamais pour rien. Mais les gosses vont de plus en plus mal. Ils ne décident de rien pourtant mais cela doit être de leur faute. On leur prédit un échec scolaire, une crise sociale, du chômage, une crise climatique, des déboires sociétaux à gérer, qui sont antérieurs à leur exercice citoyen, et ils sont responsables de tout.
Si, si. Salauds de jeunes.
Enfin ce n’est pas tout à fait vrai. Les professeurs reprochent aux parents mille maux, les parents en font autant contre les profs, l’État s’énerve contre les deux, et l’Education Nationale continue de conduire des politiques iniques. Pendant ce temps, les enfants trinquent.
Il est temps de tout remettre à plat. Et de pousser un coup de gueule si nécessaire en s’inspirant du sujet sur le handicap. En effet, ce sujet est le révélateur, celui qui grossit les effets pervers du système et du comportement des acteurs qui en font partie.
Vous allez dire que c’est une obsession chez moi, mais ce qui est anormal est que ce ne soit pas une obsession pour vous. Une société humaniste ne doit-elle pas considérer tout le monde ? Une société humaniste ne doit-elle pas intégrer tout le monde ? Une société humaniste ne doit-elle pas garantir une éducation adaptée et épanouissante à tout le monde ? Alors pourquoi est il accepté par une grande partie de la société que des enfants, parce qu’ils sont différents puissent être exclus ?
Allons-y.
A l’école publique de la République française en 2023, nous avons trois dispositifs principaux d’accueil de l’enfant en situation de handicap pris en charge par l‘Etat.
Il y a d’abord l’éducation en classe ordinaire, avec ou sans AESH. Cela survient par un miracle où la situation de handicap de l’enfant est acceptée par l’école et/ou le professeur.
Il y a ensuite la classe ULIS. C’est une classe où l’on rassemble les enfants avec une spécificité. Pas toujours la même. Et où un projet pédagogique individualisé est mis en place. Cela sonne bien hein ?
Il y a finalement deux dispositifs hors curusus scolaire classique, d’un côté les IME qui sont des établissementes médico sociaux qui organisent théoriquement (j’insiste) des cours, et les SESSAD qui sont des services d’éducation par des professeurs au domicile de l’enfant.
Le dernier dispositif est celui dont l’État ne veut plus depuis la loi séparatisme : l’Instruction en famille.
L’inclusion scolaire tourne autour de ces dispostifs. On voit bien qu’il n’est pas du tout universaliste réellement, puisqu’il ne tient pas compte des particularités de chaque enfant, créant une rustine plutôt que de changer de système. Un vrai système universaliste, une vraie école pour tous, est une école qui structure sa pédagogie pour que tous les enfants apprennent selon les meilleurs conditions pour chacun.
De fait, une classe ULIS n’est qu’une classe à côté des autres enfants, avec un programme qui n’en est pas un. Dans les faits, c’est une salle d’attente en vue de l’IME puis de l’IMPRO puis de l’ESAT. C’est la première étape d’une exclusion ordinaire. Car c’est bien cela le mal de notre époque : la banalisation de l’exclusion.
Pour l’IME, au moins c’est clair, on considère l’enfant comme anormal, on le met à part, et il est perdu pour la nation. N’étant pas utile on essaie de faire en sorte qu’il ne soit pas un poids pour la société. Et l’Etat subventionne des associations gestionnaires qui vivent de ce statu quo.
Le SESSAD n’a jamais le personnel disponible, c’est donc une chimère.
L’inclusion scolaire ne fonctionne pas. Elle reproduit les inégalités. Pour élargir le sujet, l’école est reconnue par de nombreuses études comme reproduisant et aggravant les inégalités. Ce parallélisme n’est pas un hasard, la reproduction des inégalités est constitutionnelle de ce modèle.
Aussi, quand l’école de la République ne parvient pas à accuelllir dans des conditions adaptées celles et ceux qui en ont le plus besoin que peut on dire de cette école ?
Quand, a fortiori, il est accepté de considérer comme normal que ces enfants ne soient pas accueillis dans des conditions adaptées que peut on dire de cette société ?
Quand, des professeurs préfèrent faire grève, pour ne pas accuelllir une enfant en situation de handicap, que peut-on dire de ces professeurs ?
Quand des professeurs se substituent à la volonté des parents en s’arrogeant l’expertise de l’éducation pour exclure une enfant, que peut-on dire de ces professeurs ?
Quand des milliers de témoignages fleurissent pour dénoncer une éducation inhumaine et des professeurs irrespectueux et violents, que peut-on dire de cette école ?
Quand des parents préfèrent caser leurs enfants dans un IME qui est la condamnation de leur avenir parce qu’ils n’ont pas le choix, que peut-on dire de cette société ?
Quand des parents préfèrent fuir le diagnostic pour ne pas que leur enfant soit exclu, que peut-on dire de cette société ?
Quand des professeurs arguent qu’il y a des diagnostics fictifs et imputent une responsabilité aux parents, que peut-on dire de cette école ?
Quand dans le même temps ces professeurs critiquent les parents qui refusent de diagnostiquer leurs enfants, que peut-on dire de ces contradictions ?
Quand l’État décide de supprimer les AESH individuels, de mal payer ces personnes et de ne jamais les reconnaître que peut-on dire de cette société ?
Quand les enfants sont sacrifiés, livrés à eux-mêmes, en proie à l’exclusion, à l’humiliation, à la culpabilisation, que peut-on dire de ces adultes si irresponsables ?
Ce n’est pas de la dramatisation. Chaque jour, un enfant subit ce genre de traumatisme. Chaque jour, des politiques publiques excluent des gosses. Chaque jour des familles sont signalées car elles n’obéissent pas. Chaque jour des professeurs pointent les enfants ou les parents du doigt, chaque jour des parents pointent les professeurs du doigt. Chaque jour cet Etat se frotte les mains.
Mais tout le monde est coupable. Et les gosses morflent.
Les professeurs sont coupables sous couvert de lutte pour leurs intéreês d’un conservatisme et d’une défense farouche de leur coportation. On leur dit de changer de système, ils votent majoritairement Macron, on leur dit qu’ils resteront ainsi, ils manifestent avec la CGT. Rien ne change car les professeurs sont formés pour perpétuer un système basé sur la compéttition, l’utilitarisme, et la mise au ban de ceux qui ne pourraient rien apporter. Par expérience politique, les programmes des partis ou des candidats sur l’éducation sont toujours confiés à des professuers qui militent dans ces formations. Cherchez l’erreur.
Finalement, ils sont malgré eux ou avec eux les acteurs de la reproduction des inégalités sociales.
Les parents choisissent. Mais est-ce toujours dans l’intérêt de l’enfant ? Est-ce dans l’intérêt de l’enfant de l’envoyer en ULIS ? En IME ? En ESAT ? Ou il n’apprendra rien .
L’État choisit. De rester ainsi. Et il est le principal coupable. Chaque loi progressiste pour les enfants en situation de handicap n’est jamais appliquée, par contre chaque loi qui va contre leurs intérêts est drastiquement respectée.
Tout ce petit monde est prisonnier d’un système, parfois complice de ce dernier, qui maintient un système validiste et plus généralement discriminant. Que vous soyez en situation de handicap, prétendu cancre, vous êtes un enfant fautif d’être comme vous êtes.
Par contre aucun adulte n’est jamais responsable, ils sont mêmes toujours victimes. A votre détriment.
Bienvenue en France.