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Billet de blog 3 novembre 2025

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LFI et la fascisation

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le RN vient de faire adopter un texte à l’Assemblée avec le soutien de la droite. Ce n’est pas un accident. C’est une étape. L’extrême droite teste l’exercice du pouvoir ordinaire. Et la société reste sans réaction organisée. Pas de mobilisation. Pas de structure. Pas de contre-pouvoir.

Dans ce vide, LFI répond par l’élection. Mélenchon parle de « nouvelle France », de présidentielle anticipée, de VIᵉ République. Il dit que le pays est à nous. Il affirme que le peuple est prêt. Mais rien n’est construit pour le prouver. Le vote comme seule arme. La tribune comme seule scène. L’État comme seule stratégie.

Pendant ce temps, l’appareil d’État se verrouille, les budgets d’austérité tombent, la droite parlementaire s’aligne sur le RN. Et la ligne reste la même : gagner l’élection, réécrire les institutions, gouverner par le haut. C’est une social-démocratie durcie. Sans mouvement social autonome. Sans structures populaires. Sans stratégie d’affrontement social.

Lordon met le doigt sur le point central. On ne parle jamais de propriété. Ni de souveraineté dans le travail. Ni du pouvoir dans l’entreprise. On prononce « anticapitalisme » sans toucher au capital. On dit « peuple » sans organiser les travailleurs. On remplace la lutte sociale par la pédagogie et la communication. La radicalité devient posture. Le conflit devient slogan.

La trajectoire internationale est connue. Tsipras : la négociation impossible. Podemos : les cercles vidés de leur substance. Maduro : le peuple invoqué sans communes populaires. Die Linke : l’oscillation sans implantation ouvrière. Sanders et Corbyn : l’imaginaire socialiste sans la force sociale pour l’imposer. LFI en reprend la forme, pas la base matérielle.

On peut imaginer une victoire électorale de LFI. C’est plausible. Ce n’est pas la question. La question est : que se passe-t-il le lendemain ? Le capital organise sa riposte. L’État administratif aussi. Les médias. Les marchés. Les forces de sécurité. Sans société organisée, sans syndicats renforcés, sans comités de base, sans caisses de grève, le pouvoir tombe ou plie.

Aujourd’hui, la société n’est pas organisée. Parce que LFI ne croit qu’au pouvoir par en  haut, par l'Etat, selon la sainte trilogie - prise de pouvoir, socialisme par l'Etat réformé- pour arriver à autre chose, que Lassalle nommait communisme. Purgatoire paradis, comme au catéchisme. Parce qu’elle pense conquérir l’État avant de construire le peuple. Parce qu’elle refuse le conflit social comme méthode. Parce qu’elle confond majorité électorale et force collective. La rue, les lieux de travail, les services publics, les territoires restent en friche politique.

Le risque n’est pas l’échec électoral. Le risque, c’est la victoire sans pouvoir réel. C’est l’arrivée au gouvernement sans l’appui social capable de tenir. C’est un Allende sans cordons industriels. Un Syriza sans soviets de quartier. Un Podemos sans cercle. Un Sanders sans syndicats. C’est l’illusion d’un peuple sans organisation.

Le PTB montre une autre voie : implantation lente, discipline collective, formation militante, présence ouvrière. Pas de magie électorale. Pas d’homme providentiel. Du bâti patient. C’est le contraire du réflexe bonapartiste. C’est le contraire du réflexe social-démocrate.

Le jour où la rupture sera possible, il faudra des forces. Pas seulement des voix. Et pour l’instant, la force manque. Parce que rien n’est construit. Et qu’un bulletin de vote ne construit rien.

La question n’est plus : comment gagner la prochaine élection ?
Mais : comment repousser la fascisation ?

Et ça, ça ne se construit pas par les urnes. Cela commence par des fondations solides dans la société. Le PTB, sur sa structuration, montre l’exemple en Belgique

Jean-Luc Mélenchon : « Nous ne sommes plus sur la défensive, ce pays est à nous tous » - Mediapart

La France insoumise est-elle anticapitaliste ?, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 3 octobre 2025) - Le Monde Diplomatique

Fascisme. Fascisation. Antifascisme. - Contretemps

Le fascisme gagne-t-il la France ? Entretien avec Ugo Palheta - Ugo Palheta

Johann Chapoutot : "Il y a une forte demande d'élucidation historienne" - France Inter

«Contre les irresponsables», par l’historien Johann Chapoutot - Libération

Lutte contre l'extrême droite : à Épinal, Stefano Palombarini présente le livre de l'Institut La Boétie - L'Insoumission

Entretien avec Peter Mertens PTB : « Développer toutes les mutineries contre la classe dominante » - Politis

unehistoireduconflitpolitique.fr - Histoire du Conflit Politique (Julia Cagé et Thomas Piketty)

À droite toute ? - La Vie des idées - à propos de l'ouvrage de Vincent Tiberj Vincent Tiberj, La droitisation française. Mythe et réalités, Paris, Puf, 2024, 335 p., 15 euros.

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