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Billet de blog 21 décembre 2013

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Front de gauche : l’éclatement ?

La décision du PG de suspendre sa participation au Parti de la gauche européenne est elle un prémice à l’éclatement du FDG : même si des divergences lourdes existent, ce serait totalement irresponsable.

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La décision du PG de suspendre sa participation au Parti de la gauche européenne est elle un prémice à l’éclatement du FDG : même si des divergences lourdes existent, ce serait totalement irresponsable.

 L’avenir , si l’éclatement se concrétisait serait désastreux pour tous : certains évoquent le score Buffet à la présidentielle de 2007…. mais ils oublient le score Bové !

à gauche , il n’y aurait que des perdants et surtout notre peuple qui se retrouverait sans aucune alternative face à la vague libérale.

Ø     déjà , la focalisation , la dramatisation d’une divergence redonnent un bol d’air au PS, en dépit de son discrédit

Ø     comment élargir le rassemblement contre la hausse de la TVA en Janvier dans une telle situation ?

Ø     comment accentuer les fissures déjà visibles au sein du PS si nous donnons à ceux qui sont tentés de rompre une perspective aussi « attrayante » ? 

Des divergences d’appréciation stratégiques sont à la source de la discorde

Cela ne porte pas sur la politique de Hollande jugée sur le fond désastreuse par tout le monde au FDG mais sur les stratégies qui pourraient mettre en échec les politiques d’austérité

Ø     d’un côté Mélenchon pense que le Parti socialiste va disparaître et que son espace politique peut être récupéré par le FDG , qui sera alors directement candidat au pouvoir . Une analogie est développée avec la gauche sud américaine et la gauche grecque (Syriza). Cela s’appuie sur un ton revendiqué « cru et dru » en direction du PS , sans nuance entre ses composantes.

Ø     à l’inverse, le PCF pense que le changement ne pourra venir du seul FDG ou élargi , la connection avec les courants de gauche à l’intérieur du PS, pour qui la politique de Hollande est en rupture complète avec leur Histoire et leur valeurs est alors une des voies essentielles . Dans ce schéma, la gauche du PS jouera un jour le rôle que JLM a joué à partir de 2008.

Quelques éléments objectifs

Ø     l’effondrement total de la social-démocratie ne s’est produit qu’en Amérique latine (conditions socioéconomiques très différentes) et en Grèce (effondrement total de la société), on n’observe pas cela en Italie (où le candidat le plus à droite vient d’être investi par la primaire interne du parti démocrate avec 3 millions de votants) ou en Espagne. En France, le recul du PS ne profite pas du tout au FDG. les luttes sociales patinent, en dépit de la politique d’austérité.

Ø     la technique du parler dru , pour le grand public , focalise le regard sur la forme au lieu du fond (par ailleurs largement traité mais connu de combien ?) , beaucoup de retours montrent que c’est répulsif pour beaucoup qui ont voté JLM ou qui l’ont envisagé.

Ø     la capacité à appliquer le programme économique et social du Front de gauche dans le contexte européen et mondial suscite pour le moins une vraie interrogation. Les réponses faites sur ce point sont très insuffisantes et le débat de fond est loin d’être à la hauteur : c’est vrai pour toutes les composantes du FDG (PCF, PG…) : voir ici même http://blogs.mediapart.fr/edition/la-revue-du-projet/article/201213/la-republique-t-elle-encore-un-sens-au-sein-de-lunion-europeenne-gilles-garnier

Ø      l’insuffisance de ses capacités militantes est  l’un des plus gros problèmes du FDG,: on ne peut espérer convaincre sur une perspective alternative seulement avec quelques passages à la télé. L’essentiel du potentiel militant est celui du PCF (que certains voudraient rayer de la carte) : 100 000 adhérents environ, très en dessous des capacités du PCF[1] à la fin des années 70(700 000 adhérents). La vraie indépendance politique, la possibilité de retrouver une force qui ne soit plus dépendante des élus (ce qui est un vrai problème) en dépendent. Cela repose la question de la relation entre les composantes du FDG et la masse de ceux qui, sans adhérer à un parti, seraient prêts à contribuer à l’action et à la réflexion. Evidemment, la situation actuelle ne va pas aider à avancer.

Ø     le fait qu’avec la gauche du PS il n’y ait pas encore d’avancée concrète ne signifie pas qu’il n’y en aura pas . Cette question ne peut être isolée du reste : conteste économique et social,rapport de forces, crédibilité du FDG, et mouvement de masse. L’expérience de ceux au PG qui viennent du Ps devraient leur enseigner qu’une rupture çà se mûrit et parfois longtemps.

Sur les élections municipales : divergences et incohérences

Ø     prendre les élections municipales comme ligne de clivage n’est pas nécessairement payant : les listes autonomes feront elles, à l’inverse du résultat des élections partielles de bons scores ?  Un maire sortant dispose le plus souvent d’une prime importante à la réélection au delà de l’appréciation nationale sur son parti[2]. Pour ce type d’élection, un mot d’ordre venu du haut est nécessairement décalé : ceux qui devront mener la bataille doivent pouvoir apprécier quel est le meilleur choix parce que personne d’ailleurs ne viendra mener cette bataille à leur place.

Ø     La vie est pleine de contradictions et rien n’est univoque, les premiers sondages sur Paris semblent le confirmer. On peut craindre également que le trouble crée par la polémique nuise aux listes autonomes FDG , à l’exact opposé du but affiché par ceux qui ont choisi de dramatiser la crise.

Ø     les incohérences du PG : la ligne affichée est en aucun cas une liste avec le PS (quelque soit le programme municipal, le rapport de forces…) .mais le PG fait des listes communes avec EELV , c’est à dire avec les supplétifs du PS qui viennent de voter le budget . A Dieppe , ce type de liste contre la mairie sortante PCF risque de favoriser le PS qui essaie de prendre la ville.

Ø     à l’inverse, il n’est pas évident que les choix locaux du PCF soient tous judicieux, le PCF a raison de voir tenir compte des contradictions entre local et national, de ne pas tout réduire à un mot d’ordre venu d’en haut mais cela ne garantit pas nécessairement l’équilibre du choix entre l’appréciation du rapport de forces local, l’impact de la situation nationale … et l’intérêt de certains élus, il peut y avoir dérive.

 Il y a des questions de fond non résolues sur ce que doit être le Front de gauche, sur  sa crédibilité notamment sur l’Europe, et sur la stratégie qui permettra de réaliser la Révolution citoyenne (FDG hégémonique ou récupération de fractions entières du PS). Ces questions conditionnent l’avenir non seulement du FDG mais de tout notre peuple. On ne peut y répondre qu’en analysant la situation telle qu’elle est et non pas une vision fantasmée conforme à nos souhaits.

La focalisation sur les difficultés sur les municipales, au-delà des choix des uns et des autres, est suicidaire. Ces difficultés ne font que refléter les questions de fond non résolues et que les municipales ne régleront pas , dans un sens ou dans l’autre.

La sagesse commande alors de préserver l’avenir sans que personne ne se renie, et de se garder de toute expression hypertrophiée nuisible à la cause que nous défendons tous


[1] à plusieurs occasions, ‘l’ « appareil » du PCF, toujours vilipendé , à joué un rôle crucial dans les mobilisations unitaires qui exigent des moyens techniques et financiers (campagne du NON en 2005, campagne de JLM en 2012)

[2] le postulat qu’un score aux municipales est la simple projection d’un score à une élection nationale a toujours été démenti et les décalages sont souvent considérables

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