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Lien 6 décembre 2013

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Cameroun: libérez Michel Atangana!

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http://www.huffingtonpost.fr/dominique-sopo/michel-atangana-cameroun_b_4390685.html

Le matin du 12 mai 1997, Michel Atangana, citoyen français d’origine camerounaise, était arrêté de façon arbitraire à son domicile de Yaoundé par le régime de Paul Biya. Son crime? Aucun. Sa malchance? Avoir été considéré comme l’arme utile à l’élimination de l’ancien numéro 2 du régime qui avait eu l’outrecuidance, quelques jours plus tôt, d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de l’automne 1997.

Voici l’origine du calvaire enduré par Michel Atangana qui, depuis son arrestation, n’a plus connu un seul jour de liberté. Condamné à 15 ans de prison pour détournements de fonds publics à l’issue d’un procès ubuesque, tenu la nuit et sans avocat, il sera de nouveau condamné à 20 ans de prison pour les mêmes faits en octobre 2012.

Victime d’une véritable machine à broyer, Michel Atangana a eu à subir des procédures qui, en chacune de leurs étapes, ont constitué un monument de violation des droits de l’Homme et plus particulièrement des droits de la défense.

Que l’on en juge! Michel Atangana, après une première condamnation prononcée à la va-vite, se trouve depuis 2012 condamné à deux reprises pour les mêmes faits, en vertu d’un procès que le TGI n’avait pas compétence à mener sous les qualifications retenues, à l’ouverture duquel les scellés avaient été volés, durant lequel le prétendu expert n’en était pas un, tandis que le procureur produisait des faux sans manquer d’exercer des pressions sur les témoins, et à l’issue duquel la collégialité fut brutalement décomposée et une magistrate menacée de mort afin qu’elle rende la décision que le ministère de la Justice lui intimait de faire sienne.

Devant l’émotion légitime soulevée en France par ce scandale judiciaire, Paul Biya, le président camerounais, s’était engagé auprès de François Hollande à laisser la justice suivre librement son cours. Cette promesse fut prononcée le 30 janvier dernier à l’Élysée et publiquement confirmée par son énonciateur devant la presse.

Or, près de 11 mois plus tard, que constate-t-on? Michel Atangana, victime d’une nouvelle violation des délais procéduraux, a vu le pourvoi en cassation qu’il a formé il y a plus d’un an être étudié ces deniers jours. A l’occasion des audiences qui se sont tenues à la Cour suprême de Yaoundé, c’est un nouvel acte d’arbitraire vers lequel on s’oriente, en raison des pressions exercées par le pouvoir politique camerounais sur sa propre justice. En effet, à l’occasion d’une audience tenue dans la nuit des 27 et 28 novembre derniers entre 19h50 et 4 heures du matin, le rapporteur – juge censé éclairer l’avis de ses collègues lors de la décision finale – a demandé que soit confirmée la condamnation de Michel Atangana.

Il se trouve que le rapport prononcé à cette occasion a selon toute vraisemblance été rédigé sur les instructions de Laurent Esso, ministre de la Justice. Il se trouve donc que le pouvoir camerounais, bien loin des promesses faites par Paul Biya, pèse de tout son poids dans cette affaire afin que Michel Atangana soit maintenu en prison. Jalousie? Peur de certains dignitaires de servir de fusibles suite au fiasco politique et diplomatique que représenterait la libération de Michel Atangana? Fierté nationale mal placée et que réactiverait la position des autorités françaises dans ce dossier? Quelles que soient les causes de cette attitude jusqu’au-boutiste des autorités camerounaises, elles ne sont pas acceptables. Elles ne le sont pas pour Michel Atangana, victime de l’arbitraire et privé de ses enfants depuis près de 17 ans. Elles ne le sont pas non plus pour les citoyens camerounais qui savent bien, même s’ils doivent trop souvent l’exprimer mezza voce, que l’édification de l’État de droit constitue une condition sine qua non de la démocratie tout autant que du développement économique et social.

À l’occasion du sommet de l’Élysée consacré à la paix et à la sécurité en Afrique, nous demandons, dans notre diversité d’horizons mais réunis par notre attachement à la défense des droits de l’Homme, à ce que François Hollande réaffirme avec la plus grande fermeté à son homologue camerounais que les poursuites contre Michel Atangana soient immédiatement abandonnées, ce qui permettrait que cette victime d’un arbitraire qu’on aurait espéré d’un autre âge soit rendu à la liberté. Il nous semble que là est la seule voie pour que Michel Atangana soit lavé d’un jugement qui a sali son honneur. Il nous semble également que là est la seule voie pour qu’il soit libéré dans un pays dont le régime se trouve être incapable de laisser sa justice en paix et donc libre de dire le droit.

La demande que nous formons de voir Michel Atangana enfin libéré ne nous intéresse pas simplement pour l’individu concerné. Attachés à l’Afrique et au triomphe de la justice, nous savons également que les droits de l’Homme ne relèvent pas simplement des débats philosophiques. Ils relèvent toujours de cas concrets dont la résolution positive constitue l’espoir de nouvelles conquêtes.

Premiers signataires:

Dominique SOPO, ancien président de SOS Racisme, président du comité de soutien à Michel Atangana en France
Corinne Lepage, députée au Parlement européen, ancienne ministre
Kofi Yamgnane, ancien ministre
Pascal Blanchard, historien
Greg Germain, comédien, président du festival Off d'Avignon
Elie Chouraqui, cinéaste
Josiane Balasko, comédienne
Patrick Pelloux, médecin urgentiste
Patrick Klugman, avocat au barreau de Paris, conseiller de Paris
Mahor Chiche, avocat au barreau de Paris
Dan Franck, écrivain
François Durpaire, historien
Jean-Michel Ribes, directeur du théâtre du Rond-Point
Joël Didier Engo, président de l'association Nous pas bouger
Jacques Martial, comédien, président du Parc de la Villette
Malek Boutih, député de l'Essonne
Claudine Lepage, sénatrice des Français établis hors de France
Firmine Richard, comédienne
Lapiro de Mbanga, artiste
Pierre Berger, homme d'affaires, mécène français
Fadela Amara, femme politique française

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