ARTICLE DE DIE ZEIT (24/07/2015)
YANIS VAROUFAKIS
romantiques contre pragmatistes
Yanis Varoufakis dit dans un nouveau livre à son enfant pourquoi les Grecs ne peuvent rien à leur situation.
PAR ADAM SOBOCZYNSKI
L'ancien ministre des finance YANIS VAROUFAKIS publie un petit livre adressé à sa fille, " TIME OF CHANGE" ou : Comment puis-je expliqué à ma fille l'économie ou expliquer les questions prétendument complexes en termes simples.
L'explication tourne finalement autour d'une petite histoire. Varoufakis imagine que le soir se couchant sur EGINE, le soleil plonge dans la mer, et qu'ils vont rencontrer des amis sur la plage pour y manger. A côté de la taverne le vieux capitaine Kostas a amarré son bateau, mais il a un problème. L'ancre s'est ensablée, et la chaîne est brisée. Kostas demande à la fille de Varoufakis de plonger dans la mer de tirer un nouveau câble à travers la chaîne d'ancre. Il aimerait le faire lui-même, mais avec ses rhumatismes, son grand âge, il ne le peut pas.
Bien sûr, la fille Varoufakis plonge naturellement dans l'eau, car elle est fiere d'être l' «héroïne du moment". Le saut avait pour elle la valeur que donne la vie, pas la valeur d'échange, explique son père. Sa fille (bien élevé) n'attend rien en retour de son petit geste - parce que l'homme est bon en soi, si la société de marché ne lui a pas transmis son côté laid. Malheureusement, explique Varoufakis, nous vivons dans un monde dans lequel les valeurs d'échange l'ont emporté sur la valeur de la vie, nous vivons dès lors dans un monde cynique de sorte que tout est mesuré selon les critères du marché.
Cela n'a pas toujours été le cas : Dans les temps anciens alors aucun poète n'aurait eu l'idée de vendre aux enchères l'armure dans laquelle Achille avait trouvé la mort - ni celle d'Ajax, ni celle d' Ulysse. Aucun n'était intéressé par la valeur marchande des armes, mais par leur valeur symbolique, leur valeur "de vie". A l'origine la prédominance des valeurs marchande n'apparaît ,d'après Varoufakis, seulement avec le développement des sociétés du marché.
Dans le sillage de la révolution industrielle en Grande-Bretagne, les agriculteurs ont été privés de leurs sols et transformés en serviteurs modernes sur le modèle des travailleurs d'usine. Tant le travail humain que les outils et les machines ainsi que les terres ont été commercialisés. Auparavant, ces trois composants étaient des biens. On comptait sur ces biens pour miser sur le futur. Il y avait un système bancaire, et avec lui des taux d'intérêt et la dette, qui permettaient de prévenir les accoups économiques et les plantages réguliers, et on cherchait à éviter que l'Etat ne s'enlise irrémédiablement dans la dette. En bref, la course sinistre du capitalisme moderne et du service bancaire a commencé et cette course a été gagnée, comme l'illustre la faillite de l'Etat grec. L'Etat grec a été infecté par "le germe du mal», une sorte de «magie noire, à savoir le système bancaire" introduit à l'intérieur par le capitalisme moderne.
Aujourd'hui, le stress est pire qu'avant, la qualité du travail s'amoindrit : ". Nous courons comme des hamsters dans une roue qui tourne de plus en plus vite, mais nous conduit nul part" et accessoirement les âmes sont malmenées parce qu'on vit avec l'arrière-pensée d'un espoir du retour de l'époque du plongeon gratuit pour KOSTAS.
On dit que VAROUFAKIS a fait un long cours sur les bases de l'économie à ses partenaires de négociation jusqu'à provoquer leur coup de sang. Alors que la Troika lui demandait des chiffres et des économies budgetaires et des propositions de réforme, le ministre les ramenait systématiquement aux fondements économiques de l'économie grecque. Fondamentalement, il est important de savoir ce que Varoufakis explique à sa fille :
Depuis que les banquiers ont tendance à surendetter des sociétés entières, et que la «dette est devenue insoutenable pour le futur, alors, il n'y a qu'une seule issue: accepter que la dette se déprécie " de façon ordonnée, pour enfin permettre de retrouver une GRECE remotivée, décidant de son propre destin, fière.
La dette de l'Etat ou de la société s'explique dans l'histoire économique parVaroufakis, par le triomphe du capitalisme mondialisé. C'est une dette systémique qui lie l'Etat, qui souffre d'une dépendance addicte- ce qui explique pourquoi plus concretement, peu d'espace est laissé aux aspects théoriques de la vie économique comme aux moyens de gestion fiables, et pourquoi les moyens de fonctionnement institutionnels de l'Etat, les systèmes sociaux sont appelés à disparaître complètement.
Cette vision mesquine de l'économie ne convient plus, pour Varoufakis, probablement qu'aux bureaucrates de Bruxelles, les seuls à se voiler la face quant au drame de la dette mondiale dans laquelle nous nous trouvons - comme ils méprisent la beauté, les émotions interpersonnelles qui ne sont pas marchandisées .
Le fait que la crise du capitalisme se manifeste en Grèce, est dans la logique des choses de Varoufakis - elle se montre toujours d'abord sur les parties faibles du continent, où l'oppression des banques et des institutions internationales est plus sensible. La Grèce n'est que l'endroit où le capitalisme mondialisé a déclenche aléatoirement ce destin, c'est pourquoi la Grèce n'est pas à blamer pour la dette qu'elle subit.
L'idée que l'on se fait à la lecture de ce livre au travers des scènes bizarres burlesques qui sont susceptibles d'avoir eu lieu au cours des négociations, est que VAROUFAKIS fut comme une âme romantique en face des colonnes de chiffres de comptables pragmatiques. Christine Lagarde au Fonds monétaire international voulait désespérément un «dialogue avec des adultes" ... Il est probable que Varoufakis probable a tenté de lui enseigner l'économie comme à sa fille.
article de die zeit
http://www.zeit.de/2015/28/yannis-varoufakis-kinderbuch-griechenland
Liens vers un article de la tribune.... une information étonnante
MARIANNE
http://www.marianne.net/varoufakis-notre-alternative-innovante-ete-jetee-poubelle-100235720.html