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Billet de blog 16 mai 2013

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Perspectives pour la France en Europe?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’austérité a échoué : cap sur l’austérité

un choix de perspective historique

Le fiasco des politiques d’austérité reconnu ?

Les politiques d’austérité échouent à atteindre leur objectif proclamé (réduction du déficit et et de la dette): elles génèrent des effets désastreux pour les populations  (chômage santé) mais aussi par l’effondrement  de la demande,  la récession ….et la chute des recettes fiscales et sociales réalimente les  déficits.

Ce fiasco est aujourd’hui   de plus en plus avoué, bien au-delà des économistes marxistes ou keynésiens et les thuriféraires de l’austérité sont quelque peu dans l’embarras.

Les acrobaties de langage tentent d’y remédier : distinguo subtil entre le « sérieux budgétaire » , la rigueur  et l’ austérité, condamnation de l’austérité « en Europe » par ceux qui l’élaborent  dans le cadre des conseils européens et qui la pratiquent tous les jours en France . 

Les « réformes structurelles » nouvelle phase de l’austérité ?

Les « délais » accordés sur la réduction des déficits  par  la commission prennent en compte en partie la réalité et donc l’impossibilité d’atteindre les objectifs arbitraires imposés initialement.

Mais on attendra en vain une quelconque  reconnaissance de la folie de la politique poursuivie: il s’agit seulement de « délais », d’ « indulgence » pour ceux qui restent les « fautifs » et  pour mieux  leur imposer en échange des « réformes »  « indispensables ».  

Des « réformes » pour une plus grande efficacité économique ?  Voire

En quoi l’ouverture au privé de la protection sociale ou des services publics est elle un gage d’efficacité ?

Le pays où les dépenses de santé sont les plus élevées est les Etats-Unis avec en même temps plusieurs dizaines de millions de personnes exclues de l’accès aux soins. Partout où l’électricité a été privatisée , les prix ont explosé . On pourrait aussi évoquer la privatisation  des autoroutes en France qui a offert une rente à Vinci et consorts. On comprend que certains salivent déjà.

 Les « réformes » : moins  pour les salariés, plus  pour le capital

Les attaques sur les salaires, sur les retraites, sur le droit du travail ont un objectif  évident modifier le partage de la valeur ajoutée au profit du capital

Mais aussi offrir de nouveaux espaces au capital : la mise en cause des prestations sociales, des retraites ouvrent un boulevard aux assurances privées, et donc au profit .

Même chose pour les services publics où la casse d’Edf ou de la Sncf ouvrirait largement la voie aux requins de la finance.

C’est un changement majeur de société qui est en cause: aujourd’hui certains besoins essentiels sont couverts par la protection sociale et les services publics , grâce aux « prélèvements obligatoires » (impôts , cotisations sociales) .Demain , à l’ « américaine » , il faudrait souscrire (pour ceux qui en auront les moyens)une assurance santé, une assurance retraite et payer pour les actionnaires de tel service marchand.

Des « réformes » avec pour résultat une récession accrue

Directement (amputation salaires et prestations sociales) ou indirectement (passage de services publics dans l’espace marchand) , les « réformes » déboucheraient sur une contraction des ressources de la population , donc une nouvelle contraction de la demande et une amplification de la récession(cf situation des pays de l’Europe du sud)

Bien loin d’être la solution, les « réformes »  ne peuvent qu’amplifier, sans doute de manière dramatique, le problème.

Le « modèle » allemand : quel modèle ?

 Le Monde  le clame « La France doit cesser de chipoter et d'écouter les fariboles des sorciers de l'économie vaudoue. Tous les pays qui ont réduit le taux de chômage et musclé leur économie en Europe sont passés par des réformes de structure. » avec une très claire allusion au « modèle allemand »

Escroquerie à plusieurs étages :

Ø     les réformes Schröder des années 2000 ont cassé le modèle social allemand, notamment par la mise en place de mini jobs à quelques centaines €,les temps partiels imposés, le taux d’emploi des femmes et des millions de travailleurs pauvres. Il serait utile que ce point, trop souvent évacué, soit abordé plus souvent et plus complètement.

Ø     cette politique  de dévaluation interne a contracté logiquement le marché intérieur et l’économie allemande a réussi grâce à ses exportations … vers les autres pays de la zone euro, en premier lieu (72 % du total)

Ø     pour comparer les situations , il faudrait aussi comparer les évolutions démographiques (diminution forte de la population active allemande, augmentation en France) avec l’incidence sur le chômage

Ø     L’Allemagne arrive au bout de cette politique : l’austérité imposée aux pays qui se sont endettés (pour acheter des marchandises allemandes) ruine ses clients : la croissance allemande serait de 0,6% en 2013

http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2013-05-05-allemagne

 Le modèle tout export n’est pas copiable

 Pour que des pays soient exportateurs nets , il faut que d’autres soient importateurs nets … sauf à vendre sur la lune.

Les politiques menées (et non remises en cause sur le fond) en Europe conduisent à une contraction globale de la demande et à la récession

L’essentiel de notre commerce extérieur se fait avec la zone euro : il est donc parfaitement vain d’espérer que la contraction du marché intérieur (conséquence logique de l’austérité et des reformes libérales) puisse être compensée à l’export dans un avenir un tant soit peu visible.

 Une toute autre voie est possible

 A l’inverse des politiques pratiquées depuis de nombreuses années et qui ont toutes modifié le partage des revenus au bénéfice du capital et  au détriment du travail, et ainsi généré la crise, une relance véritable de l’activité doit partir des revenus du travail ( salaires directs et indirects :prestations sociales)des services publics et de l’investissement public.

 C’est le moyen pour obtenir une meilleure satisfaction des besoins sociaux, la préservation et le développement de notre appareil industriel et par la relance de la demande, permettre une relance véritable de l’activité économique et de l‘emploi

 L’un des dirigeants du Medef , Denis Kessler, écrivait il y a quelques années que l’objectif était de « sortir de 1945 » , c'est-à-dire de revenir sur tous les acquis de cette période.

C’est exactement l’inverse de cette régression historique que les réformes structurelles nous programment, qu’il faut faire : remettre 1945 au goût du jour, préserver et prolonger ce que nos aînés ont construit.

 Le contexte international et européen est certes très différent et il reste à examiner comment une politique véritablement progressiste pourrait être pratiquée dans le cadre européen actuel:ce sera l’objet d’ un autre billet

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