L’élément déterminant du paysage politique est bien sûr l’impact des reniements toujours plus affirmés de Hollande, qui génère désarroi et désespoir. La « gauche », normalement devrait être synonyme de libération humaine et de progrès social : Hollande faisant tout le contraire soit disant en son nom, pollue l’idée. Et ce discrédit, cette confusion atteignent jusqu’à ceux qui sont eux véritablement « la gauche » .
L’abstention importante dans l’électorat de gauche lors de la séquence des municipales vient de là : mais les électeurs qui ont ainsi voulu exprimer leur colère doivent bien constater que leur geste n’empêche pas Hollande de continuer de pire en pire.
Maintenant, pour les européennes, il s’agit d’examiner quelle attitude aura un effet positif réel contre les politiques d’austérité : celle d’Hollande, continuateur de Sarkozy en France, étroitement articulée aux politiques appliquées partout en Europe, dont les effets dévastateurs ne sont plus à démontrer, dans un cadre institutionnel européen qui prétend empêcher toute politique alternative, déniant ainsi aux peuples leur souveraineté.
I Dire Non à Hollande et au grand capital
Ø C’est, faire le choix de la reforme fiscale, du partage des richesses, de l’augmentation des salaires et du développement des services publics. C’est la seule voie pour sortir de la crise : relancer la demande , réorganiser progressivement la production en réponse aux besoins à court et long terme de la population, créer ainsi massivement des emplois , et réalimenter les recettes de l’état et de la sécu, mises à sec par la politique déflationniste et le dumping fiscal et social. Tout cela va bien sûr à l’inverse des cadeaux sans cesse renouvelés aux patrons qui sont la substance de la «politique de l’offre ».
Ø Cela implique bien sûr de sanctionner le PS , godillot de la politique de Hollande[i] .
Sans requalifier la droite, qui n’en finit plus de surenchérir sur les reculs sociaux d’Hollande depuis que celui-ci a validé les thèmes idéologiques sarkozystes (coût du travail , rôle phare du patronat, poids des dépenses publiques).
Ø Hollande , d’après certains commentaires médiatiques , voudrait « enjamber les européennes » pour passer à autre chose , c'est-à-dire à l’accélération de sa politique : ne lui faisons pas ce plaisir
Le 25 mai, doit émerger la seule opposition véritable à la politique de Hollande, celle de l’opposition de gauche
II Dire Non à cette Europe libérale et autoritaire
C’est dire non à ceux qui la supportent
1) L’austérité : une politique et un système
Ø L’Europe a permis aux gouvernements de droite et socialistes (ou de coalition des deux comme en Allemagne) de renforcer les politiques d’austérité et surtout de les institutionnaliser. Ces politiques sont figées dans le cadre des traités, et ainsi en théorie préservées de toute révision.
Ø Les traités (et la réglementation européenne qui les met en musique) sont en effet juridiquement supérieurs aux lois votées par les parlements nationaux : toute loi « progressiste » est donc sous la menace d’être considérée par un tribunal comme contraire aux traités et annulée.
Ø C’est un déni de la démocratie qui implique que les citoyens soient souverains et à même, s’ils le jugent bon, de revenir sur la politique appliquée précédemment.
Ø Et la révision des traités et de leur logique libérale est pratiquement impossible puisqu’elle implique l’accord des 28 états membres (et en particulier celui de l’Allemagne dont l’attachement à l’orthodoxie budgétaire et monétaire est très solide).
2) Dire non à ceux qui supportent ce verrou austéritaire
Ø Non au PS et à la droite qui cogèrent les politiques européennes , au conseil européen, à la commission et au parlement et qui s’accommodent très bien du cadre existant et contraignant à une politique unique (la leur)
Ø Non aussi à EELV certes plus critiques sur certains points mais pas sur l’essentiel : accord sur des pans importants de la libéralisation des services publics (en particulier sur l’énergie, ce qui, dans leur cas, est un comble), et surtout acceptation complète du cadre européen (leur chef de file José Bové a soutenu le traité budgétaire) qu’ils voudraient renforcer encore, par une évolution fédérale, au mépris de la souveraineté des peuples.
3)Mais ce n'est pas pour ouvrir la porte autrement au libéralisme
Ø avec le FN, pour qui la remise en cause verbale de l’Europe est un moyen pour poursuivre la politique libérale dans un cadre national, esquivant évidemment l’affrontement avec le grand capital ( en se camouflant derrière la stigmatisation des immigrés, des « assistés » ) qui est la clé de tout .
Ø Rompre avec cette Europe est nécessaire mais pas pour faire la politique de Cameron au Royaume Uni ! Tout oppose, sur l’objectif final, au delà d’amalgames artificiels qui servent bien les européistes, le Fn et la (vraie) gauche.
