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Billet de blog 20 mai 2024

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Iran : Quand le boucher Raissi tombe de haut !

L'UE s'illustre une fois de plus, en adressant ses condoléances au régime sanglant de Téhéran après la mort de Raissi et de son ministre des affaires étrangères, dans un crash aux confins du pays.Raissi était un sinistre boucher.

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HUMAN Right Iran

Ebrahim Raïssi, décédé dans un accident d'hélicoptère le 19 mai 2024 à l'âge de 63 ans, était un religieux chiite ultraconservateur qui a occupé les plus hautes fonctions au sein du régime iranien. Élu président en 2021, il était considéré comme le protégé de l'ayatollah Ali Khamenei, dont il a suivi les cours de religion et qu'il était vu par certains comme un possible successeur. Surnommé "le boucher" pour avoir supervisé des milliers d'exécutions extrajudiciaires dans les années 1980, Raïssi a poursuivi une politique de répression féroce envers les opposants au régime durant son mandat présidentiel.

Raïssi avait acquis une réputation de "boucher" pour son rôle dans les exécutions massives d'opposants politiques dans les années 80, lorsqu'il était procureur adjoint à Téhéran. Il a participé au tristement célèbre "comité de la mort" qui a condamné sommairement des milliers de prisonniers à la peine capitale après des procès expéditifs. Bien que niant son implication, il a rendu "hommage" à l'ordre donné par Khomeini.

En tant que président depuis 2021, Raïssi a poursuivi une politique de répression féroce envers toute forme de dissidence. Sa présidence a été marquée par une recrudescence des exécutions capitales, avec plus de 600 pendaisons en 2023 seulement, un record en 8 ans. Il a également ordonné une violente répression du mouvement de contestation déclenché fin 2022 par la mort de Mahsa Amini, faisant des milliers d'arrestations et des dizaines d'exécutions sommaires de manifestants.

Se présentant comme le champion de la lutte contre la corruption, Raïssi promettait de rétablir l'ordre et la discipline au sein de la société iranienne. Cependant, les réformateurs doutaient de ses promesses de liberté d'expression. L'image d'Ebrahim Raïssi en Iran était celle d'un ultraconservateur intransigeant, fidèle à la ligne dure du régime et prompt à réprimer toute contestation par la force

La réalité est que Raissi et sa théocratie thanatocratique, sont la façade d'une ploutocratie qui s'abrite derrière la violence d'un régime inique.

Les mollahs, ces religieux chiites qui détiennent le pouvoir politique et juridique en Iran depuis la révolution islamique de 1979, ont progressivement laissé s'installer une classe de riches et de privilégiés au sein du régime. Comme l'explique Farhad Khosrokhavar, sociologue iranien: 

"Les riches du régime ont réussi par des passe-droits, par le clientélisme, par le bakchich et par une corruption répandue, à s'enrichir de façon indécente."

Pendant ce temps, un tiers de la population iranienne vit sous le seuil de pauvreté selon l'ONU, les classes moyennes s'appauvrissent et la situation économique et écologique se dégrade.

Cette ploutocratie s'est constituée grâce aux réseaux d'influence et aux passe-droits accordés aux proches du pouvoir, qui ont pu s'accaparer les richesses du pays. Les fondations caritatives religieuses comme l'Astan-e Qods Razavi, dirigée par Ebrahim Raïssi de 2016 à 2019, sont également des instruments de cette captation des richesses.Ainsi, derrière le voile de la théocratie des mollahs se cache un régime ploutocratie dominé par une oligarchie fortunée et corrompue, tandis que la majorité de la population s'appauvrit. Cette réalité alimente la contestation populaire en cours en Iran.

Sous la direction de Raïssi, n ultraconservateur et  protégé de l'ayatollah Khamenei, l'Iran a connu une recrudescence des exécutions capitales. En 2023 seulement, plus de 600 personnes ont été pendues, un record en huit ans. De nombreux militants des droits humains et de la liberté d'expression ont été exécutés sommairement.

La répression s'est également intensifiée contre le mouvement de contestation déclenché fin 2022 par la mort de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée par la police des moeurs. Des milliers de manifestants ont été emprisonnés et des dizaines exécutés dans le cadre de la violente répression ordonnée par Raïssi.

La répression assassine également nombre de militantes et militants kurdes, conjointement aux persécutions turques. 

Pendant que l'UE adresse ses condoléances à cet assassin et sa clique, rappelons qu'elle reste totalement silencieuse, quand meurent par dizaines les militantes et militants kurdes et iraniens dans les geôles des boureaux, au bout d'une corde le plus souvent quand ils ont survécu à la torture.

Warisha Moradi et Pakhshan Azizi sont deux militantes kurdes iraniennes incarcérées dans la tristement célèbre prison d'Evin à Téhéran. Elles observent une grève de la faim depuis plusieurs semaines pour protester contre les exécutions de prisonniers kurdes en Iran. 

Warisha Moradi et Pakhshan Azizi font partie des nombreux militants kurdes emprisonnés pour avoir dénoncé les violations des droits de l'Homme et revendiqué plus d'autonomie pour leur peuple

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photo kurdistan Féminin

Depuis le 4 avril 2024, Moradi et Azizi protestent contre les exécutions capitales visant particulièrement les prisonniers kurdes. Leur action s'inscrit dans un mouvement plus large de grèves de la faim menées par des détenus dans diverses prisons iraniennes.En rejoignant ce mouvement hebdomadaire baptisé "Les mardis contre les exécutions", les deux militantes kurdes entendent dénoncer le recours systématique du régime iranien à la peine capitale pour réprimer toute dissidence.

Malgré les risques pour leur santé, Warisha Moradi et Pakhshan Azizi poursuivent leur grève de la faim dans l'espoir de faire entendre la voix du peuple kurde et d'obtenir l'abolition de la peine de mort en Iran

Illustration 3

photo kurdistan Féminin

Malgré son lourd bilan en matière de droits humains, le régime iranien a assuré que le décès de Raïssi ne perturberait pas "l'administration du pays".

La Constitution prévoit qu'il soit remplacé par le Premier vice-président.

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