Austérité : récession , chômage et maintenant , effondrement social
La politique d’austérité prolongée et renforcée par Hollande n’en finit pas de générer des régressions de plus en plus graves.
Déjà la politique de « lutte contre les déficits" et d’obéissance aveugle aux injonctions de « l’Europe », si elle réduit les déficits bien moins qu’annoncé, nous a mené à une croissance zéro (pour le mieux) , à une augmentation dramatique du chômage et au délitement accéléré de notre tissu industriel.
Tout cela nous mène maintenant au bord de l’effondrement social et politique, et de nouvelles régressions encore plus graves. C’est en tout cas la signification que l’on peut accorder aux événements de Bretagne.
Bretagne , une manipulation réactionnaire pilotée par le patronat
Les incidents de Bretagne , le contenu de la manifestation de Quimper, les forces qui sont à l’oeuvre ne peuvent qu’alarmer
Ø "maintien de l’ordre" à géométrie variable
au moment où des syndicalistes (suite au refus gouvernemental d’une loi d’amnistie) sont toujours poursuivis pour des faits absolument mineurs qui remontent à la période Sarkozy et soumis à l’injonction de prélèvements ADN comme des délinquants sexuels (affaire des cinq militants CGT de Roanne coupables de … tags), on constate que les violences constatées en Bretagne (destruction de portiques pour des millions d’euros, grille de la sous préfecture de Morlaix enfoncée par un tracto-pelle)ne font l’objet d’aucune poursuite . Rien ne se passe : où est le parquet ? où est Valls ? La longue immunité de la FNSEA est toujours de mise.
Ø un mouvement dont les objectifs sont biaisés :
L’annonce de suppressions d’emploi massives est certainement le déclencheur qui a mis en mouvement des travailleurs légitimement inquiets ….et qui devraient l’être encore plus de constater que ceux (Medef, FNSEA, autonomistes bretons) qui les utilisent se focalisent sur l’écotaxe qui est un problème réel mais pas le problème central. Il est remarquable que l’écotaxe soit présentée comme un préalable mais pas les licenciements . Mais venant des licencieurs (patronat, coopératives agricoles) , cela n’a rien d’étonnant et démontre que les intérêts des travailleurs et du patronat sont par essence contradictoires et que ceux qui étaient à Quimper se sont fourvoyés.
Ø une perspective de moins disant fiscal , social, environnemental :
Les animateurs du mouvement le disent , ils veulent moins d’impôts, moins de cotisations sociales , moins de contraintes environnementales (en clair polluer à l’aise). Ils préconisent une fuite en avant dans le modèle agro alimentaire qui a mené à la crise, et cela dans une remise en cause régionaliste qui nie les solidarités nationales
Tout cela avec des contradictions insolubles puisqu’en même temps ils exigent des subventions et des investissements publics, et qu’ils bénéficient, comme tous les patrons, de financements publics conséquents : 33 milliards d’exonérations de cotisations sociales compensées par l’état , et au 1er janvier les 10 milliards pour 2014 du crédit compétitivité.
La démarche du Medef et de la FNSEA, si bien sûr elle préserve leurs intérêts propres , n’offre aucune perspective de sortie de la crise aux travailleurs , parce que l’enjeu central est la remise en cause de la politique d’austérité en France et en Europe(dont ces gens là demandent en fait l’accélération dans un sens ultra libéral) et qu’il ne peut exister d’îlot breton qui mettrait les travailleurs de cette région (comme des autres) à l’abri des politiques de la France et de l’UE.
Finances publiques , un atout pour la justice sociale et le développement[1]
C’est une escroquerie de hurler sur le niveau des prélèvements obligatoires en escamotant ce que nous avons en contre partie : des écoles, des hôpitaux, des prestations sociales , des services publics et et des équipements Tout cet argent ne tombe pas dans un trou noir mais est recyclé dans l’économie réelle : consommation des fonctionnaires , commandes aux entreprises de travaux publics. Si tout cela n’existait pas , on aurait un effondrement immédiat de la demande et de l’activité.
