Pris de vitesse par le Trésor public : pas eu le temps de réunir les 5 000 euros que me réclamait le fisc parce que j’espérais que l’investissement vers la culture et les arts aboutirait nécessairement à des résultats dépassant ces contingences financières... Eh bien non !... Depuis ce même vendredi 13 janvier 2012 de la dégradation du pays, voilà soudain le compte bancaire personnel intégralement saisi : les impôts bloquent toute entrée d’argent jusqu’à concurrence de la somme due. Cinq mille euros, ça ne se trouve pas sous les sabots d’un cheval !...
Pourtant les projets sont là.
Publier les Indignés dans leur propre langue traduits en français et en espéranto : leurs projets de société comme autant d’interventions dans le dialogue des peuples pour renouveler nos démocraties. Publier les Indignés au printemps, avant les élections. Pour agir sur nos contemporains, et, par-dessus tout, diffuser cette expression à nulle autre pareille.
Comment parvenir à cette publication, maintenant ? au-delà de cette saisie qui nous étouffe...
La réponse par une souscription, serait la plus belle des réponses, sans doute. Oui, si le nombre des participants solidaires le permettait. Ce qui reste possible.
Car, après tout (non : avant tout !...)...
L’association ABC’éditions – Ah, Bienvenus Clandestins ! – a dépassé l’année d’existence avec deux publications sur les quatre envisagées, puisque, depuis août, il a fallu suspendre les projets éditoriaux pour se concentrer (avec une angoisse croissante) au paiement de taxes qui n’avaient pas été prévues. Sans doute mal informé, parce qu’on travaille seul, sous le coup d’intuitions dont certaines peuvent se révéler hasardeuses, de belles certitudes confirmées aussi, notamment sur les échanges de pratiques artistiques entre diverses populations du monde, on travaille un peu hors-sol, sans diffuseur, à chercher les points de convergences entre personnes et artistes aux langues étrangères entre elles, et heureuses de se rencontrer, de chanter ensemble, d’inventer des écritures, des codes, des figures, des images que seuls quelques êtres au monde partageaient... – il n’y a rien à regretter, les livres sont un résultat dont on peut être fier. Et qu'il faut vendre, pour tenir, pour vivre, pour continuer la saison.
Voilà.
Par solidarité, pour permettre à l’association de vivre, quel lecteur achètera un livre bilingue chinois sur le théâtre du souffle (l’énergie du Qi) ? 10 euros.
La charte Mediapart tolèrera-t-elle l’impératif humain en même temps que culturel, sinon sociétal ? ABC’éditions est habilitée à recevoir des dons déductibles des impôts. Il nous faut tenir, passer cet hiver. L’entraide est nécessaire. Pour chacun, et pour tous. Cette nécessité que je percevais pour l’échange des arts d’ailleurs se réduira-t-elle à un rêve inabouti ? capable de passer à la trappe des pertes et profits de notre société azimutée par le jeu de dominos que nous imposent les pressions de la haute finance ?... Saurons-nous dépasser les contingences de trésorerie pour atteindre à des relations de plaisirs partagés : danser, chanter, cuisiner, écrire, lire, dire... aimer ?...
Jean-Jacques M’µ