Ce moment de soutien envers un édile pris pour cible avec sa famille, de façon absurde autant que violente, aurait dû être un temps d'apaisement, de dialogue, de dépassement des divisions politiciennes.
Il aurait dû élever le pays, et surtout pas opposer Nahel et Vincent Jeanbrun ce qui n'a aucun sens, mais affirmer que si société, nous devons faire, alors nous devons renoncer à la violence lorsque conflit il y a.
La démocratie bourgeoise, ou non, c'est la gestion des conflits par le dialogue, la délibération, et autre chose que la violence physique et létale, dont à la fois la famille Jeanbrun comme Nahel ont été les cibles.
Or, les discours que nous entendons, de la part de certains cadres sont marqués du sceau de l'indignité plantée comme des banderilles dans le cœur de la démocratie.
Ces discours politiciens, de certains cadres de la République, relayés dans des médias bien remontés et fascisants, aidés par une censure inédite des réseaux sociaux depuis 2015, ne sont là que pour diviser, manipuler une opinion épuisée, avec ce relent de revanche sociale, de chasse aux sorcières qui caractérisent les veilles de coups d'État et d'installation fascisante.
Entendre Ciotti dénoncer le rapport à la République, à la loi de ces jeunes qualifiés de barbares, de sauvages, alors qu'il déjeunait encore, à nos frais, il y a peu avec un ancien de ses "chefs" bracelet au mollet, pour lui éviter une prison pourtant amplement méritée rend la crédibilité du discours fort fragile.
Entendre un Préfet, fustigeant des familles condamnées à bosser comme des bêtes de somme, ou à n'être que des "rien", des gosses éjectés de l'École parce que cette dernière est accablée par les coupes budgétaires, et les lubies d'un pouvoir incertain s'agitant derrière la Présidence, sur le rapport à la loi et dans la même phrase appelant à ne pas respecter la loi de 2018... laisse pantoise. Le ton martial et l'allure de ce personnage l'exemptent-ils de respecter lui-même ce que le régime a voté ?
Un sentiment de dégoût se renforce dans la population. Le risque est évidemment que cette population réagisse par une division rêvée et fantasmée par le pouvoir.
Le risque est encore, qu'un nouveau mauvais coup soit porté par Macron à la démocratie.
La censure de ce week-end, annonce des essais de militarisation de la société qui ne trompent pas qui font échos à l'irruption dans les quartiers en révolte, de véhicules tout droit sorti des émeutes de Belfast 1972, de Watts, de Soweto ou des Township du Cap avant que Mandela remette en ordre l'Afrique du Sud.
Ce sentiment profond de dégoût s'accroit quand on s'aperçoit que le récit que tente d'imposer la horde réactionnaire minoritaire de ce pays, le bloc bourgeois, relève du mensonge et de la manipulation.
Macron et sa meute d'irresponsables encravatés, d'éditorialistes gavés dont l'obsession est la feuille d'impôt, ne se contentent plus de piller le pays, de faire les poches aux gens en les faisant trimer dans un silence qu'ils rêvent. Il ne leur suffit plus de cracher sur chaque mort que la police fait. Il ne leur suffit plus de jeter dans l'oubli chaque mort au travail.
Non, Macron et son régime nous prennent pour des cons, des mal appris, des incultes et des analphabètes.
À l'indécence de la logorrhée médiatique et celle du pouvoir, s'ajoute le mépris de classe.
Il est tout aussi important de redire que la situation actuelle ne se réglera par la violence contre des gens, et que donc, la violence contre ce Maire, contre cette famille est inacceptable.que de redire notre conscience que cette révolte qui a bousculé un pouvoir en panique, et avec lui, les privilégiés "rétablis" de ce pays, est partie intégrante de celle qui comprend les Gilets Jaunes, puis les retraites, puis le mouvement climat. Que cette jeunesse qui a été fracassée à Sainte Soline, dans les rues de Paris 2019, dans le mouvement des retraites, cassée par Parcours sup, cassée dans ses APL, par la faim lors du COVID, par la prostitution trop jeune, c'est la nôtre. C'est la jeunesse de la classe ouvrière et productive de ce pays qui s'est soulevée.
Nahel c'était un de ses fils. L'Etat via la police n'avait pas à le "shooter", n'avait pas à le frapper, et n'a pas non plus à le salir, à le désigner comme un indésirable improductif.
Jeanbrun et sa famille, n'avait pas à faire les frais d'un assassinat qu'ils n'ont pas commis.
Cette journée aurait pu être radieuse. Elle se solde par le dégoût de ce spectacle d'une société mise en pièce par Macron et ceux qui refusent violemment, et brutalement, de contribuer selon leurs moyens, à la charge commune qui incombe à une société dont ils exigent tout et plus que tout, et à qui ils refusent tout.
À refuser la lutte des classes, en la dévoyant pour se conformer aux inepties du marketing politique, la gauche installée expose toute la population en la divisant aussi, dans une concurrence absurde, à la vindicte bourgeoise et réactionnaire, après un nouvel épisode de panique de voir ses privilèges ahurissants, découverts, sa corruption mise en lumière, et d'en perdre l'usufruit.
Seule la démocratie peut éviter un nouveau Nahel, un nouveau Jeanbrun. C'est le chemin inverse que ce pouvoir, que Macron choisissent aujourd'hui.
Il est donc temps, il est urgent, que la "gauche" dans toutes ses composantes, avec les syndicats, les associations, les élus, donnent enfin la parole aux gens. C'est eux qu'on insulte au travers de ces braiments indignes dont nous bassine une grande partie des médias.