JJDUCH

professeur histoire retraité

Abonné·e de Mediapart

58 Billets

0 Édition

Billet de blog 27 mai 2013

JJDUCH

professeur histoire retraité

Abonné·e de Mediapart

Les recettes de la Cour des Miracles : austérité partout. Didier Migaud vise l’Education Nationale.

JJDUCH

professeur histoire retraité

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Monsieur Didier Migaud, président de la Cour des Comptes, est l’un des grands gourous de la politique d’austérité : au nom de la réduction à marche forcée des déficits, il prescrit sans relâche l’amputation des dépenses publiques, que ce soit la santé , les retraites, l’indemnisation du chômage, ou les services publics.

Cette politique ne marche pas : elle génère la récession et de ce fait réalimente les déficits mais M. Migaud persiste à prêcher « les réformes », c'est-à-dire la dislocation de notre système social. Et il cible l’Education et les enseignants.

 La Cour des Comptes avec son rapport "Gérer les enseignants autrement", « avance dans l'élaboration d'un projet d'éducation »( Le Monde),et elle le fait à la tronçonneuse :

"l'éducation nationale ne souffre pas d'un manque de moyens ou d'un nombre trop faible d'enseignants, mais d'une utilisation défaillante des moyens existants".

Les recettes  avancées ? Gestion au mérite, fin du  recrutement national, affectation « sur profil »,  annualisation des services et définition  par les chefs d’établissement, définition locale du nombre d’heures de cours assurées aux élèves et élagage des disciplines,  bivalence et polyvalence, dans le cadre d’une primarisation de fait du collège (Ecole du socle)….

La logique est celle de la période Sarkozy Chatel : laminer  les moyens, fragiliser au maximum les personnels en leur enlevant toute garantie statutaire, et , au nom de l’autonomie des établissements , amplifier les inégalités territoriales.

L’objectif final est la fragmentation, l’éclatement du service public.

Prépare-t-on le terrain à une remise en cause, sur fond de crise des recrutements, des engagements pris sur les 60 000 créations de postes ?

 Le tout s’accompagne de la diffusion auprès de la presse de données bidouillées visant à faire apparaître les enseignants comme des privilégiés (mention faite d’un salaire  extraordinaire à 107 000 € !!)

 Avec ce pamphlet néo libéral, la Cour des comptes sort complètement de son rôle (vérifier la sincérité des comptes publics) pour se transformer en officine politique, sans aucune légitimité démocratique.

 Monsieur Migaud ,d’abord président de la commission des finances de l’Assemblée Nationale par la grâce de Nicolas Sarkozy( avant un certain Jérôme Cahuzac) puis nommé à la présidence de la Cour des Comptes  par Sarkozy, et en même temps inspirateur de la politique d’austérité actuelle préconise des recettes qui pour l’essentiel figurait l’an dernier dans le programme du candidat Sarkozy : Monsieur Migaud est il informé que le peuple français n’en a pas voulu ?

Cet exercice idéologique et partisan se faisant sur fonds publics, on serait en droit de se demander s’il n’y pas là un beau sujet d’enquête… pour la Cour des Comptes.

 Deux exemples sur les "préconisations" de la Cour

  1. mettre fin au recrutement national et mettre en place un recrutement académique ?
  • le concours national est la garantie que la qualité des reçus est homogène sur le territoire national
  • de plus il y a une inadéquation forte ,selon les régions,  entre le vivier des étudiants se destinant à enseigner / candidats aux concours et les besoins des académies, ce qui explique que les néo recrutés des académies du sud se retrouvent affectés dans des académies du nord.
  • Mettre en place un recrutement régional aboutira à trop de candidats/ peu de postes au sud et pas assez de candidats pour pourvoir les besoins au nord, par exemple à Créteil et à Versailles , qui ne peuvent fonctionner qu’avec un flux important de jeunes enseignants venus « du sud ».?Les seules solutions seront alors d’« adapter » les horaires d’enseignement à la baisse (une autre préconisation de la Cour)ou adapter à la baisse le niveau exigé du recrutement. Dans les deux cas, c’est une perte d’égalité totale sur le territoire nationalet la porte ouverte au privé qui offrira (à ceux qui peuvent payer) le moyen d’échapper à ces adaptations.

 2 Les affectations dans les « établissements difficiles »

  • la question de fond n’est pas la procédure d’affectation des enseignants mais , après 30 ans de politiques libérales, le fait que ces établissements sont bien plus nombreux et que, malgré les efforts considérables  faits par les personnels , la situation y est toujours dégradée.

Cela renvoie à la chasse aux quelques moyens supplémentaires dont disposent ces établissements, alors qu’il leur en faudrait au contraire bien plus.

  • cela renvoie au développement considérable des inégalités territoriales sur fond de chômage et de pauvreté.

 De ce point de vue , au lieu de tancer implicitement les enseignants qui (comme les autres fonctionnaires)ne se précipitent pas dans ces zones (mais osera-t-on demander combien de magistrats de la Cour des comptes y résident?), la Cour des Comptes et en particulier Monsieur Migaud feraient mieux de balayer devant leur porte .

  • à force de préconiser la réduction des dépenses publiques, au nom de la sacro-sainte dette (c'est-à-dire de la  sacro sainte rente), on arrive à ce que les services publics fonctionnent de plus en plus difficilement, que ce soit l’Ecole, l’Hôpital ou les transports. Et si l’on a bien compris , la Cour des comptes trouve que la purge est encore imparfaite…
  • le chômage de masse et en particulier le chômage des jeunes est une explication centrale à l’existence de ces « quartiers difficiles ». Mais depuis trente ans , le partage de la valeur ajoutée a basculé vers le capital et au détriment des salaires, depuis 30 ans, les industries ferment , délocalisent , et les gouvernements laissent faire, au nom de la « concurrence libre et non faussée ». Les politiques d’austérité budgétaire , soutenues avec ardeur par Monsieur Migaud , génèrent la récession , c'est-à-dire plus de pauvreté , plus de chômage. Et que fait  Monsieur Migaud sauf préconiser de nouvelles coupes dans les dépenses sociales notament la santé et l’indemnisation du chômage (pour ceux qu’avec d’autres, il aura contribué à réduire à cette situation).

Monsieur Migaud est un pompier pyromane.

 sur ce sujet voir également

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.