« Une ratatouille sans courgettes, c’est comme un baiser sans moustaches ! » avait soutenu une amie qui ne manquait pas d’humour.
Voire. Des baisers sans moustaches, j’en perçois de plus en plus autour de moi. Petite liste non exhaustive, que vous pouvez rallonger, et qui dépasse très vite, on va le voir, le strict cadre culinaire, pour ne pas manquer d’y revenir avec l’alimentaire car, après tout, l’essentiel ne réside-t-il pas AVANT TOUT dans la satisfaction de nos besoins ?... Si l’on réfléchit ne serait-ce qu’un peu au-delà des idées qu’on ne sait qui cherche à nous mettre en tête sans plus y penser que ça :
– du café sans caféine ;
– du sucre sans sucre ;
– de la bière sans alcool ;
– du cassoulet authentique sans plus aucun ingrédient issu du pays (authentiques étiquettes des conserves locales : haricots d'Amérique, tomate du Maroc, viande de Pologne, édulcorants, émulsifiants....) ;
– une sécurité sociale sans remboursements de soins ni remboursements médicaux ;
– une défense nationale pour attaquer les autres pays (Tchad, Rwanda, Afghanistan, Irak, Libye, Côte d’Ivoire, Mali...) ;
– une décolonisation avec implantation d’accords FrançAfrique au profit des multinationales françaises qui pratiquent l'accaparement des terres des autochtones avec l’aval des dirigeants locaux corrompus ;
– des impôts pour des services publics de plus en plus privatisés ;
– un festival d’Avignon sans éducation populaire ;
– une démocratie sans pouvoir réel au peuple ;
– des représentants du peuple ne représentant que leurs intérêts privés au profit des sponsors et des lobbies commerciaux et industriels ;
– un prix de l'électricité « le plus bas du monde » (sic !), mais en réalité écrasé de dettes non comptabilisées dépendant directement du nucléaire, ses déchets, ses propagandes, sa politique sécuritaire, sa technocratie...
– des aides financières qui écrasent de dettes et paralysent toute réelle audace dans les innovations et les nouvelles approches ;
– des droits humains sans humanité, où les droits du possédant s’imposent en dépit de toute raison et de toute considération humaine ;
– une tolérance allergique aux cultures différentes ;
– un respect toujours dû aux autorités, jamais à ceux qui doivent obéir ;
– une éducation sans éducation véritable, où l'on prépare les enfants à produire et consommer, sans penser à l’esprit critique, sans soutenir jamais ni la créativité ni l’inventivité ;
– des consultations citoyennes qui ne consultent jamais les habitants que pour leur dire ce qui les attend et les informer, les former comme si les habitants étaient incapables de discernement, de clairvoyance et de propositions alternatives ;
– des politiques d'emploi qui n'emploient pas, mais qui précarisent au contraire les employés ;
– un développement durable qui ne fait durer que les profits des multinationales, jamais celui des populations locales ;
– un PIB en pleine croissance appauvrissant un plus grand nombre encore de personnes ;
– une modernité revenant aux principes de l’Ancien régime ;
– une industrie sans ouvriers, une agriculture sans paysans, une société sans social ;
– une compétitivité sans compétiteurs, véritable cauchemar de Darwin, où les plus gros poissons grossissent toujours davantage en continuant d'avaler les plus petits, jusqu’au dernier, jusqu’à la fin finale, sans plus de faune ni de flore...
– un ministère du logement délogeant les locataires et expulsant ceux qui auront eu été écrasés de charges de toute nature ;
– une incitation à manger 5 fruits et légumes par jour, empestés de pesticides et génétiquement modifiés par les bons soins des zélés serviteurs de Monsanto, Unilever, Lipton, CocaCola qu'aucune institution, même sociale, même syndicale n’ose boycotter par crainte des protestations de leurs bases et de leurs sommets imbéciles...
– un bonjour qui n'a plus de jour que le nom, sans la météo de la saison, parce que la planète est bousillée par nos matières plastiques, nos effets de serre, nos productivismes, nos technologies pillant les terres rares et désertifiant les forêts, poumons de la terre, nos administrations pénalisant en les brévetant et les tarifant les germes vivants, l'eau, l'air et le soleil...
Jean-Jacques M’µ