Dirigée par Jean Monod, la nouvelle collection lancée par ABC’éditions Ah Bienvenue Clandestins ! propose une nouvelle lecture de l’histoire universelle, celle qui a commencé bien avant les États. La collection ÉCLIPSES se propose d’investiguer l’espèce humaine à travers ses zones d’ombre et les quelques temps d’éclipses historiques plus ou moins longues dont l’histoire officielle est criblée.
Les trois premiers volumes s’intituleront :
- OURANOS ou les trois fonctions de la religion dans l’État.
- CRONOS, de l’âge d’or au totalitarisme.
- APRÈS LE DÉLUGE. Du chaos à l’apocalypse.

Il s’agira pour l’auteur et son éditeur de laisser émerger d’autres exemples de la condition humaine que ceux qui ont étés produits par les constructions mythologiques, toutes doctrinaires, des pouvoirs en place qui se sont succédés depuis l’institution de l’histoire par les polythéismes puis les monothéismes jusqu’aux États laïques construisant à leur tour de véritables religions d’État. Une autre histoire universelle reste perceptible dans les sociétés sans États qui ont ponctué les périodes dites intermédiaires, notamment les trois empires de l’ancienne Égypte, ou les passages entre royautés et républiques, à Rome, mais aussi dans l’histoire plus récente des siècles passés, en France et dans le monde, à travers le passage de l’Ancien régime vers ce qui a été appelé les Temps modernes.
Pour présenter sa démarche, Jean Monod écrit :
La disparition de la religion dans un État (ou laïcité) est, de toutes les éclipses entendues dans ce sens historique, celle dont la brièveté est la plus assurée.
La collection ÉCLIPSES sera lancée lors des journées du dimanche 27 au lundi 28 septembre, où à 2h de la nuit aura lieu l’éclipse de lune 2015 avec la publication du premier numéro : OURANOS OU LES TROIS FONCTIONS DE LA RELIGION DANS L’ÉTAT.
À Gourdon dans le Lot (46300), l’auteur et son éditeur seront présents pour l’événement à la librairie éphémère du 6, rue du Majou,

La collection ÉCLIPSES engage un travail sur la constitution des États, moins pour exposer les différentes formes de gouvernements que pour mieux en cerner les modes d’exercice du pouvoir à travers leurs constitutions.
Il y avait au moins un an qu’avec lui nous étions de plus en plus nombreux à sentir l’impérieuse nécessité d’exposer à la connaissance de nos contemporains la collusion d’intérêts entre les pillards et les doctrines mises en place pour conforter leurs positions de domination.
Dans un État, la religion a trois fonctions :
- – la sacralisation du pouvoir,
- – l’aliénation des consciences,
- – la mythification de l’histoire.
Vue à travers ces trois fonctions, la religion apparaît au service de l’État.
Sommaire
Entrée L’urne d’Ouranos
- ère partie Donner un sens à l’histoire
- e partie Sacraliser le pouvoir
- e partie S’emparer de la conscience des hommes
- e partie Arithmétique des religions
- e partie Pour en finir avec le culte de l’État
Sortie Du ciel au temps
Abrégé d’une matière immense, ce livre ouvre le champ d’une véritable anthropologie historique libérée de la philosophie occidentale qu’a trop entravée le culte inconscient de l’État.
Après Du Pillage au don, co-écrit avec Diane Baratier, Jean Monod poursuit sa relecture des mythes de l’histoire, d’Hésiode à Clastres, en passant par Thucydide, Tite-Live, Machiavel, Spinoza, Montesquieu, Rousseau, Marx et les Iroquois.
Extrait :
« Depuis l’invention des religions d’États, la technologie est le moyen le plus efficace que les meneurs d’hommes aient trouvé d’enfermer leurs congénères dans des univers clos dont ils sont seuls à détenir les clés. Considérés du point où nous sommes arrivés aujourd’hui, les progrès de la technologie sont si stupéfiants que nous avons du mal à trouver ailleurs qu’en elle un point d’origine à notre histoire. L’histoire de la civilisation, comme l’histoire de l’homme, ne serait qu’une histoire de technologie. Pour donner toute la mesure de cette stupéfaction, je prendrai sans détour le contrepied des trois principaux mythes qui déforment notre vision du passé.
