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Robert Badinter avait prononcé son célèbre discours contre la peine de mort le 17 septembre 1981 au Palais Bourbon. [PIERRE GUILLAUD / AFP]
Badinter en abolissant la peine de mort, en dépénalisant l'homosexualité, a non seulement fait sortir la France de ces deux barbaries, mais aussi, conclue le caractère révolutionnaire du régime bourgeois français. Il ne pouvait y avoir à sa suite, qu'une longue dégradation, et la contre-révolution néolibérale que nous n'avons pas fini de subir, avec la destruction, dans le souffle de sa dégénérescence, de la biodiversité, condamnée à mort par le capitalisme. Badinter a su universaliser l'abolition, qui n'a fait que progresser depuis 40 ans, jusqu'à ces derniers temps, où la fascisation d'un certain nombre d'États annonce un tournant.
En cela, l'envergure de Badinter, en tant que dernier géant de la politique bourgeoise, est sans égal désormais en France. On mesure d'ailleurs le fossé immense, le gouffre, entre un Badinter et tout ce qui grouille au pouvoir et dans l'État. Badinter avait cette noblesse de la bourgeoisie révolutionnaire qui portait en elle, des abolitions telles que celle de l'esclavage, de la peine de mort, du servage, à l'unisson avec le peuple, les travailleurs des manufactures et de la terre, ainsi libérés du féodalisme.
Badinter dit un jour, sur un plateau télé, qu'il se voyait en renard épris de liberté, au point de laisser sa patte dans le piège afin de se libérer.
Il n'y a plus guère que dans les peuples, que les "renards" continuent d'exister. Et c'est à eux, qu'il revient de poursuivre l'héritage de l'après domination bourgeoise. Car sans des Badinter, des Robespierre, des Condorcet, des Marat, alors, à bien lire Marx, le communisme n'existerait même pas en rêve.
Robespierre, Hugo révèrent la fin de la peine de mort et de la toute puissance de l'État, ainsi que la fin de l'avilissement social par ce résidu barbare là. Badinter l'a concrétisé. Il l'a fait. C'est en quoi Badinter est un grand de l'Histoire.