JJMU (avatar)

JJMU

Édition de livres, poésie engagée, littérature, éducation populaire, enseignement, formation, stages, ateliers d'écritures, théâtre de l’opprimé

Abonné·e de Mediapart

700 Billets

10 Éditions

Billet de blog 24 avril 2011

JJMU (avatar)

JJMU

Édition de livres, poésie engagée, littérature, éducation populaire, enseignement, formation, stages, ateliers d'écritures, théâtre de l’opprimé

Abonné·e de Mediapart

Laïcité, principe d’unité entre croyants et athées

JJMU (avatar)

JJMU

Édition de livres, poésie engagée, littérature, éducation populaire, enseignement, formation, stages, ateliers d'écritures, théâtre de l’opprimé

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un principe public dépasse tous les clivages personnels, communautaristes ou idéologiques. En celà, la laïcité est un principe public car elle renvoie toute question de croyance aux domaines du privé et de l’intime : le laïc n’intervient pas davantage sur l’athée que sur le théiste car l’intérêt de la communauté entière (toutes communautés confondues) se situe dans les solidarités collectives. Là se place le laïque, en pont (en point) de rassemblement, dans le faire (bien) vivre ensemble, très loin au-delà des intérêts de croyances ou d’incroyances, par-dessus toutes les querelles des divisions partisanes.

Jean-Jacques M’µ

« La laïcité ouverte est insultante »

Interview du philosophe Henri Pena-Ruiz

Par Béatrice Vallaeys pour Libération, dimanche 25 avril 2011.Opposé au débat lancé par la droite et l’extrême droite, le philosophe Henri Pena-Ruiz raconte la collusion du politique et du religieux à travers les âges. Et réaffirme les principes de la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’Etat.

La laïcité et donc les religions sont revenues sur le devant de la scène politique. Beaucoup a été dit et écrit qui plonge l’opinion dans une grande confusion. Sous prétexte d’un envahissement des musulmans pratiquants en France, la droite et l’extrême droite affirment nécessaire de redéfinir la laïcité. Une manipulation dénoncée par de nombreux intellectuels, qui craignent une remise en cause de la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État. Les Églises ne sont pas en reste, qui accusent le gouvernement d’une entreprise de stigmatisation de l’islam. «Double manipulation», s’insurge le philosophe Henri Pena-Ruiz, qui voit dans cet œcuménisme des religieux un stratagème pour rétablir leurs privilèges. En particulier pour récupérer un financement public, proscrit par la loi de 1905, celle qui définit l’État laïque censé gouverner la France, souvent malmenée au gré des politiques et de l’actualité.

« Tenons-nous en aux principes de cette loi qui est très claire, estime Pena-Ruiz. Elle dit que la religion n’engage que les croyants, l’athéisme n’engage que les athées, et la puissance publique doit faire vivre ensemble les croyants et les athées. Elle ne peut pas donner plus aux uns qu’aux autres. Si elle le fait, sous une forme symbolique de reconnaissance ou sous une forme pécuniaire, elle crée des privilèges. Voilà pourquoi il n’appartient pas au président en exercice de la République française laïque de dire que “la République a besoin de croyants”. Il aurait été aussi aberrant s’il avait dit qu’il est mieux d’être athée que croyant. »

Et qu’en est-il de la laïcité dite « ouverte » qui revient aujourd’hui dans le débat ? Explication de Pena-Ruiz :

« Dans son livre d’entretien avec le père Verdin, dominicain très antilaïque (1), Sarkozy appelle laïcité ouverte ou positive le fait que la puissance publique, laïcisée par la loi de 1905, doit réintroduire une meilleure considération pour les religieux. Et donc redonner un statut public à la religion. Pensez-vous que Sarkozy soit mystique ? La République qu’il défend est ultralibérale et il la dessaisit de ses missions sociales, qu’il a besoin de transférer au religieux sur le mode caritatif. On fait appel à la charité pour compenser les effets de la destruction des droits sociaux, des services publics, comme l’a fait Mme Thatcher en Angleterre. Ce principe de laïcité ouverte ou positive remonte aux années 60, il a été inventé par des théoriciens au sein de la Ligue de l’enseignement. Pour moi, cette notion est parfaitement insultante pour la laïcité tout court, car elle suppose qu’il pourrait y avoir une laïcité fermée. Quand on parle des droits de l’homme, on ne dit pas des droits de l’homme ouverts. De même, quand on défend la justice, on ne parle pas d’une justice ouverte. Toute l’histoire montre que ceux qui défendent la laïcité dite ouverte ou positive sont partisans de privilèges publics pour la religion. »

Une chose est sûre : l’histoire de la laïcité est faite d’allers et retours du politique et du spirituel, de progrès et de régressions, de luttes idéologiques qui font de la France un pays singulier. Notre philosophe, spécialiste de la question laïque, revient aux sources :

« À l’origine est un mot grec, laos, qui désignait l’unité d’une population. À ne pas confondre avec demos, c’est-à-dire la communauté des citoyens, et ethnos, l’unité d’une population selon ses traits, qui a donné ethnologie. Athènes reposait sur une quadruple exclusion : les femmes, les métèques, les jeunes gens et les esclaves. La communauté des citoyens était très restreinte comparée à la communauté du laos.

Laos rappelle que le peuple est un, avant de se différencier. Il n’est pas constitué de croyants, d’athées, d’agnostiques, le peuple est indivisible. »

(1) La République, les religions, l’espérance, de Nicolas Sarkozy, éd. du Cerf, 2004.

Par Béatrice Vallaeys pour Libération, dimanche 25 avril 2011.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.