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Billet de blog 25 septembre 2011

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DEHORS & DEDANS, nos curieuses représentations

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Billet dédié à Kakadoundiaye, en espérant le voir continuer ici et son combat et notre débat.

La place de celui qui vient d’ailleurs

Nos existences ressemblent étonnamment aux troubles de nos peuples. La belle et digne démonstration de Mammoud Abbas auprès de l’ONU au nom de la souveraineté de l’État palestinien le placerait à la dimension d’un Nelson Mandela si sa démarche internationale combattait la misère dans sa population. Ce qui est hélas démenti par les faits.

Dans un billet exhumé par une blogueuse, Kakadoudiaye avait, de longue date déjà, relevé l’obscure cécité de nos représentations quand on considère (à juste titre) le calvaire du peuple juif au cours d'une diaspora millénaire, sans que l'on aie jamais considéré pour autant (et là est notre tort) les non moins longues et cruelles diasporas imposées aux populations noires en Afrique, indiennes en Amériques, ou, encore, Sahraouies au Sahara occidental...

Cette cécité serait-elle une manifestation plus ou moins évidente de discrimations qui n'oseraient pas se dire ?...

Des préférences intériorisées

Depuis enfant, j'ai toujours fait le parallèle entre les différents mythes de guerres fratricides : Cain et Abel, Isaac et Ismaël, Rémus et Romulus... pour les plus connus, mais il y en a une infinité d'autres. Chaque fois, le sédentaire, celui qui a une terre, qui cultive, qui construit des murs, chasse le nomade, son frère, le sans toit, le sans droits, le sans logis. Chaque fois, sans pitié.

L'Israëlien de nos jours, sédentaire qui commémore chaque fois que possible à grands renforts d'événements médiathiques les souffrances et les humiliations de ses ancêtres, lors de leur errance passée (et du génocide nazi), peut-il donc continuer d’ignorer les Palestiniens, qui sont ceux-là mêmes qui sont privés de droits après avoir été chassés de chez eux ?... Ainsi peut-on voir les descendants d’anciens nomades devenus sédentaires ne pas hésiter à opprimer un peuple sans État, ghettoisé dans les tours à plus forte concentration urbaine du monde (voir la guerre de Gaza en décembre 2008-janvier 2009 comme une action génocidaire est recevable devant les tribunaux des droits humains).

Même mécanique chez nous :

- Nos populations, silencieuses dans leur grande majorité, marquent une certaine indifférence, ou une absence de réaction, face aux politiques xénophobes des gouvernements qui se sont succédés contre les immigrés et pour les expulsions, y compris de masse, comme on le voit avec les Rroms, notamment à Bobigny, ces dernières semaines : Bobigny ?... justement !... c’est une des villes à très forte densité d'immigrés de la seconde génération !...

- Les réflexes archaïques de peur face aux déploiements policiers et aux tracasseries administratives le disputent là à une volonté farouche de se crisper dans un comportement que les “Français de première génération” (concept grossier et inique, mais qui a le mérite de révéler le point de discrimination administrative) voudraient pouvoir éventuellement justifier d'une volonté d'intégration avec le pays d'accueil (concept mensonger et hypocrite au regard des dispositions xénophobes, mais qui a le mérite de signaler la responsabilité première de tout ce désarroi collectif) et que, en dépit de son échec intellectuel, la propagande sur l'identité nationale a su atteindre dans les aspects les plus sombrement irrationnels et émotifs qui soient, difficiles à démonter par le raisonnement argumenté.

- Parmi les vigiles, maîtres-chiens, agents de sécurité et d'accompagnement qu'on voit chasser le gitan avec cette implacable détermination, sans pitié ni état d'âme, beaucoup sont d'anciens Sans-papiers !...

Des espaces du dedans : pour quoi faire ?...

Je vois dans ces mécanismes un principe affectif archaïque, de repli sur soi et sur son monde connu, du cocon familial (appelons-le : LE DEDANS). Le sans droit, le sans logis, le sans existance, le sans parole est stigmatisé doublement : soit, ancien sédentaire exilé, il erre à la recherche d'une nouvelle terre où s'implanter, soit, réel nomade, il ne lui est pas permis de se localiser. Dans les deux cas, il reste hors des cadres de la protection des lois, il est maintenu ou rejeté : EN-DEHORS.

Je n'apprends rien à personne jusque là. Mais, quand on se demande la façon que nous avons d'aimer : la plupart d'entre nous font du lieu fermé (la maison, la chambre : qu'on va préparer exprès pour recevoir l'être aimé) l'endroit favorable aux démonstrations d'affection et de tendresse, d'acceptation et de tolérance.

Rares sont ceux d'entre nous qui, au contraire, pour donner libre-cours à leurs démonstrations d'affections, trouveront plus de plaisir, plus d'authenticité à se livrer à l'extérieur : peu d'entre nous vont à l'autre bout du monde aimer quelqu'un dont ils ne comprennent ni la langue, ni la culture, ni l'écriture !...

Ces réflexes très majoritaires, d'endogamie, sont exactement les ressorts des pouvoirs xénophobes. Et la majorité d'entre nous y cède sans y penser.

Les espaces extérieurs comme épouvantails-repoussoirs

À ce régime-là, les actuels débats de société, pour la présidentielle ou non, évitent soigneusement de pointer cette convergence d'intérêts entre les mesures les plus réactionnaires et une acceptation majoritaire, perçue peu ou prou « comme indifférente », et qui, en réalité, ne veut surtout pas vivre la « différence » d’un extérieur qu’on préfère éloigner, exorciser, expulser de soi.

Voili voilou voilà.

C'était mon quart d’heure, voilà pourquoi je me sens toujours mieux dehors que dedans (surtout avec un soleil comme aujourd'hui : du coup, je ferme l'ordinateur et je vais voir des amis, tiens !...)

Jean-Jacques M’µ

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