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Billet de blog 4 septembre 2013

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Syrie : quel est l’objectif ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Robespierre discours sur la guerre prononcé à la Société des Amis de la Constitution, le 2 janvier 1792 :

"La plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d’un politique, est de croire qu’il suffise à un peuple d’entrer à main armée chez un peuple étranger, pour lui faire adopter ses lois et sa constitution. Personne n’aime les missionnaires armés ; et le premier conseil que donnent la nature et la prudence, c’est de les repousser comme des ennemis."

Une confusion volontaire règne sur l’objectif véritable d’une intervention militaire(« punition » ? opération de prestige ? faire gagner les rebelles ?), notamment parce que dans les discours des gouvernants et des médias, un véritable brouillard est de mise sur les deux camps en présence . L’effet prévisible est totalement ignoré alors qu’il serait dévastateur.

Ø     pour Assad, c’est facile, c’est effectivement un tyran qui a brisé dans le sang la révolte démocratique et pacifique du début

Ø     mais qui sont les « rebelles » ? le passage à l’affrontement armé a marginalisé les démocrates et les laïques au profit des groupes islamistes financés et armés par les pays du Golfe. Et cela  ne se limite pas  à Al Nosra qui a des relations avec les autres qui oscillent de l’affrontement à la collaboration. Au temps du 1er conflit afghan , Reagan parlait des « combattants de la liberté » , on connaît la suite.

 En Syrie,les différents groupes religieux et tribaux sont de gré ou de force enrôlés dans un camp ou l’autre , simplement pour une question de survie :avec les massacres (réciproques) c’est bien de cela qu’il s’agit.

 La victoire d’Assad ou des rebelles islamistes serait dans chacun des cas une catastrophe ouvrant la voie à la liquidation physique des groupes vaincus à une échelle qui relativiserait singulièrement ce que l’on constate aujourd’hui ! Cf L’Afghanistan livré aux seigneurs de la guerre, puis aux talibans , puis aux seigneurs de la guerre. cf les massacres chiites sunnites en Irak.

 Aucun des deux camps n’a ma sympathie, parce que chacun est prêt au pire et ne porte en rien l’avenir démocratique de la Syrie.

Sur les gaz, on ne sait rien , le raisonnement des gaz ont été utilisés (exact), Assad a des gaz(exact mais pas que lui), Assad est un salaud (exact mais pas que lui) ne démontre  en rien que c’est Assad ou que c’est une provocation ;

J’observe que   selon certains (article mediapart de ce jour) le gouvernement françaisconsidère qu' avec le flux d’armes russes , Assad serait en train de gagner la guerre : alors pourquoi recourir au gaz et générer une réaction américaine ; c’est stupide.

 Une intervention militaire ne pourrait qu’amplifier le conflit, peut-être au niveau régional : dans un tel contexte , où la survie des communautés est en jeu,  les extrémistes l’emporteront encore plus dans chaque camp sur ceux qui peuvent  avoir des doutes.

Les exemples afghan, irakien , lybien sont là.

Voulons nous encore plus de chaos ?

 Sans solution politique, le massacre s’accentuera et la région ira au chaos .

Pas d’autre issue qu’une solution politique : de chaque côté , ceux qui soutiennent un camp doivent prendre conscience que la victoire de son camp est une illusion qui détruirait toute stabilité.

Cela concerne d’abord les Américains et les Russes , chacun peut mettre au pas ses vassaux s’il le veut. celui qui donne l’argent et les armes a le pouvoir .

C’est vrai pour les Russes vis-à-vis d’Asssd , c’est vrai aussi pour les USA  qui peuvent obliger les pays du Golfe (qui ne sont rien sans la protection américaine) à changer de politique.

Il s’agit d’imposer aux deux camps un cessez le feu , première étape vers un règlement pacifique qui sera long et difficile, et qui seul peut permettre un retour dans le jeu des démocrates et des laïcs .Chacun des deux le fera si l’autre donne des garanties , au lieu d’aller encore plus dans l’escalade : et c’est bien pourquoi une intervention serait catastrophique.

Le chaos menace tout le monde : les grandes puissances , les pays de la région, et les peuples..

Plutôt que de jouer au guerrier colonial attardé , Hollande ferait mieux de lancer une initiative en ce sens.

C’est ce qu’avait fait De Gaulle en 1966 (discours de Pnomh Penh) : il est vrai que pour Hollande , la marche est haute.

voir l'excellent article de Jean Francois Kahn

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