Licenciement “incompréhensible” aux Archives nationales
L’AAF (l’association des archivistes français) prend parti dans un départ assez étrangeRédigé par Cecile Mazin, le mardi 01 mars 2011 à 09h45Depuis quelques jours, l’ancienne directrice des Archives nationales s’est assez peu gentiment fait remercier. Ses positions contre le projet de Maison de France lui auront valu son poste....
Ainsi, Isabelle Neuschwander se voit remplacée par Agnès Magnien, plus conforme aux volontés ministérielles et présidentielles. Selon les voix des uns et des autres, ont reconnaît qu’« il est facile de critiquer son soi-disant manque d’autorité, alors que le problème est plutôt celui de l’autoritarisme d’un gouvernement qui a agi à la hussarde dans cette affaire de Maison de l’histoire de France », en licenciant Isabelle Neuschwander. (notre actualitté)
L’Association des archivistes français vient de diffuser un communiqué de presse, signée de son président, Xavier de la Selle.
« Chacun reconnaît sa valeur professionnelle remarquable et son implication personnelle dans la conduite de l’un des plus grands projets du ministère de la Culture, le site des Archives nationales en cours de construction à Pierrefitte-sur-Seine. Cette décision est donc choquante. Au nom de l’Association des archivistes français, je veux exprimer d’abord notre indignation », explique-t-il.
Mais au-delà du comportement autocratique, l’AAF note avant tout combien la décision de la renvoyer semble « incompréhensible », particulièrement « appliquée à un haut fonctionnaire qui n’a pas démérité ».
Et l’AAF de préciser que « comme l’ensemble des services d’archives en France, elles constituent aussi un lieu de démocratie par excellence, où s’exercent les droits des citoyens et où peut s’écrire et se transmettre une histoire plurielle et critique. Les archivistes, comme les autres professionnels de la culture et les historiens, sont au service de cette vision d’une politique culturelle ambitieuse et citoyenne. Ils demandent seulement à être respectés ».
De son côté, l’Interassociation Archives Bibliothèques Documentation a tenu à assurer de son soutien à l’AAF, qui compte parmi les associations membres.
Le remplacement de la direction des Archives nationales est désormais effectif. Remplaçant Isabelle Neuschwander, qui avait été renvoyée - n’oublions pas qu’elle s’opposait au projet de la Maison de l’histoire de France - c’est donc Agnès Magnien qui prendra le poste.
Le ministère de la Culture, en la personne de Frédéric Mitterrand, a donc mandaté Agnès, et la publication au Journal officiel ne devrait plus tarder. Pour le moment, Agnès officie comme chef de bureau des missions au Service interministériel des archives de France (SIAF).
Selon une note interne envoyée par le ministre, cette nomination a pour vocation de « donner un nouvel élan aux Archives nationales en nommant une nouvelle personnalité à leur tête ». C’est surtout que Nicolas Sarkozy, passablement agacé qu’Isabelle Neuschwander soit contre son projet de Maison de France, installé directement dans le site des Archives nationales, ne pouvait la laisser en poste.
Selon Archimag, qui cite le directeur général des Patrimoines, qui avait passé un petit moment avec l’intersyndicale, « le départ d’Isabelle Neuschwander ne devait pas s’analyser comme une sanction, ni à l’égard de sa personne, ni à l’égard du service. Tout le monde reconnaît la qualité du travail qu’elle a accompli, le redressement du service ».
Et d’ailleurs, cette nomination nouvelle « n’est pas une reprise en main, c’est la nécessité de franchir une nouvelle étape, de remettre l’ensemble des services au travail ».
Cependant, une personne proche du dossier expliquait la chose un peu différemment. « On reproche à Isabelle Neuschwander de n’avoir pas su éteindre un incendie que d’autres ont allumé ». En effet, « il est facile de critiquer son soi-disant manque d’autorité, alors que le problème est plutôt celui de l’autoritarisme d’un gouvernement qui a agi à la hussarde dans cette affaire de Maison de l’histoire de France. » (Via Le monde)
D’ailleurs, l’intersyndicale estime que cette nomination a été « décidée en dehors de toute procédure réglementaire », et se réunira demain pour prendre une décision. (Via Le Monde)