De cette belle promesse d’Hannah Arendt, Fabienne Brugel et Jean-Paul Ramat ont fait l’acronyme-programme de leur compagnie théâtrale, NAJE, créée en 1997 pour réunir une dizaine de comédiens professionnels au service de créations à sujets politiques avec quatre à cinq fois plus d’amateurs réguliers issus de toutes les couches sociales.
Depuis, leurs spectacles s’adressent, comme leur nom l’indique, à tous ceux qui n’ont pas perdu espoir.
Préalablement formés durant plus de vingt ans par Augusto Boal lui-même, et reprenant à leur compte des exercices d’éducation populaire en pratique au sein des CEMEA (centre d’éducation aux méthodes actives), Fabienne et Jean-Paul font partager à leur équipe élargie leurs recherches et leurs questionnements auprès de spécialistes des domaines sur lesquels leurs créations vont alors avoir à se fonder : le chômage et le néo-libéralisme (Les Mondes parallèles), la justice (Les Mondes rêvés), les sans-papiers (Les Étranges), la condition des femmes dans les entreprises (Faits minimes), le harcèlement au travail (Les Impactés), le réchauffement climatique (Ça va chauffer), la citoyenneté et l’école, la précarisation des conditions de vie...
Avec des titres comme Les Impactés ou Politique, NAJE aura pu ainsi représenter devant des assemblées de 1 500 personnes à Villepinte, 1 200 à Lyon, et parfois plus de 400 dans différentes autres salles.
On a joué cinq fois de suite à Chelles avec des salles de 700 personnes
La prochaine manifestation se tiendra sur le plateau du Théâtre de Chelles samedi 15 janvier 2011 à partir de 18h. D’une durée d’une heure, ce spectacle s’appelle LA FORCE DES GUEUX et sera suivi d’un forum, comme cela se pratique dans le théâtre de l’Opprimé depuis ses origines avec ARENA, au Brésil dans les années 1970, où de courts moments scéniques sont repris à l’attention des spectateurs qui peuvent intervenir pour proposer leurs propres réponses à la situation de crise (d’oppression) présentée.
Le théâtre de Chelles a une capacité d’accueil de 700 places !... C’est dire combien cette journée sera historique à plusieurs égards :
– d’une part l’inédit d’un théâtre de l’opprimé adressé à un public élargi au-delà des travailleurs sociaux et éducatifs, professionnels de la santé et de la culture, familiers et sympathisants des méthodes de ce type de théâtre d’intervention activiste ;
– d’autre part, la publication sous le même titre du texte représenté, dans l’espoir (c’est toujours d’espoir qu’il s’agit, entre la population et la création en jeu) dans l’espoir que d’autres productions soient l’occasion d’enregistrer sous forme filmée les forums qui prolongent le spectacle, car c’est perdre la spécificité de ce théâtre original que d’ignorer les propositions des spect’acteurs.