Dans un discours paradoxal, un grande partie des gouvernants européens, Mme van der Leyen et M. Macron en tête, nous expliquent que nous devons nous opposer à la paix.
Ceux qui sur les plateaux de télévision ne sont pas d’accord, ceux qui osent dire que nous devrions nous rallier au plan de paix proposé par Trump, ceux-là sont traités de traîtres à la démocratie, voire, summum de l’insulte, de "trumpophiles" et de "poutinolâtres".
On nous dit qu’il faut soutenir l’Ukraine jusqu’à la victoire, mais je doute de la possibilité de cette victoire, et je me demande pourquoi et jusqu'où nous devons être solidaires de l’Ukraine. Je trouve légitime de me poser la question.
D'autant qu’entre 2014 et 2022, ce que le gouvernement Ukrainien a fait subir aux populations civiles russophones du Dombass me paraît affreux et condamnable. Et même si les élections de 2023 au Donbass ne peuvent prétendre avoir été menées en toute liberté, je crois, comme tous ls démocrates, je présume, au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, et donc le statut de ces populations russophone d'Ukraine oriental ne me parait pas devoir absolument rester Ukrainien !
Les reportages d’Anne-Laure Bonnel donnent à voir cette horreur, cette guerre civile. Alors, oui, je sais, vous me direz qu’elle est à la solde de Moscou, puisque c’est le prétexte brandi pour la faire taire, l’empêcher de montrer ! Mais il suffit de l’écouter un quart d’heure nous raconter ses aventures pour comprendre qu’elle n’est motivée que par le devoir de montrer, quel qu’en soit le contexte.
A chaque fois qu’on empêche la diffusion de l’information politique, je constate que c’est pour de mauvaises raisons. Je m'informe largement, j'y passe des heures, je confronte l'information occidentale à celle délivré dans le reste du monde. N’est-ce pas vertueux de se faire une opinion en confrontant des sources différentes, toutes les sources ? Sommes-nous si indignes de la démocratie qu’il soit préférable de nous empêcher de nous informer auprès des sources jugées mauvaises par nos saints dirigeants ?
Au passage, je suis abasourdi de lire les premières lignes de la fiche wikipedia de cette reporter : “Anne-Laure Bonnel est une propagandiste et reporter de guerre française. Elle participe à la propagande de la Russie dans le cadre de la guerre russo-ukrainienne au moyen de la diffusion de fausses informations”. C’est pire qu’un tribunal populaire ! On lui a définitivement réglé son compte, sans aucune forme de procès !
Mais revenons à notre sujet ! Je crois que la Russie a déjà gagné cette guerre, n’en déplaise à nos gouvernants. Et que même en y intervenant militairement, nous n’avons aucune chance d’en changer l’issue, sauf bien sûr à entrer en guerre nucléaire avec la Russie ! C’est ce que disent nombre d’experts militaires et géopolitiques, ici mais surtout à l’éranger.
J’ai regardé de nombreux documentaires sur l’Ukraine et la Russie, sur leur histoire, sur l’histoire des relations américano-russes depuis la chute du mur, j’ai fini par trouver que le “narratif” (pour reprendre leur mot) propagé par nos médias et nos gouvernants était insensé.
La Russie est intervenue en Ukraine pour des motifs annoncés et revendiqués depuis des décennies. Que l'on croie ou non ces motifs sincères, cette cohérence doit être soulignée.
L’attaque de la Russie en 2022 fait suite, n’en déplaise à nos détenteurs officiels de la “vérité vraie”, à une guerre au Donbass entre ukrainiens de l’ouest et ukrainiens russophones de l’est. Cette guerre avait fait des dizaines de milliers de morts. Le nier n’est pas défendable. Et le reconnaître ne revient pas à légitimer la Russie.
La Russie n’a pas annexé l’Ukraine. Si on pense que c’est parce qu’elle n’en est pas capable, pourquoi craindre alors pour les pays européens ? Il est un fait que la Russie dans cette affaire revendique des territoires russophones (et orthodoxes) uniquement. On peut bien sûr douter de ses intentions, c’est légitime et dans une certaine mesure nécessaire, mais le doute doit s’appliquer dans les deux sens, on peut aussi accorder une probabilité à l’hypothèse que la Russie ne cherche rien d’autre. Décréter que la Russie ment et lui plaquer des intentions contraires à ce qu’elle déclare ne peut être, sous peine de malhonnêteté, pris pour certitude.