Pour autant, ces acquis sont à restaurer
Ø la contribution de chacun à l’effort n’est pas équitable et se concentrent sur les couches populaires et moyennes , à l’avantage des plus riches (qui sont de plus les grands bénéficiaires de l’évasion fiscale). L’injustice fiscale mine le consentement à l’impôt et Hollande n’a rien fait là dessus, bien au contraire
Ø les citoyens demandent à en avoir pour leur argent et que leur argent soit bien géré . Depuis plus de 10 ans , les coupes sombres dans les services publics ont abouti à une dégradation calculée (au dela des aspects budgétaires ) pour miner l’adhésion aux services publics
Solidarité nationale, un atout clé pour la cohésion économique et sociale
L’illusion régionaliste aurait pour conséquence directe de conforter de nouvelles féodalités et de pouvoir effacer des réglementations « contraignantes » c'est-à-dire des acquis sociaux nationaux, fruit de dizaines d’années de lutte.
La synergie de la solidarité nationale est au contraire essentielle : transferts financiers des zones les plus riches aux plus pauvres qui fondent la cohésion nationale , existence d’une puissance économique qui pèse infiniment plus que toute région .Aucune région française ne peut se suffire à elle seule : la Bretagne , par exemple , produit 8% de l’électricité qu’elle consomme
Dimension réelle de la crise et solutions
Ø L’écotaxe un prétexte :
le principe de l’écotaxe est juste , les conditions de son application sont effectivement inadmissibles : autoroutes non taxées , affermage de la recette à une société privée, amplification de la fiscalité indirecte sans compensation (par une baisse de la TVA par exemple)mais la crise de l’emploi en Bretagne ne vient pas d’une écotaxe qui n’existe pas encore
Ø un modèle de l’agro business en crise La production de bas de gamme, axée largement sur l’exportation, avec des effets lourds sur l’environnement, trouve ses limites : nouveaux concurrents low coast, cours de l’euro. Une réorientation vers une production de qualité sur le marché intérieur serait une solution , mais pour cela , il faut que le pouvoir d’achat des salariés augmente.
Ø le dumping social est un élément lourd : abattage dans des abattoirs allemands où les salaires horaires sont de 3 ou 4 €, recours à des travailleurs détachés d’Europe de l’est (avec cotisations sociales du pays d’origine). Problème également sensible dans le transport routier avec l’appel à des entreprises d’Europe de l’est qui font travailler des salariés avec un statut social bulgare ou polonais.
Tout cela , qui ne concerne pas que la Bretagne , exige des mesures fortes au niveau national avec des implications lourdes sur l’Europe
Ø la réorientation vers le marché intérieur avec des produits de qualité est une nécessité, l’état doit y aider mais cela n’aura un sens que si l’on en termine ave la politique d’austérité et de blocage des salaires : pour préserver la production, il faut des acheteurs
Ø des investissements publics pour préserver nos acquis industriels (l’agro alimentaire mais aussi alcatel dont on parle bien moins !)
Ø les deux points précédents impliquent de renoncer à la politique d’austérité budgétaire
Ø des mesures immédiates et conservatoires doivent être prises contre le dumping social : taxation des produits concernés low coast, suspension de la directive sur les travailleurs détachés (tout travailleur travaillant en France doit relever intégralement du droit social français avec les cotisations sociales françaises).
Ø il est parfaitement vain d’en rester (pour combien de temps) à une démarche de demander sagement à l’Europe des modifications , de demander sagement à l’Allemagne un salaire minimum alors que le fait accompli seul pourra faire pression pour déboucher sur de véritables évolutions.
Il n’y a pas de solution à la crise actuelle , dans le cadre de la politique imposée dans notre pays , en symbiose avec les oukases de la commission : rompre avec cette politique ,avec l’austérité, avec le libéralisme (ce que refuse évidemment les réactionnaires, bretons et autres) est la seule perspective.
[1] la référence à la révolte des Bonnets rouges de 1675 est évidemment une mystification complète : l’état de Louis XIV est un état prédateur qui assure les dépenses militaires et celles de la Cour où la haute noblesse est domestiquée par les subventions royales. Le peuple paie l’impôt et n’en voit aucune contrepartie ou presque. la situation aujourd’hui est radicalement différente avec un état qui va largement au-delà de sa dimension régalienne … à laquelle les néo libéraux voudraient nous ramener.