Ou lettre ouverte aux élus sur le projet de loi agriculture alimentation.
Cette phrase ô combien symbolique extraite de la magnifique chanson de Francis CABREL sur (contre) la Corrida est parfaite pour aborder les sujets inhérents à la politique macronnienne de plus en plus désopilante et déconcertante.
Le projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable ?
Tout un programme, mais en réalité bien creux, dont j’ai sélectionné quelques points :
- La diminution de l’usage des produits phytosanitaires pour lesquels il n’est proposé qu’une séparation entre les activités de conseil et de vente. C’est un peu se moquer du monde !
Le président Macaron 1er avait pourtant promis l’arrêt du Glyphosate dans les 3 ans le temps que des alternatives soient trouvées, et en ajoutant qu’il s’agit d’une sortie pas d’une interdiction. Déjà il se moquait du monde, les alternatives existent qui passent par un changement de modèle de production agricole, respectueux du consommateur et de l’environnement.
Cela dit il est bien épaulé par son ministre de l’agriculture, Monsieur TRAVERT qui déclare tout de go « tant qu’il n’y a pas de substitution, il n’y a pas de suppression ».
La cerise sur le gâteau (enfin sur la carotte) est fournie par le ministre d’État de la Transition écologique, Monsieur HULOT qui prétend « ne pas être buté et personne ne doit être enfermé dans une impasse : si dans un secteur particulier ou une zone géographique, certains agriculteurs ne sont pas prêts en trois ans, on envisagera des exceptions ». Mais bon sang il est naïf ou il en fait exprès des exceptions, des dérogations il y en a déjà pour utiliser des produits interdits en France depuis des années, aux fins de cultures particulières dont nous avons un exemple concret dans la Manche pour la carotte de Créances, et en label rouge qui plus est, le dicloropropène. Les producteurs de carottes attendent impatiemment la signature de la dérogation par le ministre TRAVERT comme il l’a promis lors de sa visite à la foire au bûlot à Pirou.
On marche sur la tête, car comment ils font les producteurs bios de carottes dans le département, d’une part ils n’ont nul besoin de cette cochonnerie, d’autres part soit ils alternent les cultures, soit ils plantent des légumineuses entre les récoltes.
Donc il faut arrêter de berner le consommateur et de lui mentir.
La France est en tête au niveau européen du nombre de dérogations pour l’utilisation de produits phytosanitaires.
Qu’en sera-t-il des contrôles en cas d’interdiction ?
Un député LREM M. MOREAU a bien essayé dans le projet d’introduire un amendement pour dater l’interdiction des phytosanitaires, eh bien il a reçu un non catégorique du ministre TRAVERT prétextant que c’était dans le plan pesticides du gouvernement, ce que conteste farouchement et à juste titre François VIEILLERETTE, de Générations Futures.
Est-ce que ce monde est sérieux ?
- L’étiquetage des produits alimentaires, notamment transformés, mais aussi tous les produits, pose un problème d’éthique et d’information réelle.
Si l’on prend une viande en barquette, la traçabilité est organisée, et l’on sait si elle vient de France, de l’Union Européenne, ou du bout du monde, ce qui est déjà un non sens. Mais ce que la bestiole a bouffé et les conditions d’élevage, que nenni, et quand il s’agit d’animaux élevés en « hors sol » c’est pire et il faut savoir que quelle que soit la viande produite, il y a de fortes chances que la bouffe contienne du soja transgénique. Seules quelques production non hors sol d’ailleurs souvent en label rouge étiquettent « nourris sans OGM ».
Mais justement dans ce projet de loi, pas un mot sur l’élevage industriel que ce soient des veaux en batterie, des porcs sur caillebotis, des poulets élevés sans jamais avoir vu la lumière du jour, tout comme les poules pondeuses en cage, si décriées par les actions de L214, qui a au moins le mérite de dénoncer l’outrance et les conditions de ce type d’élevages. (Actions dernières dans la Somme, dans la Manche à Montbray, et dans les Côtes d’Armor).
Pour les poules pondeuses, depuis les premières images, nombre de groupes, de professionnels, de personnalités sont vent debout, mais il nous appartient à nous consommateurs de laisser ces produits bas de gamme dans les rayons tout en incitant à une production de qualité à la portée de toutes les bourses.
Ce n’est pas parce que l’on n’est rien que l’on doit manger des produits défectueux ou pesticidés, ou encore des animaux élevés avec force antibiotiques, avec les conséquences que l’on sait maintement sur la santé.
Le gouvernement précédent avait par exemple pour les porcs relevé à 2000 le chiffre d’animaux pour qu’en vertu de la législation sur les Installations Classées pour la Protection de l’Environnement, l’installation soit soumise à autorisation préfectorale (au lieu de 499 auparavant).
Le gouvernement actuel lui trouve qu’il y a trop de normes, en cela soutenu par la FNSEA, donc il faut s’attendre au pire.
D’ailleurs quels sont les contrôles inopinés dans ces élevages quelques mois après l’autorisation ?
Néant, sauf en prévenant l’éleveur 48 heures avant, dommage car le contrôle sans préavis réserverait quelques surprises.
Tout ceci à un moment ou de nombreux médecins, scientifiques, nutritionnistes, préconisent moins de viande par exemple, oui, mais alors de meilleure qualité et accessible à tous, plutôt qu’à une niche de super riches déjà largement gavés par ailleurs par les marchés financiers.
Donc encore une fois il faut changer de modèle de production agricole.
C’est urgent !
Est-ce que ce monde est « vraiment » sérieux ?
- Quid également dans ce texte de l’alimentation dans la restauration collective (cantines scolaires, éphad, maisons de retraite, etc..) pourquoi les chiffres des pourcentages de produits locaux ou bios, c’est la formule qui revient le plus souvent.
Ben non c’est produits locaux et bios, et rapidement en incitant des jeunes à s’installer en maraîchage bio, s’adjoignant par exemple un atelier plein air de poules pondeuses bio etc. Mais diantre en fixant un cap pour ce changement de production.
Tout en incitant le consommateur à acheter, LOCAL, BIO, ET DE SAISON du coup.
Je voyais par exemple ce matin dans une moyenne surface du département, des poires bio, en provenance d’Argentine !
Attention aux dénominations « produits de terroir » « bienvenue à la ferme » qui ne sont en rien des gages et de qualité et d’absence de produits phytosanitaires, sauf pour les quelques bios égarés sous cette dénomination !
Ben effectivement ce monde n’est pas sérieux du tout.
Alors Mesdames et Messieurs les députés, les ministres, le président, ce projet de loi n’est pas sérieux du tout.
