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Billet de blog 21 mai 2013

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Aminata TRAORÉ interdite de territoire français?

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Aminata Traoré : "Les Africains doivent comprendre une fois pour toute qu'ils n'ont pas d'amis" 

Quel affront à nos intérêts a bien pu commettre l'ancienne ministre de la culture du Mali, Aminata TRAORÉ, pour se voir refuser une entrée en France?

Bien que je ne partage pas le discours de Mme TRAORÉ sur le règlement de la crise malienne, je ne conçois pas que cela puisse lui valoir une véritable interdiction de séjourner dans notre pays. Je m'en étonne d'autant que Mme TRAORÉ n'est pas une inconnue au Parti Socialiste, dont elle fut parfois l'invitée de marque aux séminaires de réflexion ou aux universités d'été de la Rochelle, sans qu'elle ait varié sa position altermondialiste, panafricaniste ou anti-impérialiste d'un iota.

D'où vient-il donc aujourd'hui de lui fermer brutalement (espérons temporairement) les portes de l'hexagone, parce qu'elle questionnerait (un peu trop bruyamment) les raisons de notre intervention armée, et de notre assistance financière au Mali (avec le soutien d'une classe politique malienne qu'elle estime durablement discréditée).

Et de notre sacro-saint pluralisme d'opinions, qu'en faisons-nous? Serait-il franco-français dès lors qu'il s'agit du Mali, de l'Afrique?

À cet égard, si je partage la méfiance toute naturelle d'Aminata TRAORÉ sur le bon usage des fonds versés aux autorités maliennes pour la reconstruction de ce pays ; je refuse d'y voir la contrepartie d'une supposée allégeance des autorités illégitimes du Mali à leurs «nouveaux maîtres» français. En effet à l'essence, et nous ne devrons jamais l'oublier, l'intervention française a consisté à libérer ce pays de l’occupation des groupes djihadistes, et non à le «ré-coloniser».

C'est vrai que nous avons pêché par une sorte de naïveté internationale de penser que l'alternance politique et le fonctionnement régulier des institutions mettait le Mali (notamment sous la présidence de monsieur Amadou TOUMANI TOURÉ) à l'abri des abus de pouvoir, de la corruption des élites, bref de la mauvaise gouvernance.

La communauté internationale porte sur ce plan une certaine responsabilité dans la crise malienne, notamment sur le renversement de monsieur TOUMANI TOURÉ par les forces du capitaine Amadou SANOGO. Mais dans les faits les putschistes de SANOGO se sont révélés bien plus nocifs à la cohésion territoriale du Mali qu'ils ont prétendu à l'origine. Accabler la France aujourd'hui ne semble pas très inspiré, parce que sans l'intervention de l'armée française la faillite institutionnelle malienne serait bien plus inextricable qu'elle ne le paraît.

Tout au plus Mme TRAORÉ a raison de dénoncer la précipitation avec laquelle les partenaires internationaux du Mali, dont la France, veulent mener les Maliens aux élections présidentielles. Je m'interroge aussi sur ce volet précis de la restauration des institutions démocratiques dans ce pays, sans avoir pour l'instant une vision claire sur les raisons qui plaident en faveur d'une élection précipitée dès le mois de juillet (en pleine saison des pluies, mois de ramadan, sans avoir complété le retour des réfugiés...).

Soyons attentifs sans forcément sombrer dans une théorie du complot occidental contre le Mali et l'Afrique.

En effet il n'y aurait que des naïfs pour penser qu'une puissance (fût-elle moyenne) comme la France peut mobiliser autant de forces militaires et de moyens financiers pour uniquement "libérer le Mali de l'occupation Djihadiste"; si cette dernière ne posait pas les germes de la déstabilisation de toute une sous-région africaine dans laquelle la France compte effectivement des intérêts, y tire l'essentiel de son influence diplomatique (à travers la Francophonie), voire s'approvisionne en uranium (au Niger voisin). Autant de raisons qui ont aussi poussé à cette intervention, pas seulement cette bonne et vieille "amitié entre les peuples" à laquelle nous sommes si attachés.

Quant aux «ennemis de l'Afrique» que certains semblent voir à travers la moindre présence occidentale sur ce continent, ils ne sont pas nécessairement des non-africains, comme ils ne seraient d'ailleurs pas toujours animés des intentions les plus généreuses, à l'instar de ce qui s'est passé en Libye avec la déflagration qui s'est répandue sur le reste du continent. Mais comme le soutient à raison Aminata TRAORÉ c'est d'abord l'addiction d'une partie des élites de ce continent à l'aide extérieure (sous toutes ses formes) et leur rapport très infantilisant à l'occident qui doivent changer.

Je vous remercie

Joël Didier Engo

Bousso Dramé lauréate du Concours National d’Orthographe refuse le visa de la France à cause du comportement vexant du consulat de France !, vipeoples.net

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