Nous sommes à dix ans de là...
J'ai le souvenir de ce France-Allemagne où se trouvaient mes fils et puis, perte de contact, les flashs sur les premiers tirs, les premiers morts, et la dégringolade jusqu'à la terrasse du Cambodge, et puis le Bataclan... J'ai réalisé qu'on pouvait être très loin de ses proches, et que la géographie n'était pas seule en cause.
Ensuite, parmi les gens avec qui je travaillais dans les Landes, des gens qui me racontaient leur aversion, leur sidération, leurs larmes, après avoir perdu des jeunes qui assistaient au concert ce soir-là... Des jeunes de l'âge des miens, qui eux s'en étaient sortis, en me disant qu'ils avaient mis du temps à réaliser la situation au cœur de laquelle ils étaient. À un virage du stade, la situation avait basculé, pendant que l'autre regardait le match.
La France en a pris un sacré coup ce soir-là. La réponse a été terrible, avec son exacerbation de l'islamophobie, et tous les prétextes pour casser les libertés publiques et individuelles, avec l'état d'urgence, les mesures racistes, l'encouragement à un racisme systémique, une militarisation de la police, avec une déontologie d'État en cours de fascisation. Nous avons eu le paroxysme sous "le confinement" état de guerre, déclarations délirantes du pouvoir retranché dans le "secret" d'un conseil de défense "public-privé" ne rendant aucun compte démocratique.
Le Bataclan a été un carnage, mais les pouvoirs Hollande-Valls, Macron-Philippe et les autres ont aggravé la situation de la jeunesse, fauchée par les AK-47 des assassins djihadistes, sponsorisés entre autres par Lafarge et ses cadres d'extrême droite... Ambiance.
On "commémore", et Macron affectionne ces postures ridicules, morbides, mortifères, où il raconte le contraire de ce qu'il fait réellement.
Le confinement fut une lourde atteinte à la liberté des jeunes. Faut-il rappeler que l'immense majorité des éborgnés, tués par les "forces de police", furent d'abord des jeunes sous Macron. Que deux ans après le Bataclan, Macron a décidé d'amputer les APL, que vint ensuite Parcoursup pour pourrir la vie des jeunes et l'enliser, l'enchaîner dans une compétition asymétrique pour tout : l'emploi, un stage, un logement, etc. La fascisation accélérait après les professions de foi racistes et coloniales d'un Valls ou d'un Hollande.
Ce qu'on commémore est évidemment un massacre sans nom, et nous pensons tous aux victimes. Mais nous sommes aussi devant un nouveau mur, frangin du Mur des Fédérés, où toute une jeunesse paie le prix et des attentats et des politiques sécuritaires qui ont suivi, et des oligarques qui se gavent de cette mise au pas où l'extrême droite profite de ce carnage du 13 novembre 2015 et de cette période glauque.