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Billet de blog 26 mars 2023

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L'EAU BIEN COMMUN

Après la projection du film "MEME LA PLUIE" au Select à Granville.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les Piplettes de Granville proposaient mardi soir un ciné débat sur l’eau est un bien commun à la suite de la projection du film « MEME LA PLUIE » réalisé par Iciar Bollain, qui relate la lutte des populations locales d’une petite ville colombienne pour empêcher l’accaparement par un gros groupe Nord américain de l’eau en la privatisant. De plus le film se déroule sur un tournage relatant l’arrivée des troupes de Christophe Colomb en Amérique du Sud dénonçant cet envahissement destructeur du colonialisme avec la religion catholique importée. Les acteurs amérindiens recrutés sont les meneurs de la révolte pour préserver l’eau.

Ce film est très intéressant sur les deux sujets majeurs l’eau et le colonialisme.

La projection ayant démarré avec beaucoup trop de retard (problème de gestion de la billetterie) le débat qui s’en est suivi a malheureusement été écourté.

Ainsi donc le sujet majeur à savoir l’eau bien commun non privatisable non marchandisable a été très peu abordé pour laisser place à la présentation du rassemblement national de ce Week End à St Soline et Melle dans les Deux Sèvres, ce qui est une bonne chose, mais qui a occulté le thème principal de l’accès à l’eau globalement et localement.

Le monde n’est pas une marchandise, l’eau non plus, pourtant depuis que l’eau potable arrive au robinet principalement des pays industrialisés, la gestion qui aurait due être strictement municipale et collective, a été vite appropriée par des gros groupes, avec lesquelles sous traite désormais les collectivités locales.

De plus depuis des décennies des groupes agro alimentaires se sont partagées les sources d’eau dont les deux géants du secteur Nestlé et Danone sachant que les pompages ont lieu le plus souvent dans des nappes phréatiques profondes voire glaciaires.

Les habitants de la région de Vittel et Contrexéville (dont les eaux sont exploitées par Nestlé) obligent désormais à un approvisionnement en eau potable à 30 ou 40 km ; Un non sens mais pour le plus grand profit des actionnaires.

Qu’a-t-on vu cet été en Normandie et plus particulièrement dans la Manche, une baisse énorme de la ressource en eau qui a obligé le préfet à prendre un arrêté de restriction de la consommation, à part quelques exceptions notamment pour le remplissage des gabions provoquant un tollé des associations de protection de l’environnement et de nombreux citoyens.

Le Sud Manche était en zone rouge, sachant que pour Avranches et le Granvillais l’eau après retraitement coûteux provient du pompage des eaux du Thar et de la Saigue, deux petits fleuves côtiers, qui quelques jours durant ont été en dessous du seuil minimum de pompage !

D’où l’importance d’éviter l’artificialisation des sols, mais surtout leur imperméabilisation STOP, mais tout de suite, demain sera trop tard !

Avant de penser à aménager un territoire, il est important de vérifier sa capacité d’accueil, notamment pour la fourniture d’eau potable. Il y a des limites à ne pas franchir, et c’est valable pour le tourisme qui ne peut sans cesse grossir pour satisfaire les intérêts privés et pécuniaires de certains promoteurs immobiliers ou de pseudo tourisme de mémoire comme pour le projet « Hommage aux Héros «  à Carentan les Marais.

Nécessité d’entretenir le bocage, les haies, mais aussi les zones humides et les prairies. Plus aucun m² carré de prairie ne devrait être mis en culture surtout pour y semer du maïs, très gourmand en eau, mais par aspersion, dont 40 % s’évapore. UN NON SENS ! Sachant en plus que seulement 1,5 % est destiné à la consommation humaine.

Après la canicule et la sécheresse de l’été 2022, l’hiver 2023 a manqué d’énormément d’eau (32 jours sans pluie) et ce qui pourrait tomber ne suffira pas à reconstituer un niveau suffisant des nappes phréatiques accentué par l’imperméabilisation des sols.

A laquelle il faut ajouter les effets du productivisme agricole, retournant les prairies pour les grandes cultures à force d’engrais chimiques et de pesticides de synthèse polluant les sols, les cultures, et les nappes phréatiques, mais transformant aussi le sol en masse compacte empêchant l’infiltration de l’eau, qui bien évidemment ruisselle vers les cours d’eau et la mer ensuite.

En conséquence pour Emma Haziza, hydrologue (OF 4 & 5 mars 2023) il faut : »changer de modèle économique, changer nos façons de consommer. Arrêter les pesticides et tous les intrants agricoles, par exemple, et soutenir massivement l’agriculture biologique ».

Sur le traitement elle dit en substance que c’est compliqué, mais qu’il faut continuer à chercher.

Cela dit il y a le traitement par lagunages et roselières qui restitue une eau propre à ne pas négliger, mais limité dans l’application à grande échelle, mais à voir ?

Sur les bassines Mme Haziza est claire : »On s’est trompé de modèle.Les nappes phréatiques sont à la fois le support de toutes les rivières de surface et de l’humidité des sols. Pomper dans ces nappes c’est se tirer une balle dans le pied. Prélever 8 à 16 millions de M3 sous le sol pour la diffuser en surface, la polluer et la perdre par évapotranspiration, sans restitution au milieu, n’a aucun intérêt. Tous les experts disent que c’est un non sens ».

Il y a aussi les retenues collinaires qui peuvent aussi problème selon leur importance selon l’article Ouest France de ce jour.

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