Des postmodernistes déprimés organisent cette semaine à Paris une opération masturbatrice d'enfumage : « Penser/Créer avec Fukushima ». L'infamie gagne du terrain.
Par admin le lundi 9 juin 2014, 14:41 - International -
De Kyoto ce 5 juin 2014, Thierry Ribault (chercheur au CNRS séjournant au Japon depuis vingt ans et présent depuis le début de la catastrophe nucléaire de Fukushima) et Nadine Ribault (écrivaine et romancière, ancienne enseignante en France puis au Japon) dénoncent l'opération d'enfumage "internationale" montée à l’INALCO et à la Maison de la culture du Japon à Paris intitulée « Penser/Créer avec Fukushima ». L'idéologie des organisateurs et participants au colloque : déconnecter du réel le désastre nucléaire pour en faire un sujet de réflexion "esthétique", un nouvel "opium du peuple"...
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Mus et alimentés par la pulsion liberticide du national-nucléarisme et avec d'autres postmodernistes déprimés devant la «démesure du monde », deux enseignants et écrivains, Michaël Ferrier de l’université Chuo à Tôkyô, et Christian Doumet, de l’université Paris 8 et membre de l’Institut Universitaire de France, organisent du 12 au 14 juin 2014 à Paris, à l’INALCO et à la Maison de la culture du Japon, une « Rencontre internationale » intitulée « Penser/Créer avec Fukushima ».
En rendant tous les risques acceptables, en niant les effets sanitaires de l’irradiation, en mobilisant une science devenue productrice d’ignorance, en faisant de chacun le co-gestionnaire de l’administration du désastre et le responsable de sa propre destruction, en faisant de la technologie nucléaire une force sociale plus puissante que l’aspiration à la liberté, en travaillant à la grande " inversion" du désastre en remède (le soit-disant "retour d'expérience"), en poussant plus avant la géométrisation morbide de la vie quotidienne, en niant l’homme en tant qu’homme, le national-nucléarisme fait le choix, quand il le juge nécessaire, d’annihiler la vie au nom de l’intérêt national et de déposséder les individus de leur propre existence et de leur liberté au nom d’un supposé intérêt collectif servant de paravent à des intérêts industriels supérieurs. Pour ce faire, cette idéologie légitime et organise la coexistence d’une technologie des plus avancées, avec une profonde régression de la conscience.
Le désastre est l’opium du peuple et, à l’instar des précédents, celui de Fukushima ne fait pas exception à la règle. Au lieu d’amener à une véritable prise de conscience qui entrainerait une remise en cause radicale de nos croyances, de nos modes et de nos choix de vie et nous entrainerait vers les véritables décisions qui pourraient, non pas effacer le mortel préjudice (ce n’est plus possible dans le cas du nucléaire), mais cesser la propagation (et donc l’accroissement des menaces et des dégâts), le désastre, habillé de sa qualité "désirable", plonge les populations dans le sommeil éternel de la drogue qui annihile les instincts, devenant lui-même un instinct.
Tout élément relatif à la sûreté des centrales nucléaires et aux conséquences d’un accident sur les populations, relève désormais de la diplomatie étrangère, de l’anti-espionnage et de la lutte anti-terrorisme. Par sa militarisation fatale, son chantage sécuritaire et son administration discrétionnaire de l’oubli, le national-nucléarisme ne se contente pas de restreindre la liberté, il attise la peur.
Le national-nucléarisme français ou japonais est cette pathologie de la conscience qui nous interdit de penser le nucléaire et ses catastrophes, pour mieux nous faire penser à travers eux.
Un texte salutaire de réflexion et de décryptage pour se soustraire au cadre de la pensée dominante et de l'idéologie nucléariste :
Le tableau "Guernica" de Pablo Picasso nous est apparu évident pour illustrer le massacre, par les assassins fanatiques-scientistes-nucléaristes, du vivant, de l'humain et de la conscience
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Thierry Ribault : http://clerse.univ-lille1.fr/spip.php?article125 - Nadine Ribault : http://fr.wikipedia.org/wiki/Nadine_Ribault