III Pour se libérer de l’Europe libérale :seul le Front de gauche
Les positions du Front de gauche sont claires sur deux points essentiels
- condamnation de l’Europe austéritaire et affirmation que pour une autre politique, il faut remettre en cause le dispositif institutionnel qui verrouille l’ensemble
- accord sur l’objectif : une Europe du progrès social, de la coopération entre les peuples, dans le respect de leurs souverainetés
Le problème est dans la manière de passer du point 1 (l’état actuel) au point 2(un autre paysage politique, économique et social)
Une stratégie encore hésitante
Ø la position officielle : on pourrait faire évoluer cette Europe par le poids des élections et des luttes des peuples , la contraindre à une autre politique, et changer les institutions (par exemple le statut de la BCE) « en douceur ».
Ø pour d’autres, le cadre institutionnel européen est irréformable et la rupture est nécessaire pour refonder autre chose ; cela s’applique en particulier à l’euro
Ø la désobéissance c'est-à-dire prendre des mesures en contradiction ouverte avec les traités européens sur des domaines clés pour une politique de progrès (les services publics, la création monétaire).Ce conflit assumé pouvant obliger l’UE à céder . En cas d’échec de cette stratégie, la rupture resterait le dernier recours
Ma position personnelle :
Ø depuis plusieurs années, je considère que cette Europe est mortifère et qu’il est vain (dispositif institutionnel, blocage allemand) d’espérer la faire évoluer de l’intérieur, la rupture est nécessaire (sortie de l’euro avant de reconstruire une monnaie commune).
Ø Il reste que cela ne peut se faire que sur la base d’un mouvement populaire et d’un rapport de forces important. Le scénario de la désobéissance est en ce sens intéressant dans la mesure où il met l’UE au pied du mur. mais pour cela , au préalable la loi doit être remise au dessus des traités , et il faut donc changer la constitution qui édicte l’inverse. Le thème du primat de la loi ; expression de la souveraineté du peuple peut avoir un impact considérable
IV l’enjeu du vote du 25 mai
en fait trois enjeux peuvent être dégagés
Ø dire non à l’austérité
Le FDG a sur ce point une position totalement claire et cohérente, à l’opposé du PS et de l’UMP se relayant pour toujours plus d’austérité, avec l’un et l’autre des résultats désastreux
Ø dire non au traité transatlantique :
depuis le début le FDG dénonce ce projet qui met en cause les fondements de notre société et de notre démocratie, projet porté dans la plus grande opacité par la commission, en accord avec les gouvernements (socialistes et de droite) , projet dont Hollande a déclaré qu’il devait aboutir au plus vite
Ø redonner aux peuples en Europe la liberté de décider
si le Front de gauche est clair sur cet objectif, sa position reste trop floue et contradictoire sur la manière d’y parvenir.
Au final, le Front de gauche n’est pas un choix parfait, mais c’est le meilleur choix.
Certains, qui pourraient se prononcer pour le Front de gauche peuvent être tentés par l’abstention avec deux motivations essentielles :
Ø une insatisfaction par rapport à l’état actuel du Front de gauche, à ses divisions notamment , mais c’est oublier que le mieux ne sortira pas du néant . Une force politique est nécessaire à gauche pour s’opposer à la fois à Hollande et à la droite et l’extrême droite, et le Front de gauche est le noyau de cette force à construire. L’abstention peut indiquer le problème, elle n’est en aucun cas la solution, parce qu’elle laisse tout le champ libre aux forces qui imposent l’austérité.
Ø la volonté de délégitimer le système européen et le parlement européen, mais c’est une illusion comme le dit Jacques Sapir « dans une élection, sauf à pouvoir en empêcher matériellement la tenue ou à obtenir un taux d’abstention dépassant les 90%, les absents ont toujours tort. »
Il est vrai que tout vote exprimé ne reflétera que d’une manière imparfaite ce que beaucoup souhaitent , mais c’est bien plus le cas pour l’abstention , qui par définition n’est pas une expression, et qui donc se prête aux conclusions les plus contradictoires sur les attentes que cela exprimerait.
Les systèmes dominants s’en accommodent : l’abstention massive dans les quartiers populaires n’empêche pas, bien au contraire, la mise en œuvre des politiques libérales , et le système politique américain fonctionne tres bien , avec un taux chronique de 50 % de participation.
[i] tract national du Ps surréaliste « Les Européens ont besoin de croissance, pas d’austérité. », dénonçant « Le pacte de stabilité et ses critères rigides » puis « Les plans d’austérité aggravent partout la récession et l’endettement qui appellent encore et toujours des plans d’austérité. » Mauvais remake du discours du bourget :ont-ils réalisé qu’ils sont au pouvoir depuis deux ans ?