Sur l’Ukraine, c’est un pays composé d’ethnies, religions, langues différentes, dont les frontières actuelles ne reposent pas sur une tradition historique, mais sur une succession de décisions politiques. La proximité de l’Ukraine à la Russie est forte, linguistiquement (l’ukrainien, comme le russe, est un dialecte du vieux slave oriental ayant divergé à partir du XIIIe siècle) et culturellement (la Rus’ de Kiev est considérée par les russes comme le berceau des Russies), mais aussi familialement car les mariages russo-ukrainiens ont été légion dans le siècle qui précède, et donc la plupart des russes ont un tonton ou un cousin ukrainien…
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Pourcentage de la population dont la langue maternelle est le russe (2001). Source Wikipedia.
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Pourcentage de la population dont la langue maternelle est le russe (2001). Source : Wikipedia.
La religion orthodoxe est hyper-majoritaire en Ukraine, à part aux frontières de la Pologne où l’on trouve, à l’inverse, des catholiques en majorité.
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Religions prépondérantes en Ukraine par région au début du XX1e siècle.
En analysant les cartes, on peut se rendre compte que les provinces revendiquées par les russes sont des régions orthodoxes et russophones.
Ainsi donc, les enjeux nationaux et ethniques de la guerre actuelle jouent en défaveur des alarmistes concernant les objectifs de la Russie.
On voit donc qu’il est très improbable que la Russie représente un danger pour l’Europe. Pour nous, français, évidemment aucun danger direct, pas plus pour l’Allemagne… Pour les pays limitrophes, comme la Pologne, les pays baltes, la question peut sembler moins farfelue et doit être posée, même si, comme nous venons de le discuter, cette hypothèse semble improbable.
Si on se projette dans une situation de paix à terme, à horizon de quelques années, ce qui est évidemment hautement souhaitable, quoi qu’on pense par ailleurs des torts des uns et des autres… alors, on comprend que pour juguler un risque hypothétique d’annexion des territoires européens orientaux, il faut en faire une zone tampon. C’est ce que demande la Russie depuis des décennies et c’est ce que les États-Unis ont empêché en y installant des bases militaires et des missiles.
Mais si la Russie annexait la Pologne ? En y réfléchissant, il apparaît qu’un tel projet serait culturellement très dangereux à terme pour elle-même, car la Pologne est catholique et non russophone. Contrairement à l’URSS, la CEI d’aujourd’hui n’est pas une dictature idéologique désirant convertir ses pays voisins à un système socio-politique, elle n’a aucun moyen de contraindre la Pologne à se soumettre à son autorité.
Bref, on voit bien que vouloir voir dans la guerre actuelle une menace russe structurelle vis à vis de l’Europe ou au moins de l’Europe orientale, ne paraît pas raisonnable. Cette guerre concerne l’équilibre des forces et des menaces aux bords de la CEI, et une velléité (légitime ou non) pour la Russie de récupérer en son sein des territoires russophones orthodoxes.
Mais à propos de légitimité, on doit se poser la question de la légitimité des gouvernants européens à nous emmener vers un conflit avec la Russie. Tout d’abord, Mme Van der Leyen n’a aucune légitimité : elle n’est pas élue et son mandat de Président de la Commission Européenne ne lui donne pas droit à prendre des décisions pour les pays de l’UE. Macron est détesté en France. Zelenski est corrompu, tout comme Mme van der Leyen, qui a trempé dans une affaire de corruption à grande échelle en Allemagne avant d’être pourtant nommée à la Commission Européenne. Le scandale de ses petits arrangements entre amis par sms non rendus publics avec le président de Pfizer, Bourla, la captation douteuse de fonds européens par son mari au profit de sa société américaine, l’organisation par elle de son refus de rendre compte aux instances judiciaires, …, tout laisse craindre une corruption de grande ampleur.
Jamais autant de ministres français n’auront été mêlés à des scandales que sous le président Macron et la campagne présidentielle de Macron en 2017 est entachée de manquements très graves à la démocratie : quasi-monopole des unes de presse (sans aucun frais), déclaration de patrimoine totalement invraisemblable, … L’impopularité de Macron bat tous les records et les artifices pour être élu en 2017 et 2022 (vote-barrage contre l’extrême droite) ne lui confèrent pas de légitimité. Zelenski n’est plus légitime à représenter son pays puisque son mandat s’est terminé en 2024. et les sondages sur d’éventuelles élections en Ukraine le donnent archi-battu. A contrario, même s’il est indéniable que Poutine a utilisé des moyens autoritaires et violents pour museler son opposition, il a été réélu avec une majorité indiscutable et jouit aujourd’hui en Russie d’une popularité très grande, ayant fédéré une écrasante majorité de l’opinion russe derrière lui dans ses positions géopolitiques et militaires.
La presse officielle française, dont on sait qu’elle ne peut plus prétendre à être libre (presse d”état ou presse détenue par des oligarques) relaye les discours va-t'en-guerre en utilisant toujours les mêmes ficelles de bipolarisation forcée: ceux qui s’opposent sont des poutinolâtres, des trumpophiles, des traîtres à nos frères européens que sont les ukrainiens, des lâches… Pas de vrai débat possible dans ces médias.
