Le vote au perchoir a donné lieu à un pur vote de classe, avec un bloc bourgeois et ses vigiles de service - le RN - bien synchronisé, contre le vote du pays.
C'est bien la minorité sociale de ce pays, celle qui refuse les augmentations de salaire, les droits des travailleurs et salariés, qui a saccagé la santé, les services publics dans leur ensemble, qui condamne les classes populaires à la paupérisation, qui a saccagé les retraites et la démocratie, qui envisage d'en faire de même avec la sécu, qui a voté d'un bloc, pour Braun-Pivet qui fut une des artisans de la démolition démocratique, et la mise en joue du pays à la fois par la bourgeoisie libérale, et par le RN.
Trotski écrivait en 1931 : "Les bourgeois ont horreur des méthodes fascistes, comme l'homme qui a mal aux dents déteste qu'on les lui arrache".
Ce vote avec une gauche "raisonnable", c'est-à-dire combative et consciente de ses responsabilités, des enjeux, de l'oppression dans le pays, ouvrirait la voie à un aggiornamento, hors de l'enclos bêlant de la social-démocratie qui nous a amené Macron, et d'autres spécimens de ce genre, qui ont tous leur place dans l'entre-deux-mondes de Gramsci, qui pourtant ne nous avait pas, pour ne pas "noircir" le tableau, parlé des fantômes...
Ceux qui ont envoyé des millions de gens à la soupe populaire, vont à la soupe du bloc bourgeois ce jour, pour rester perchés.
Le non-retrait de Chenu a permis de sauver les apparences. Braun-Pivet qui n'aura eu de cesse de louer chaque fois qu'elle l'a pu, le RN, n'aura pas eu besoin de salir sa réélection bétonnée, par le vote de 17 ministres, dans un parfait déni de la victoire du NFP le 7 juin. Macron a inventé le match nul dissymétrique.
La "démocratie bourgeoise" qui nous donne, ce soir, un bien sinistre spectacle en 2024 : vitrification d'un peuple à Gaza, simulacre démocratique en violation de la constitution pour voler l'élection en France, Biden totalement décati, assigné à résidence pour "COVID", von der Leyen reconduite à la tête de l'UE, malgré sa corruption, une Présidente anti-avortement à la tête de cet ersatz grandiloquent de parlement de Strasbourg.
On aurait pu ce jour commémorer le martyre espagnol, 88 ans du coup criminel de Franco, célébrer Mandela, dont c'est l'anniversaire ce jour, mais non... Nous actons aujourd'hui, la combinazione du système qui 19 ans après 2005, rafle le vote citoyen "en prolongation" (troisième tour)... Après des mois de propagande faisant des fachos de gentils républicains philosémites, les complices du génocide à Gaza raflent également l'Assemblée.
Il aura donc fallu assister et subir un simulacre de démocratie, savamment orchestré, qui annonce le vol 19 ans après 2005, de la victoire populaire du 7 juillet 2024.
C'est ce vol dont parle Vallaud, évidemment, avec son laïus énumérant le triumvirat, qui s'impose au pouvoir, après une légère parenthèse dans la fascisation en cours. Clarifions donc son propos : ce vote au perchoir a été la réponse par un vote bourgeois, en bloc organisé, contre le vote démocratique, pour une des cadres de la Macronie, battue aux Européennes, battue dès le premier tour des législatives.
Macron avec sa grenade dans les pattes, voulait punir les Français. Il va pouvoir s'en donner à cœur joie désormais, avec une classe politique soumise d'un côté, choyée d'un autre côté (l'extrême droite dont Macron parle la langue en privé), éparpillée et divisée de l'autre (la gauche parlementaire dominée par l'hégémonie petite-bourgeoise qu'un grand leader "intellectuel" nomme le nombre).
Au passage, le bloc bourgeois à l'unisson pour soutenir "sans réserve" le pouvoir israélien fascisant, composite rassemblant un patchwork de minorités infimes, additionnées à une majorité relative Likoud, se retrouve dans une configuration analogue. Ce vote, c'est "battus de la bourgeoisie unissons-nous" contre la démocratie, contre le résultat de la mobilisation gagnante du 7 juillet.
Nous avons entendu et répété, toute la campagne des législatives, lorsque la gauche s'est réveillée en sursaut, pressée par "les gens" que le fascisme on savait quand il arrivait au pouvoir, on ne savait pas quand il le quittait...
Eh bien, passé ce funeste jour pourri, il va falloir retenir 3 ou 4 choses basiques :
1) Le nombre n'explique pas l'effondrement social, environnemental, démocratique actuel ni en opposition, le mouvement social qui se joue partout dans le monde. Ce vote est un vote de classe, du bloc bourgeois depuis le centre qui a échoué en perdant l'élection à mettre l'extrême droite au pouvoir.
2) On sait quand Macron a pris le pouvoir avec sa clique de DRH, de profiteurs et de privilégiés. Par contre, nul ne sait quand il dégagera, et nul ne peut jurer qu'il dégagera par des voies légales. Son petit scénario, avec la complicité d'un Conseil constitutionnel fantoche, en dit long, sur sa capacité à pervertir tous les usages démocratiques, aussi rares soient-ils désormais.
3) Macron a tellement eu la pétoche le 7 juillet, qu'il poursuivra son idée de punir les "rien"... Et il n'hésitera en aucun cas, à s'allier tout ce qui passera à portée de sa main, parmi la petite bourgeoisie.
4) LFI et PS s'opposent. Cette opposition nous coûte cher. Le PS toutefois, vise bien Matignon, quand LFI en fermant la discussion indique son obsession présidentielle, après ses errances récentes lors des Européennes.
Ce soir, la gauche est humiliée, et elle le doit à son inconsistance, à son inconséquence, son indiscipline et à son ambiguïté de classe, qui se traduisent par le leadership donné à une caricature comme Glucksmann dont les appartenances ont été aussi nombreuses que douteuses. Chassaigne l'est aussi. Il paie aussi ses inconséquences, ses racines idéologiques staliniennes, son aptitude à ramper et ses tendances identitaires qui ont perdu le Parti, et envoyé Roussel dans le décor autant que son ignorance de ce qu'est un travail sérieux, non seulement en politique mais aussi en tout. LFI a quant à elle, ces derniers jours, à la fois choisi la Vème, la Présidentielle, et fait l'impasse sur Matignon, se défilant, en vérité, contre la mobilisation populaire, devant le pilonnage dont elle est l'objet.
Ces classes populaires qui ont essuyé la maltraitance macroniste, subissent la répression, la division au nom de la carte d'identité, des tests "d'âge", qui se sont mobilisées avec les Gilets Jaunes sous la risée du beau monde siégeant aujourd'hui, et parlant à leur place, mobilisées aussi contre la destruction du droit du travail, pour la Palestine, les retraites, pour LES faire élire pour contredire la propagande chiffrée des sondages arrangés, et le vacarme indécent des éditorialistes truqueurs, menteurs, ces classes populaires méritent autre chose que ce bordel digne peut-être des étals d'oignons du Marché de Brive ou de Tulle, mais pas de leurs luttes.
Il y avait du monde dans les rassemblements ce jour. La pression continue, et il va falloir l'accentuer.
Et pas qu'un peu.

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