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Billet de blog 28 avril 2022

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L'union ou la disparition

Depuis quelques jours, nous assistons à un feuilleton savamment alimenté par les formations politique de gauche et écologistes concernées et par des médias très alertes chaque fois que la gauche semble donner des garanties d’un drame à venir. Si tout le monde est d’accord sur l’objectif, louable, peu de personnes s’accordent sur ce qui doit être sacrifié.

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Depuis quelques jours, nous assistons à un feuilleton savamment alimenté par les formations politique de gauche et écologistes concernées et par des médias très alertes chaque fois que la gauche semble donner des garanties d’un drame à venir.

Les négociations pour l’union de toutes les forces de gauche et écologistes dans le cadre des élections législatives qui auront lieu en juin, sont âprement commentées, à raison, car âprement disputées.

S’accompagne à cela, une injonction à l’Union, qui interdit tout échec. Une injonction qui provient des militants et qui provient aussi des citoyens.

Si tout le monde est d’accord sur l’objectif, louable, peu de personnes s’accordent sur ce qui doit être sacrifié. Les formations politiques ont comme devoir de mettre de côté les différences idéologiques, les oppositions d’idées ou programmatiques. Seulement personne, au sein des partis comme des citoyens n’est en capacité de créer un consensus sur les idées qui méritent d’être défendues, et celles qui peuvent être écartées. Parallèlement à cela, s’expose un paradoxe entre la préservation de l’identité des formations, la peur de la dissolution dans un grand Tout et la nécessité « d’effacer les chapelles ».

Les questions de pluralisme, de diversité sont aussi à poser.

La première, fondamentale également : pourquoi l’Union ?

Sinon, la gauche disparaît, et avec elle, des espoirs de faire les choses autrement.

Seulement est-ce une raison suffisante pour balayer les différences, écarter les désaccords ? L’uniformisation, par l’union n’est elle pas une forme de repli  dans le sens où nous représentons un champ d’idées moindre ?

Pour répondre à ces questions, il semble nécessaire d’interroger les causes. Les causes sont sociales, démocratiques et finalement politiques.

Premièrement, les formations politiques sont le reflet de l’espace public et citoyen. SI elles sont exsangues c’est parce que le champ politique est restreint car il est lui-même déterminé par un espace public sclérosé. En effet il n’y a plus de débat public constant, permettant la structuration de conflit au sens de Machiavel, seule condition à la construction d’idées et de pouvoir politique.

Cet espace public, parce qu’il est sclérosé, n’a finalement été que le creuset de réactions violentes suite à des annonces gouvernementales jugées inacceptables. Elles n’ont pas permis de construction quelle qu’en soit la nature.

Cet espace public est sclérosé pour de multiples raisons. La première est le manque de lien social entre les citoyens, par manque de temps, de possibilités. La seconde raison est la multiplication des canaux et moyens de communication qui segmente la rencontre citoyenne et catégorise.

La dernière raison est qu’il y a une sorte de résignation individuelle devant l’implacable permanence de crise, où le besoin de protection supplante la nécessité d’action.

Finalement la capacité d’action, le libre arbitre social peine également à exister, une peine provoquée par une urgence constante des personnes à vivre dignement et de façon épanouie mais aussi par des déterminismes sociaux et économiques toujours plus présents et renforcés.

C’est pour cette raison que les idées de gauche et de l’écologie ne s’imposent pas alors qu’elles sont plébiscitées. Car les classes populaires sont celles qui ont le moins de libre arbitre social et de possibilité d’imposer ces sujets. Ce fait alimente un cercle vicieux puisque les médias les plus importants, télévisés notamment ne véhiculent que les sujets de certaines élites, imposant des thèmes et renforçant la marginalisation de la gauche et des écologistes.

Les médias, et notamment la télévision jouant le rôle d’un pouvoir, d’un vecteur de pouvoirs et non plus la fonction originelle de contre pouvoir.

La dernière raison, à mon sens est qu’il demeure un déficit d’incarnation, par un parti, par une personnalité qui susciterait une adhésion évidente. Il y a des leaders qui clivent, et des leaders sans leadership.

De fait, toutes les questions suscitées par ce devoir d’union trouvent leurs réponses. Les électeurs ont acté que c’était le seul chemin possible. La réalité étant qu’il n’y en avait de toute façon pas d’autre puisque le politique ne peut aller à contre sens d’une société qui, réellement, ne valide plus une gauche multiple et diverse. Si la gauche disparaît ce ne sera pas uniquement par manque d’union mais parce que nous aurions acté sa mort.

SI l’on devait fixer un horizon un peu plus noble que cette question d’union, ce serait celle du travail au sein des formations politiques. Un travail exigeant sur la philosophie des chaque formation politique, un travail sur les concepts, afin que les mêmes partis ne soient pas simplement des producteurs des programmes mais qu’ils puissent inscrire les programmes dans une vision du monde et dans une certaine historicité. Cette tâche devrait être accompagnée d’une vaste réflexion sur les pratiques politiques, afin d’en créer de nouvelles notamment dans la rencontre avec les citoyens.

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