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Billet de blog 3 novembre 2025

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Le Vieux Nègre et Nous / The Old Negro and US

*Vieux nègre en référence au personnage Meka du roman le « Vieux Nègre et la Médaille » du regretté Ferdinand Léopold OYONO, une œuvre littéraire qui a anticipé avec une prescience étonnante bon nombre des débats politiques les plus centraux actuellement débattus dans notre pays, le Cameroun.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il est certain que Ferdinand Oyono avait écrit « Le Vieux Nègre et la Médaille » au sujet de notre Nnôm Ngui et de ses “créatures”… y compris le Pr. Fame Ndongo, la première créature revendiquée de Frankenstein du Vieux Meka…nous aimerons bien avoir son avis à ce sujet.

En effet, le Vieux Nègre a anticipé avec une prescience étonnante bon nombre des débats politiques les plus centraux actuellement débattus dans notre pays.

Ceci explique comment la littérature par anticipation nous aide à comprendre comment nos esprits et nos expériences contemporains sont structurés en cette ère conflictuelle, et pour relever les défis et répondre à l’urgence de notre temps en appréhendant notre rôle et notre contribution à la résolution de ces contradictions. Ainsi, en appliquant les concepts d’anticipation à la littérature, cela révèle l’histoire comme une science qui éclaire et explique la logique des événements et l’inévitable dialectique à laquelle nous sommes confrontés.

Certains aspects du passé demeurent latents, méconnus et illisibles, jusqu’à ce qu’un événement futur – et présent – les éclaire rétroactivement, leur permettant de sortir de l’obscurité et d’accéder à la compréhension collective. Le présent façonne en cela un passé qui, paradoxalement, existait déjà.

Ce débat porte sur la question centrale de la décolonisation, toujours d’actualité. Dans ce débat, le Nnôm Ngui (Chef voulu de tous les chefs Paul Biya) s’est autoproclamé « meilleur élève » de l’ancien colonisateur (la France) au sortir d’une audience à l’Elysée, une position ancrée dans l’idéologie coloniale infantilisante selon laquelle nous n’étions pas « prêts » pour la démocratie.

C’est une idéologie à laquelle le Nnôm Ngui prétendu «panafricain» et ses partisans adhèrent encore, et que « papa », véritable extension du maître colonial, considère toujours comme le mieux placée pour tout savoir. En effet, Biya, à l’instar de Meka et d’une grande partie des Camerounais, a toujours été attiré non seulement par le maître colonial, mais par l’autorité en général: il la convoite à des fins politiques essentiellement jouissive.

Cela souligne que, si nous ne nous engageons pas dans un véritable travail de décolonisation, nous partagerons toujours un avenir avec le spectre du maître colonial qui continue de hanter notre présent bien au-delà de Biya, avec ses créatures ancrées dans un héritage colonial d’exploitation et une économie libidinale du pouvoir fondée sur une jouissance individuelle sans limites.

Par conséquent, pour revenir à la « normalité » au Cameroun, nous devons œuvrer à la décolonisation de notre pays et surmonter les fantasmes ou complexes séduisants du maître colonial afin de parvenir à une véritable forme de souveraineté et d’autodétermination que le Nnôm Ngui et ses créatures n’ont pas réussi à obtenir, mais ont plutôt conduit le pays dans un abîme.

L’échec du regime du Nnom Ngui nous enseigne qu’une véritable œuvre de décolonisation nécessite, bien sûr une grande connaissance de soi, de l’autodiscipline et de la résilience.

Olivier Tchouaffe, PhD, Institut du Comité de Libération des Prisonniers Politiques – ICL2P

http://www.cl2p.org

English version

The Old Negro and Us

It is certain that Ferdinand Oyono wrote « The Old Man and the medal » about the Nnom Ngui… including his creatures like Professor Fame Ndongo, the first Frankenstein’s monster of Old Man Meka… we would very much like to have his opinion on this.

Indeed, The Old Man anticipated with astonishing prescience many of the most central political debates currently being held in our country.

This explains how does speculative fiction help us understand how our contemporary minds and experiences are structured in this conflictual era, and how to meet the challenges and respond to the urgency of our time by understanding our role and contribution to resolving its contradictions? Thus, by applying the concepts of anticipation to literature, history is revealed as a science that illuminates and explains the logic of events and the inevitable dialectic in which we are caught.

Certain aspects of the past remain latent, unknown, and illegible until a future—and present—event retroactively reveals them, allowing them to emerge from obscurity and become comprehensible. The present thus shapes a past that, paradoxically, already existed.

This debate centers around the central question of decolonization that is still being debated. We that in this debate, the Nnom Ngui has called himself to be the former colonizer’s “best students” which was embedded in the infantilizing colonial ideology that we were not “ready” for democracy. This is an ideology that the Nnom and his creatures still believe and that “daddy” who is an extension of the colonial master still knows best. Indeed, Biya, like Meka and a large part of Cameroonians, has always been attracted not only to the colonial master, but to authority in general: he covets it for his own political ends.

It points out that unless, we engage in a real work of decolonization, we are always going to share a future with the specter of the colonial master that keeps haunting our present well beyond Biya with his creatures embedded in a colonial legacy of exploitation and a libidinal economy of power based on individual jouissance with no limits.

Therefore, to return to « normality » in Cameroon, we must work towards the decolonization of our country and overcome the seductive fantasies of the colonial master in order to achieve a true form of sovereignty and self-determination that Nnom Ngui and his creatures have not managed to obtain but rather led the country into an abyss. The Nnom Ngui’s regime failure teach us that a true work of decolonization, of course, will require a great deal of self-knowledge and self-discipline and resilience.

Olivier Tchouaffe, PhD, The Committee For The Release of Political Prisoners Institute – ICL2P

http://www.cl2p.org

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.