Fabrice Arfi dénonce la faute individuelle, de François Bayrou, dans le mensonge, le déni qui confine à la complicité avec les tortionnaires de Betharram, puisqu'il les a financés et pas une seule fois sérieusement contrôlés (on oubliera le simulacre de l'IA, des années 90)
Certes, cette (ir) responsabilité n'est pas seule, et elle a trouvé en France un terreau très favorable : celui du "youpee" néolibéral et bourgeois, où tout a été mobilisé pour détruire, le service public.
L’affaire Bétharram, où Bayrou est accusé d’avoir couvert des sévices commis dans une institution religieuse, dépasse la simple faute individuelle. Elle révèle d'un déni collectif, en appui à une idéologie réactionnaire (l'éducation à la dure, la prévalence de l'Église en matière d'éducation) celui d’une élite politique et religieuse habituée à protéger ses intérêts au mépris des victimes. Bayrou, qui doit être entendu par une commission d’enquête parlementaire le 14 mai, incarne cette stratégie du mensonge et de l’esquive. Mais sa capacité à se dérober à ses responsabilités ne tient pas seulement à son habileté politicienne : elle s’inscrit dans un système bien plus large, celui de la « concession de classe », qui a présidé aux accords Lang-Cloupet et à la privatisation rampante des services publics.
Historiquement, cette logique a consisté à se servir de l’État social sous couvert de modernisation, en transférant toujours plus de prérogatives publiques vers le privé.Bayrou s'est tu et a continué à financer et se compromettre avec Betharram et le privé, parce qu'il savait que le pouvoir, en dehors de tout contrôle démocratique, s'était mis d'accord, tacitement, pour pratiquer la "préférence privée", soit 12 à 15 milliards de financements publics directs, en plus des avantages fiscaux, en plus des profits réalisés, dans un système de blanchiment au coeur des offensives néolibérales;
Dans l’Education, comme dans la Santé, le discours officiel a justifié ces reculs au nom de l’efficacité, de la « liberté de choix », ou de la nécessité de « désengorger » les structures publiques et globalement, de Fabius à Rocard, en passant par Delors, en poursuivant pas Tourraine ou Buzyn, le mot magique fut "modernisation", ce qui nous vaut aujourd'hui une dégradation qui ressemble à une régression préoccupante. En réalité, il s’agissait d’une spoliation organisée. Le COVID a révélé cette duperie : les cliniques privées, pourtant largement subventionnées, ont été dispensées d’accueillir les malades les plus graves, laissant l’hôpital public assumer seul la crise. Dans l’éducation, le même scénario se répète : l’État sous-finance les écoles et universités publiques tout en favorisant les établissements privés, souvent confessionnels, comme celui de Bétharram.
Bayrou a pu faire silence parce que ce système le protège et surtout l'encourage. Son parcours politique, son ancrage dans les réseaux catholiques conservateurs, son rôle dans la promotion de l’enseignement privé, tout cela lui a assuré une forme d’immunité. Mais cette impunité n’est pas personnelle : elle est structurelle. Elle repose sur un consensus entre les factions bourgeoises au pouvoir, qu’elles se réclament de la gauche gestionnaire ou de la droite libérale, pour whom l’État social n’est plus qu’une variable d’ajustement.
L'article doit être approfondi : combien de gens au pouvoir, dans la haute administration de l'Etat, des collectivités, des municipalités, ont un parcours dans ces établissements favorisés par l'Etat, et combien actuellement sur les bancs de l'Assemblée, du Sénat, de l'exécutif et de leurs technocraties, ont leurs gosses dans ces établissements, surdotés, depuis l'UE, jusqu'au niveau local avec la bénédiction de la presse ?
La question n’est donc pas seulement de savoir ce que Bayrou savait ou pas. Elle est d'expliquer pourquoi, malgré les preuves, malgré les souffrances des victimes, rien ne change. Parce que derrière l’affaire Bétharram, c’est tout un modèle qui est en cause : celui d’une société où les droits fondamentaux – à l’éducation, à la santé, à la justice – sont progressivement réservés à ceux qui peuvent les payer. Un modèle réactionnaire qui fraie avec "la consommation d'éducation", voire, d'éducation à la dure. C'est d'un de ces consoréactionnaire d'ailleurs, qu'a accouché le SNU, ineptie "royale" portée par des gens totalement fanatisés, avec le concours de toute une hiérarchie petit doigt sur la couture.
La même, qui avait toute bienveillance, à l'égard de la complicité de Bayrou avec les extravagances violeuses, voleuses, et violentes de Betharram.
Fabrice Arfi, sous estime, le fait qu'un potentat clérical, a pris des décennies durant le rôle de sous ministre de l'EN, en imposant ses vues, en retardant toutes les procédures.
Et tant que ce système ne sera pas mis à nu, tant que la complicité des élites ne sera pas dénoncée, les Bayrou de demain continueront à mentir en toute impunité.
Le déni de Bayrou, son "nicht schuldig" chronique, c'est aussi celui du vol du droit à l'éducation spoliée, pour les familles bourgeoises, c'est aussi la ruine organisée du système public, et le vol de la carrière de millions d'enseignants en 40 ans . Ces enseignants, qui sont parmi les plus mal payés, en Europe.
La question de l'Ecole Privée en France, de ses passe-droits et privilèges jusqu'à l'impunité, pose aussi, celle d'une Ecole de seconde classe pour les gens "ordinaires", qui sont présentés systématiquement comme "des coûts" ,par le pouvoir, qui par contre massivement scolarise ses enfants dans le privé !