
Je refuse de m’enfermer dans le clanisme morbide qui transparaît des polémiques consécutives au rejet arbitraire de la candidature du principal opposant camerounais Maurice KAMTO.
Je reproduis ci-dessous le fond de ma pensée assez bien exprimée par Mme Biwole sur la tragédie électorale encours au Cameroun:
« L’Affaire KAMTO : Un Enjeu Républicain. Par Pr Viviane Ondoua Biwole.
Je pense que l’affaire KAMTO devient une affaire de République ! Il a le droit d’y participer parce qu’il est Camerounais… C’est lui aujourd’hui, demain ce sera quelqu’un d’autre. La norme, la règle, la réalité doivent être au centre. La balle doit être au centre. Les universitaires et les juristes devraient nous faciliter la tâche. Je pense qu’on peut être partisan, mais la vérité devrait nous guider. On finira par partir, nous jouons des rôles, chacun devra assumer ses responsabilités le moment venu. Il y a des gens qui ont investi depuis sept ans, MAURICE KAMTO en fait partie. »
J’ajoute : la haine au relent tribaliste est un poison lent qui menace désormais d’emporter ce pays, du moins ce qu’il en reste, puisque déjà largement balkanisé en fiefs ethno-tribaux, communautaires et régionaux. L’idée même de République n’est plus qu’une fiction.
Une fiction où le temps lui-même est devenu une fiction.
En effet nous avons un pays englué dans le culte de l’immortalité obscène, où le pouvoir peut être exercé sans limites. Dans ce fantasme hédoniste, tout ce qui fait obstacle au désir est purement et simplement éradiqué, croit-on.
En réalité, des personnages comme le professeur Kamto ne sont pas près de disparaître, et la question se pose donc de l’avenir du Nnôm Ngui (l’auto-proclamé Chef des chefs invisible de 92 ans), un être humain désormais lié à son horloge biologique, et non un dieu comme ses « créatures » voudraient nous le faire croire.
Ainsi, que le professeur Kamto soit candidat ou non, l’avenir du Nnôm Ngui ne peut être ignoré. En fait, s’ils aiment vraiment notre pays comme ils le prétendent, il est temps pour le Nnôm Ngui de prendre définitivement sa retraite «au village», afin que nous puissions assurer une véritable transition politique, comme celle dont il a bénéficié lorsque le président Ahidjo lui a transmis le pouvoir le samedi 06 novembre 1982.
Car son culte de l’immortalité obscène ne fait qu’empirer les choses. Le temps est réel et le président Paul Biya est désormais clairement un homme du passé, voire du passif du Cameroun.
Joël Didier Engo, Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P

English version
CAMEROON, WE ARE WAITING FOR A COLLECTIVE AND REPUBLICAN REBIRTH

I refuse to be trapped in the morbid clannishness that emerges from the controversies following the arbitrary rejection of the candidacy of the main Cameroonian opponent, Maurice KAMTO. I reproduce below the essence of my thoughts, expressed quite well by Ms. Biwole, on this ongoing electoral tragedy in Cameroon:
« The Kamto Affair: A Republican Issue. By Professor Viviane Ondoua Biwole.
I think the Kamto affair is becoming a problem for our republic! He has the right to participate in the next presidential election because he is Cameroonian… He’s the one today, tomorrow it will be someone else. The norm, the rule, reality must be at the center. The ball must be in the center. Academics and lawyers should make our task easier. I think we can be partisan, but the truth should guide us. We will eventually leave, we play roles, everyone will have to assume their responsibilities when the time comes. There are people who have prepared for this for the past seven years, MAURICE KAMTO is one of them. »
I add: hatred with a tribalist tinge is a slow-burning poison that now threatens to sweep away this country, or at least what remains of it, since it has already been largely Balkanized into ethno-tribal, community, and regional fiefdoms. The very idea of a Republic is now nothing more than a fiction.
A fiction where time itself is a fiction.
We have a country mired in the cult of obscene immortality, where power can be wielded without limits. In this hedonistic fantasy, anything that stands in the way of desire is simply eradicated, it is believed. In reality, individuals like Professor Kamto are not going to disappear anytime soon, and so the question arises of the future of the Nnom Ngui, a human being linked to his biological clock, and not a god as his “creatures” would have us believe.
Thus, whether Professor Kamto is a candidate or not, the future of the Nnom Ngui cannot be ignored. In fact, if they truly love our country as they claim, it is time for the Nnom Ngui to retire so that we can ensure a true political transition, like the one he enjoyed when President Ahidjo gave him power.
Thus, his cult of obscene immortality only makes things worse. Time is real and the president is now clearly a man of the past.

Joel Didier Engo, Committee for the Release of Political Prisoners – CL2P