Ce qu’on appelle “histoire” ne commence pas avec l’écriture, mais avec les États.
Ceux-ci ne viennent pas des surplus de l’agriculture (ce mythe évolutionniste est à lui seul toute une religion), mais de bandes de pillards.
Ce qu’on appelle “civilisation” n’a pas commencé à Sumer ou en Égypte, mais existait depuis longtemps avant que les États ne fassent irruption.
D’où la question, une fois qu’on a vu que ces mythes tournaient tous autour du même point aveugle, les États : d’où viennent-ils donc ? »
Citation :
« Ouranos enterrait ses enfants pour être seul à régner. D’Ouranos (Uranus en latin) à la moderne urne électorale, l’enfermement imposé à des fils menaçants est devenu un auto da fe collectif aussi inconscient que volontaire. Cet auto da fe exprime éloquemment le fait que voter est moins un acte démocratique qu’un rite de désistement sacrificiel. D’où vient son efficacité ? D’où vient le pouvoir du mythe supérieur à la réalité ? »
Autre extrait :
« La principale caractéristique d’une conscience fabriquée est sa partialité. Étant partielle, elle a besoin d’une autre, semblable à elle, pour penser.
Exemple de conscience partielle. L’énoncé « L’homme est mauvais » ne tient pas seul : il lui en faut un autre pour s’assurer : « L’homme a besoin d’être commandé. » Mais cet autre énoncé à son tour est incomplet, et en suppose un troisième : « La nature est faite pour être dominée. » Assemblez ces trois énoncés, vous avez un cerveau tout programmé.
Le programme inscrit dans ces énoncés établit la légitimité pour les hommes mauvais de dominer la nature pour autant qu’ils soient bien commandés.
Un pareil projet de domination ne saurait venir d’une conscience libre ; il s’inscrit dans un système qui n’existe qu’imposé à des consciences partielles en chaîne.
Comme tout système, ce programme a un point faible, qui tient dans une simple question : « Si tous les hommes sont mauvais, qui donc peut être habilité à les commander ? »
À cette question, le système qui préside à la fabrication des consciences partielles en chaîne répond : « L’homme supérieur. » Les États ont fait leur religion de cette réponse. Ils reposent sur un système de pensée qui établit un écart absolu entre les hommes qui sont faits pour commander et ceux qui sont faits pour obéir. Les premiers sont en petit nombre, les seconds constituent la multitude. On pourrait objecter à cette religion d’État l’adage selon lequel « le pouvoir corrompt ». Doublement mauvais donc, l’homme mauvais qui accède au pouvoir, par nature et par corruption. Doublement illégitime.
À une pareille objection, l’État ne peut rien répondre. Seule la religion peut répondre que l’homme supérieur est celui que rien ne peut corrompre. Car elle seule peut définir cet homme supérieur comme « homme de Dieu ».
Sacralisation du pouvoir, aliénation des consciences, mythification de l’histoire : ces trois fonctions sont inhérentes à tout État. Indécelables au moment de la création des États, qui n’est qu’un maelström de violences, elles sont indispensables à leur conservation. »
Autre citation :
« Il n’y a que deux types de religion étatiques : – polythéismes (Sumer, Égypte, Babylone, Grèce, Rome, Inde, Mexique), et – monothéismes (judaïsme, christianisme, islam). Dans une religion étatique, le dieu souverain est un monarque. S’il ne réalise pas la concorde dans son domaine, à commencer par sa famille, c’est un tyran. »
OURANOS ou les trois fonctions de la religion dans l’État
de Jean Monod chez ABC’éditions Collection Éclipses
160 pages, format A5, illustrations noir et blanc, Paris 2015
ISBN 978-2-919539-08-6
12,50 €
