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Un tyran sanguinaire (Paul Biya pour ne pas le nommer) qui ne se préoccupe jamais des traitements inhumains, des disparitions forcées, des morts qu'ils infligent depuis 35 ans à ses concitoyens, dépeints par sa propagande comme de "dangereux opposants, subversifs, terroristes (désormais)", pas plus qu'il ne rend hommage aux soldats et populations camerounaises tués par le groupe terroriste Boko Haram...s'empresse paradoxalement de présenter des condoléances au Président français François Hollande à la suite du dernier attentat à Paris qui a ôté la vie au gardien de la paix Xavier Jugelé.
J'ai envie de dire, de grâce M. Biya ne salissez pas la mémoire de cet exceptionnel policier et humaniste, dont le professionnalisme, la tolérance, et surtout l'ouverture d'esprit ont été unanimement salués, y compris par des personnes affichant parfois une certaine méfiance vis-à-vis de son corps de métier.
Précisément tout le contraire des hordes de bidasses, notamment ceux de la fameuse Brigade d'Intervention Rapide (BIR), qui terrorise littéralement les populations civiles camerounaises (notamment anglophones) à la moindre revendication.
Il y a comme cela des télégrammes diplomatiques qui bien qu'officiels, ne devraient pas passer le filtre institutionnel de toute réelle démocratie. Mais bon, les relations entre États obéissent à bien d'autres considérations et exigences, que celles relatives uniquement au respect de la vie humaine et de la mémoire des victimes innocentes.
Dommage
Joel Didier Engo, Président du CL2P

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Qui était Xavier Jugelé, le policier assassiné sur les Champs-Elysées ?
Un hommage national a été rendu mardi à la préfecture de police de Paris, au gardien de la paix abattu jeudi 20 avril par Karim Cheurfi.
LE MONDE | 25.04.2017 | Par Gaëlle Dupont et Julia Pascual

« Je suis heureux d’être là. Je suis content que le Bataclan rouvre. C’est symbolique. On est ici ce soir en tant que témoins. Pour défendre nos valeurs. Ce concert est là pour célébrer la vie. Pour dire non aux terroristes. » Ces quelques mots revêtent désormais une dimension symbolique forte. Ils ont été prononcés lors du concert de réouverture du Bataclan, un an après les attentats du 13 novembre 2015.
Le policier Xavier Jugelé répondait alors à une interview de journalistes de la BBC britannique et du magazine People américain. Jeudi 20 avril, sur les Champs-Elysées, il a été assassiné de deux balles dans la tête par Karim Cheurfi. Le gardien de la paix de la préfecture de police de Paris était stationné sur la « plus belle avenue du monde ». Au volant d’un fourgon, il était en mission de surveillance avec cinq autres collègues.
Son nom rejoint ceux des victimes de l’organisation Etat islamique et de ses affidés. Un hommage national, mené par le président de la République, François Hollande, devait lui être rendu mardi 25 avril à 11 heures, à la Préfecture de police. Les deux finalistes de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron (En marche !) et Marine Le Pen (Front national), ont été conviés à assister à la cérémonie. Les drapeaux de l’Hôtel de ville de Paris devaient être en berne.
Xavier Jugelé avait 37 ans et, ce jeudi 20 avril, il effectuait l’une de ses dernières missions au sein de la 32e compagnie d’intervention de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) de la Préfecture de police. Il devait quitter ce service spécialisé dans le maintien de l’ordre et rejoindre sous peu la direction centrale de la police judiciaire. Il avait été recruté sur un poste « à profil ». Sa maîtrise de l’anglais, notamment, lui permettait de correspondre aux attentes de la division des relations internationales, et plus précisément de la section centrale de coopération opérationnelle de police.
« Missions en Grèce et en Espagne »
La matière lui plaisait. Déjà, au sein de la 32e compagnie, le policier « s’était porté volontaire pour faire plusieurs missions en Grèce et en Espagne avec Frontex », l’agence européenne pour la gestion des frontières extérieures, se souvient un collègue. Son conjoint, Etienne C., avec lequel il était pacsé, est lui-même diplomate au Quai d’Orsay et père d’un garçon.
Xavier Jugelé avait rejoint la DOPC en juin 2011, après avoir effectué sa scolarité à l’Ecole nationale de police de Nîmes. Depuis deux ans, il avait intégré la 32e compagnie, dont relèvent quelque 140 fonctionnaires. « C’est celle qui a été le plus durement touchée pendant la loi travail, précise un policier. Lors de la manifestation du 14 juin, la DOPC comptait 94 blessés, dont quarante à la 32e compagnie. »
Avec la 32e, Xavier Jugelé était aussi intervenu le soir des attentats du 13-Novembre. « La compagnie a effectué le service de sécurité autour du Bataclan, pour cloisonner la zone », rapporte un collègue. Il décrit M. Jugelé comme un homme « discret ». Avant de rejoindre la police nationale, il avait été pendant cinq ans gendarme adjoint volontaire.
Avant lui, son père a eu une carrière de militaire. Etabli à Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher), Michel Jugelé est un ancien major de la base aérienne 273, à Pruniers-en-Sologne, et actuellement président de l’Association des médaillés militaires de Romorantin-Lanthenay. C’est dans cette commune que les obsèques de Xavier Jugelé, qui avait également une sœur et un frère, devaient avoir lieu mardi en fin de journée.
« Jovial, enthousiaste, bon vivant »
« C’était quelqu’un de jovial, enthousiaste, bon vivant », se souvient à son tour Mickaël Bucheron, président de Flag !, l’association des policiers et gendarmes LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) dont Xavier Jugelé était membre et qui compte quelque 500 adhérents. Des membres de Flag ! devaient être présents lors de l’hommage à la Préfecture, « en tenue d’honneur », précisait M. Bucheron, qui ajoutait que « des collègues d’associations LGBT de Belgique, des Pays-Bas et d’Irlande » étaient aussi annoncés.
Des syndicats de police avaient également appelé à un rassemblement face à la Préfecture, sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Xavier Jugelé était membre du syndicat de gardiens de la paix Alliance. Au sein de la 32e, « l’ambiance est particulière, décrit un policier. Les nouveaux ne réalisent pas trop. Beaucoup sont meurtris. C’est une compagnie qui va être marquée à vie ». Sur un site de cagnottes en ligne, une collecte de solidarité avec la famille a été lancée par la compagnie, à laquelle avaient contribué près de 3 000 personnes mardi matin.
Parmi les associations de défense des droits des homosexuels, le choc causé par la mort de Xavier Jugelé a été démultiplié. « Nous sommes particulièrement émus, parce qu’il était un militant actif en faveur du mouvement LGBT, qu’il partageait nos valeurs et notre cause », déclare Joël Deumier, le président de SOS homophobie.
Alexandre Urwicz, le président de l’Association des familles homoparentales, qui l’avait rencontré, décrit un homme « gentil, discret et avenant », qui conciliait sereinement sa vie privée et sa vie professionnelle, où il ne faisait pas mystère de son orientation sexuelle. « Sa mort nous rappelle qu’il y a des homosexuels chez les policiers, les gendarmes, les juges, les médecins, relève M. Urwicz. Il protégeait les citoyens et des groupes de manifestants, quelles que soient leurs opinions, y compris lorsqu’elles pouvaient être contraires à ses intérêts militants. »
- Julia Pascual
Journaliste au Monde Suivre Aller sur la page de ce journaliste

Gaëlle Dupont
journaliste au Monde