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Billet de blog 26 septembre 2022

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Pour une gauche de combat contre l’extrême droite

L’Italie vient de sombrer dans le fascisme, le nationalisme, et la tendance réactionnaire la plus violente depuis Mussolini. Peu de temps après la Suède, une puissance importante de l’Union Européenne est victime de la bête immonde. A quand notre tour ?

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L’Italie vient de sombrer dans le fascisme, le nationalisme, et la tendance réactionnaire la plus violente depuis Mussolini.

Peu de temps après la Suède, une puissance importante de l’Union Européenne est victime de la bête immonde. A quand notre tour ?

Giorgia Meloni est le nouveau visage représentant ce qui se fait de pire dans la politique italienne actuelle. Celle qui n’hésite pas à reprendre des slogans dignes de Mussolini ou de Pétain a fait ses classes chez Berlusconi avant de dépasser ce dernier et Salvini dans l’outrance et l’intolérance.

Elle n’est pas l’unique responsable : l’effondrement de la gauche et de la sociale démocratie, le populisme du Mouvement Cinq étoiles ont été des étapes progressives amenant l’extrême droite à devenir une alternative.

Une situation qui ressemble à celle de la France.

Les législatives de 2022 ont été un mirage commode pour ne pas regarder la réalité telle qu’elle est. Si la gauche a plus de sièges à l’assemblée, nous n’avons pas progressé de manière catégorique en nombre de voix et n’avons pas su enrayer l’abstention. La seule différence qui réside avec 2017 et qui explique la progression du nombre de députés se loge dans l’union qui a eu lieu en 2022 et qui n’existait pas auparavant. La NUPES a en effet été une opportunité d’amortir les conséquences négatives de la défaite dès le premier tour à l’élection présidentielle.

Cela n’a pas empêché cependant, que l’extrême droite obtienne son score le plus important et le nombre de députés le plus dangereux depuis le début de la cinquième République.

En effet, si l’on analyse la constitution de l’Assemblée Nationale par le biais de la représentation des partis politiques, le Rassemblement National est le premier parti d’opposition en France.

Notre campagne aux législatives a été le reflet de la présidentielle. Les thèmes ont été les mêmes, à savoir la justice sociale, l’écologie, et le rejet de Macron.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les résultats sont restés figés et il n’y a pas eu de progression en nombre de voix malgré la dynamique de l’union.

Pourquoi ?

Parce que nous avons déclamé des éléments que les citoyennes et citoyens connaissent déjà.

En effet, il était parfaitement connu de toutes et tous, nos idées sur les questions sociales, sur la question écologique ainsi que notre jugement sur l’action du président de la République.

Parallèlement à cette rediffusion inutile, nous n’avons pas expliqué les zones floue,s ni abordé la principale question d’une élection : le rôle du citoyen. Nous avons tendance à l’oublier, mais, étant dans un système représentatif, les élections sont une occasion d’indiquer la place des représentants mais également celle des citoyens et citoyennes dans le projet de société qui est défendu.

Parmi les zones floues, il y a le combat contre l’extrême droite. Un combat où la gauche est atone, où elle ne dit plus grand-chose, un combat parfois considéré comme inutile. Pourtant c’est elle l’ennemi, c’est celle-ci qui a imposé des débats dans les médias, imposé des idées dans les débats, imposé un champ lexical dans les esprits, exploité les fragilités des plus vulnérables et endormi la volonté des plus fatigués par le quotidien.

Or La NUPES n’a rien à dire sur le sujet. Pire, ce n’est pas son sujet. Son sujet demeure Macron à la fin de son mandat et qui laissera une société à l’agonie, en pâture à la bête immonde. Et nous ne serons pas là. La gauche ne sera pas là, car elle se sera battue contre un personnage disparu alors, inutile désormais, agitant des stratégies inadaptées contre l’extrême droite, prise de vitesse dans une bataille culturelle déjà perdue.

Il faut s’opposer à Macron, c’est certain, mais il faut d’autant plus s’opposer à l’extrême droite. Car Macron est un président par défaut, le Rassemblement National est devenu un vote d’adhésion. Un vote causé par le désespoir, la détresse, la colère. Mais ce sont malgré tout des adhésions à une vision du monde désincarnée, désespérée, et indignée.

Il y a également eu un élargissement de la fenêtre d’Overton en faveur des idées d’extrême droite. Il était impossible de parler de Grand Remplacement auparavant sans être directement mis au ban. C’est désormais un sujet banal.

Et c’est là le coeur du sujet, il y a eu une banalisation des idées d’extrême droite bien davantage encore qu’une dédiabolisation de Marine Le Pen. La preuve en est que Zemmour, bien plus outrancier a été toléré et bien accueilli. La dédiabolisation est inutile quand un personnage condamné pour provocation à la haine raciale peut s’exprimer dans le cadre d’une élection présidentielle à laquelle il est candidat.

Que faut il faire pour lutter contre l’extrême droite ?

Tout d’abord la gauche doit travailler. Vraiment. Elle ne doit plus s’exercer à répéter les sempiternels mêmes éléments de langage, mais faire de ces éléments des concepts, avec une pensée, une philosophie, et une pratique.

Elle doit travailler dans un débat interne constant, et surtout retrouver le terrain, retrouver l’espace public, s’y installer, s’y plaire dans l’échange avec les citoyens qui doit lui aussi être continuel.

Elle doit renouer avec les associations, discuter avec elles, travailler avec elles.

C’est par le travail intellectuel et le retour dans le débat public au sein des territoires que la gauche va réussir à gagner la bataille culturelle contre l’extrême droite.

Mais elle ne doit pas s’arrêter à ce qu’elle dit déjà. Elle a un impératif catégorique : reparler de sujets dont elle ne parle plus : sécurité, justice, éducation (vraiment en parler), culture, travail etc.

Il y a une façon de réfléchir sur ces sujets qui est de gauche, il y a une histoire de la gauche autour de ces sujets. Ne pas se les approprier, c’est les donner à Zemmour et Le Pen qui les présenteront d’une toute autre façon.

Et remettre en premier plan un sujet qui est la grande faiblesse, la grande fatalité de l’extrême droite : la démocratie.

L’extrême droite n’est jamais démocrate et ne défend jamais la démocratie, c’est dans son ADN. Elle défend l’autoritarisme, l’uniformisation, les hiérarchies essentialisées, le culte de la personnalité, la police de la parole, la milice des comportements, le contrôle des consciences.

A nous de remettre la démocratie au premier plan, afin d’impliquer de nouveau les citoyens dans une vision du monde et de notre société, de lui permettre de participer, prendre part et faire partie de la construction de nos projets, mais également de bouter l’extrême droite hors du débat public, hors de nos assemblées, de nos institutions et finalement de nos vies. Il est temps de présenter une démocratie radicale, qui mette les moyens en adéquations avec les finalités du projet de société que nous construirons tous ensemble et où chacune et chacun aura le réel sentiment et la forte conviction d’y jouer un rôle nécessaire.

C’est à ce prix qu’on évitera une rance France.

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