
La difficulté majeure rencontrée par le FDG pour fédérer un front du peuple déterminé, est d'abord le mal qu'il a de délimiter le champ politique dans lequel il se situe, ainsi que les formes de lutte, qui font la matrice des pratiques populaires, dans leur rapport à l'infrastructure, et à la superstructure.
La question des micros pratiques est encore très loin d'être évoquée par la Gauche non libérale française, or, c'est à travers elles que se noue la nouvelle identité de peuple qui a pour le moment, dans un contexte de lutte contre une oligarchie, contre une caste plutôt qu'une classe, supplanté l'appartenance de classe.
Ces micro pratiques, c'est l'ensemble de ces gestes, de ces relations des gens entre eux, ces pratiques que chacun met en oeuvre pour continuer d'exister dans l'infrastructure, alors même que le statut social est détruit, par le chômage, par l'exclusion de la consommation. Elles se glissent dans les rapports aux services de cadrage social ( services sociaux, pôle emploi, institutions locales, école, etc), dans les rapports aux arrières cours des lieux de consommation dès lors que l'achat n'est plus possible, ou quand il est largement réduit, ce sont aussi ces rapports aux ONG solidiares, sans oublier les réseaux de solidarités entre individus et tous ces liens qui se nouent dans l'adversité pour rester en vie, physiquement et socialement sans perdre sa dignité. Cela va bien au delà du racisme, de l'homophobie, du rapport homme femme et de ce que vous décrivez comme sociétal.
Si PODEMOS réussit en un an à fédérer dans chaque village d'Espagne, au delà des régionalisme, c'est qu'il a mis en lumière ces aspects occultes de la lutte, en mettant en dialogue la vraiie diversité, la vrai mosaîque que constitue le peuple et par delà la classe populaire ( plus que classe ouvrière). Si SYRIZA a pu enfoncer les portes du pouvoir, c'est que ces pratiques devenaient dominantes par l'exclusion massive de la consommation et du travail de toute une partie du peuple et que ces micros pratiques constituaient l'essentiel des pratiques des gens à fédérer.... et que le mode d'organisation des groupes de SYRIZA s'appuyaient sur le temps que dégageaient ces pratiques sociales transcendant étayant le sociétal.
Les luttes d'antan s'appuyait sur une organisation portée par le travail de masse... qui n'existe plus aujourd'hui. Dès lors les micros pratiques allaient de soi, sans besoin de redéfinition particulières, les syndicats eux mêmes n'ayant pas besoin de les repréciser.
Dans un contexte de division des pratiques sociales, il est essentiel de faire ce travail d'éclaircissement, de définition, d'identification des pratiques populaires communes, pour installer la lutte dans un référent commun linguistique, pratique, sémantique, qui fédèrent ce que le libéralisme à fragmenter plus que segmenter.
La lutte passe par le débat, sous toutes ses formes. Si le prolétariat pouvait se passer du LUMPEN PROLETARIAT sous MARX, aujourd'hui le peuple ne peut plus se passer de la masse éjectée des pratiques sociales reconnues. Il faut aller au delà, pour consolider le Front du Peuple, celui qui enfoncera les portes du pouvoir.