Les médias indépendants s’opposent. Mais ils sont “shadow-banned”, voire censurés. Et la Commission Européenne (projet DSA) et les macronistes en France (Conspiracy Watch par exemple) militent pour cela. Ils l’assument et le revendiquent. Les gouvernants, alliés aux oligarques, font en sorte que le peuple n’accède plus qu’à une seule version de l’information, celle présentée comme “la vérité” par opposition aux opinions opposantes présentées comme fake news, ou complotistes. Les enquêtes de terrain sont de moins en moins sérieuses, de moins en moins nombreuses, les postes de reporters et de journalistes dans les médias sont en constante diminution, l’information provient de plus en plus d’agences en situation de monopole, de sorte que les médias ne peuvent que répéter, reproduire ce que ces agences ont produit. Quand un reporter indépendant comme Anne-Laure Bonel apporte un reportage sur les exactions ukrainiennes dans le Donbass, ses reportages sont ignorés, elle est censurée, écartée, taxée de travailler aux commandes de puissances étrangères…
Sur le fond, on a tout entendu dans ces médias et de la bouche de nos politiques : les russes étaient à genoux, l’Ukraine progressait chaque jour, les russes en étaient réduits à recycler les puces de leurs lave-linges pour fabriquer des armes, les russes étaient à court d’obus, l’armée russe était sur le point de s’effondrer, faute de pouvoir recruter, l’armée russe se réduisait comme peau de chagrin, etc. etc. …
Pour reprendre les réflexes des prétendus protecteurs officiels de la démocratie, on pourrait se demander quelle puissance étrangère, alors, a organisé cette désinformation des médias et des gouvernants ? Avec les révélations récentes liées à la suppression des fonds USAID, on est tenté de se reposer la question…
Nos médias mainstream et nos politiciens ont relayé tant de mensonges et de fausses informations, qu’il est difficile de ne pas y voir le signe de l'existence d’une propagande.
La mainmise des oligarques sur les médias privés, en complément du pouvoir traditionnel” des politiciens sur les médias publics, montre à quel point c’est un enjeu de pouvoir (car économiquement, les médias ne sont pas bien rentables).
La démocratie n’est-elle pas avant tout, par principe, le lieu sacré de la liberté d’expression ?
Le parlement français, quant à lui, s’enlise dans une logique électoraliste des partis qui est mortifère. Et l’opposition est muette sur ces sujets. Étonnant de constater par exemple que depuis 2022, Mme Le Pen et M. Mélenchon n’ont plus parlé de la situation en Ukraine et des intérêts vitaux de la Russie. Leurs discours, auparavant très critiques sur les accusations concernant la Russie, se sont évanouis (du fait des élections présidentielles imminentes ?).
Pourquoi est-il difficile de réfléchir à ses questions aujourd’hui et surtout d’en parler ?
Niveau zéro : Poutine est méchant, Trump est méchant, Zelenski est un héros, nous sommes le camp du bien.
Niveau zéro + : Poutine ment (mais pas Macron ?). Zelenski répète à l’envi que Poutine n’a pas respecté les accords de Minsk, mais pourtant l’analyse objective montre que c’est l’Ukraine et ses alliés européens et américains qui n’ont pas été loyaux (cf. confessions de Hollande et Merkel).
Je lis, j’écoute et je réfléchis. Je me suis fait une opinion. J’ai peut-être tort. La discussion est là pour permettre d’analyser, d’évoluer…
Je constate que nos gouvernants et nos médias nous mentent. Je vois que Poutine a le même discours sur ses objectifs depuis des années : garantir la sécurité aux populations des provinces orientales de l’Ukraine (russophones orthodoxes) et garantir la sécurité de la Russie en érigeant une zone limitrophe neutre. Je ne crois pas Poutine par principe. Mais je l'écoute et je suis forcé de comprendre le bien-fondé de ses arguments et surtout leur cohérence dans le temps.
En conclusion, on veut nous entraîner vers la guerre. On nous dit que la Russie est à nos portes et représente un danger. On nous présente les choses sous un angle qui est contredit par les faits jour après jour.
La guerre en Ukraine, c’est une guerre par procuration, c’est l’aboutissement d’une volonté continue des États-Unis, avec la complicité de l’Union Européenne, de disloquer la Russie. S’y opposer au moment où l’administration Trump revient sur cette politique et reconnaît la responsabilité délétère de son pays, est de mon point de vue un devoir ! Cette guerre a fait des centaines de milliers de morts pour rien. De jeunes hommes majoritairement ont perdu la vie pour des intérêts illégitimes. Il est plus que temps d’arrêter le massacre !