
Cet article prolonge celui de GILLES MANCERON sur son blog, ici sur mediapart
http://blogs.mediapart.fr/blog/gilles-manceron/271015/il-y-50-ans-l-affaire-ben-barka
Le 29 Octobre 1965 devant la brasserie LIP à Paris, MEHDI BEN BARKA disparaissait dans des circonstances encore mystérieuses...
La jeune VEME REPUBLIQUE, endossait sur son territoire une des plus troublante affaires de son histoire, une de celles qui fit sortir DE GAULLE de ses gonds lors d'un conseil des ministres où il maugréa selon certains témoignages contre les services du SDECE, et la préfecture où PAPON était encore en poste malgré ses crimes sous l'occupation et en 1961.
BEN BARKA était un homme brillant, mathématicien, un des rares "rescapés" du système scolaire colonial puisqu'il fut un des rares bachelier marocain sous protectorat français.
Ses prises de positions au sein de la Tricontinentale, contre le néo colonialisme et le colonialisme, contre l'apartheid, pour un socialisme non aligné, en firent la cible de bien des services spéciaux : ceux du MAROC où Hassan II l'avait condamné deux fois à mort par contumace, où des émeutes avaient secoué le régime à Casablanca en mars 65, ceux de France, bien sûr, mais aussi la CIA et le MOSSAD qui surveillait de près ses positions sur le monde arabe.
MEHDI BEN BARKA disparaît lors d'une toussaint noire, onze ans après la Toussaint Rouge algérienne où il eût une certaine influence sur les premiers pas de BEN BELLA notamment... C'est sous un passeport algérien que BEN BARKA se présente à PARIS en octobre 1965 après avoir reçu semble t'il l'assurance de sa sécurité sur le sol français.
Les protagonistes de cette affaire d'Etat ne connurent pas vraiment la postérité à la suite de ce crime.
PAPON eût la fin honteuse qu'on lui connaît ... OUFKIR terminera sous les balles des services d'HASSAN II...DLIMI sortira mystérieusement d'une route sans histoire. On sait aujourd'hui que l'accident de 82 où il laissa sa vie fut une pure mise en scène du régime pour maquiller un vrai meurtre.
L'affaire BEN BARKA est une affaire d'Etat toujours non élucidée. Cinquante ans après on attend toujours la vérité sur ce meurtre où la France a joué un rôle difficile encore à percevoir. Elle révèle par contre la fracture encore saisissante que la VEME République prétendait réduire entre ceux de l'Algérie Française, et ceux de la décolonisation... ceux de la torture et du crime d'Etat, ceux de la légalité... les deux présents dans un même gouvernement sous le "commandement" de DE GAULLE" soucieux de préserver la paix civile si fragile en France faute d'avoir eu l'audace d'en découdre avec une partie de la droite et de l'extrême droite française après Vichy, et après la décolonisation.
Une fracture qu'on retrouve dans le courant dit "Républicain" que décrit l'article de MEDIAPART deJOSEPH CONFAVREUX ET MARINE TURCHI :

Dlimi et Oufkir semblent bien être les auteurs de l'assassinat de BEN BARKA, selon diverses sources... Au départ, missionnés par HASSAN II pour faire plier BEN BARKA et le salir, l'affaire aurait tourné au massacre de l'opposant dans un pavillon de banlieue sud appartenant à Dlimi. BEN BARKA mis à genou dans un baignoire dans quelques centimètres d'eau, subira la torture qu'on infligeait aux résistants français... un peu plus d'un an après le discours de MALRAUX précédent l'entrée de JEAN MOULIN au PANTHEON.
Daniel GUERIN disait de MEHDI BEN BARKA : ""Ce mort aura la vie dure, il aura le dernier mot»"
Il avait raison... car aujourd'hui encore lorsqu'on s'interroge sur les circonstances de ce crime, c'est l'ensemble d'un monde occidental et libéral, le régime de la VEME République, mais aussi le régime chérifien qui passent au crible de la critique.
Cet hommage à MEHDI BEN BARKA, ne serait évidemment pas complet sans citer l'un des derniers témoignages dont la véracité reste à démontrer, paru dans la presse israélienne, au début de cet année à la suite notamment de l'enquête fouillée du Dr BEN NUR historien du MOSSAD notamment. Yedioth aaronoth raconte ainsi les dernières heures de MEHDI BEN BARKA dans la nuit du 1er au 2 Novembre 1965.
http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-4639608,00.html
soit le site de YEDIOTH AARONOTH le quotidien israélien.
Le quotidien raconte les confessions de MEIR AMIT ancien responsable, contesté, du MOSSAD.
Ainsi le quotidien raconte :
"Selon les travaux du Dr Ben-Nun, c’était l’idée du Mossad. Non loin du restaurant, deux policiers français — deux mercenaires payés par Dlimi — lui demandèrent de les suivre. Ben Barka fut rapidement emmené dans un appartement de Fontenay-le-Vicomte, où Dlimi commença à le torturer sévèrement.
Le 1er novembre, alors que Ben Barka était encore vivant, Dlimi demanda à la délégation du Mossad à Paris de lui fournir le soir du 2 novembre un poison et deux faux passeports étrangers supplémentaires, des pelles et de quoi effacer les traces
Eliezer Sharon raconte ce que les sbires du roi lui racontèrent après le décès
“Ils ont rempli une baignoire d’eau. Dlimi a saisi sa tête et voulait lui faire avouer certains détails. Chaque fois que Ben Barka sortait la tête de l’eau, il crachait et injuriait le roi. Ils lui ont mis la tête dans l’eau un peu trop longtemps, jusqu’à ce qu’il devienne complètement bleu”.
Quand Ben Barka est mort, les tueurs marocains ont "fait dans leurs frocs".
Selon BEN NUN (historien du MOSSAD)
Le groupe du MOSSAD (des agents venus d'un peu partout) enveloppa le corps et le mit dans le coffre de la voiture.
Les membres du groupe se souvinrent qu’il y avait une forêt à proximité ; ils décidèrent d’y enterrer le corps de Ben Barka. Ils arrivèrent à la forêt de Saint-Germain la nuit, accompagnés par les gardes, creusèrent un trou profond et enterrèrent le corps. Après quoi ils passèrent sur toute la zone un produit chimique conçu pour dissoudre le corps et particulièrement actif au contact de l’eau. Une forte pluie commença à tomber aussitôt, de sorte qu’il ne resta bientôt plus grand-chose de Ben Barka.
Depuis, une autoroute a été construite à cet endroit, et ce qui reste du corps de Mehdi Ben Barka serait enterré sous l’un de ces îlots routiers..."
Telle aurait été la fin de BEN BARKA, brillant mathématicien et militant de la TRICONTINENTAL et de la cause sociale du peuple Marocain.
Selon le quotidien israélien DE GAULLE mis devant le fait accompli aurait piqué une de ses plus grosses colère à l'époque...
A la tête de la préfecture de PARIS on trouve un certain PAPON... le même qui livra les enfants juifs.. le même qui fit jeter à la SEINE des centaines de militants algériens le 17 octobre 1961...
