
Photo: Le camion Lotus Bus, qui stationne plusieurs fois par semaine à Belleville; Boris Svartzman © Médecins du monde
Les stars françaises signataires d'une pétition contre la pénalisation de la prostitution, seront certainement des cibles faciles dans les jours qui viennent. Pourtant ce sujet sensible est un de ceux (de plus en plus rares aujourd'hui) dont la réponse ne saurait être aussi facile, aussi clivante, voire aussi idéologique qu'elle ne paraît d'emblée.
Évidemment une condamnation et une pénalisation de la traite des êtres humains, de l'esclavage et de l'asservissement des femmes...va de soi dans une démocratie avancée. Comme l'institutionnalisation d'une plus grande égalité homme-femme, d'une meilleure protection juridique (notamment la régularisation administrative) à l'égard des femmes étrangères enrôlées de force par les mafias... devrait aller de soi.
Pour autant pouvons-nous nier l'existence et faire semblant de plus voir cette misère sexuelle qui se répand dans certaines rues de nos villes ou sur la toile internet? comment saurons-nous la pénaliser, notamment ces papys (retraités maghrébins ou noirs africains) et leurs clientes chinoises de Belleville à Paris? même si nous sommes les premiers à nous plaindre et parfois à appeler la police pour dénoncer leurs nuisances dans nos ensembles résidentiels, dans nos caves, ou dans nos parties communes.
Voilà un fléau, dit-on vieux comme le monde, plus compliqué à éradiquer par une simple loi pénalisante ou abolitionniste.
Joël Didier Engo
Elisabeth Badinter, "L’Etat n’a pas à légiférer sur l’activité sexuelle des individus", Le Monde.fr