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Billet de blog 2 août 2009

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A la culture démocratique européenne et aux journaux qui l'expriment

Lettre de Andréa Camilleri, Antonio Tabucchi, Dacia Maraini, Dario Fo, Franca Rame, Moni Ovidia, Gianni Amelio, Maurizio Scaparro, Wu Ming et 34 000 autres signataires

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Lettre de Andréa Camilleri, Antonio Tabucchi, Dacia Maraini, Dario Fo, Franca Rame, Moni Ovidia, Gianni Amelio, Maurizio Scaparro, Wu Ming et 34 000 autres signataires


Les choses qui se produisent en Italie ont toujours eu, pour le meilleur et pour le pire, une influence extraordinaire sur toute la société européenne, depuis la Renaissance italienne jusqu’à l’ère du fascisme. Mais ces choses n’ont pas toujours été connues à temps. En ce moment, les journaux européens sont très attentifs à certains aspects de la crise qui touche notre pays. Nous estimons toutefois qu’il est du devoir de nous tous qui vivons en Italie d’attirer l’attention de l’opinion publique européenne sur d’autres aspects ignorés. Il s’agit de certaines initiatives politiques et législatives italiennes qui, si on ne parvient pas à les contrecarrer, risquent de défigurer le visage de l’Europe et de faire reculer la cause des droits de l’homme dans le monde entier.

Le gouvernement Berlusconi, invoquant la sécurité, a imposé au Parlement, sur lequel il exerce un contrôle absolu, l’adoption de mesures discriminatoires à l’égard des immigrés telles qu’on n’en voyait plus en Europe depuis l’époque des lois raciales. Le sujet passif de la discrimination a changé. Il ne s’agit plus des Juifs mais des immigrés en situation irrégulière, soit des centaines de milliers de personnes. Les dispositions prévues par les lois raciales, comme l’interdiction des mariages mixtes, elles, n’ont pas changé. Par cette interdiction, on empêche, sur des critères de nationalité, l’exercice d’un droit fondamental tel que celui de se marier sans contraintes de type ethnique ou religieux. Un droit fondamental que l’on soustrait ainsi non seulement aux étrangers, mais aussi aux Italiens.

Par une disposition portant encore davantage atteinte à la dignité humaine, on a introduit l’interdiction pour les femmes étrangères en situation irrégulière de déclarer les enfants qu’elles ont mis au monde. Ainsi, en vertu d’une décision politique venant d’une majorité éphémère, les enfants nés de femmes étrangères en situation irrégulière seront toute leur vie des enfants de personne. Ils seront enlevés à leur mère à la naissance et mis entre les mains de l’Etat. Même le fascisme n’était pas allé aussi loin. Les lois raciales instaurées par ce régime en 1938 ne privaient pas les mères juives de leurs enfants, ni ne les contraignaient à avorter pour éviter de se faire confisquer leurs enfants par l’Etat.

Nous ne nous adresserions pas à l’opinion publique européenne si la gravité de ces mesures n’était telle qu’elle dépasse les frontières nationales et n’exigeait une réaction responsable de toutes les personnes qui croient en une humanité commune. L’Europe ne peut accepter que l’un de ses pays fondateurs régresse à un niveau primitif de vivre-ensemble, en contradiction avec les lois internationales ainsi qu’avec les garanties et la culture juridiques sur lesquelles se fonde la construction politique européenne. Il est dans l’intérêt – et il en va de l’honneur – de nous tous Européens que cela ne se produise pas.

La culture démocratique européenne doit prendre conscience de la pathologie qui vient de l’Italie et se mobiliser pour empêcher qu’elle se répande en Europe. A chacun de choisir la meilleure façon de manifester et de faire valoir son opposition.

Andréa Camilleri, Antonio Tabucchi, Dacia Maraini, Dario Fo, Franca Rame, Moni Ovidia, Gianni Amelio, Maurizio Scaparro, Wu Ming et 34 000 autres signataires

Cet appel a été publié sur le site du Courrier international du 16 juillet 2009 où l'on peut lire aussi ceci :

Durcissement

Par le vote du Sénat, le 2 juillet, l’Italie a définitivement adopté la loi sur la sécurité et l’immigration proposée par le ministre de l’Intérieur, Roberto Maroni (Ligue du Nord). Ce texte crée un délit d’immigration clandestine passible d’une amende allant jusqu’à 10 000 euros assortie de l’expulsion immédiate. Le séjour en centre de rétention des étrangers en situation irrégulière pourra aller jusqu’à six mois, contre deux mois jusqu’ici. La nouvelle loi rend également obligatoire la présentation d’un permis de séjour ou d’un passeport pour déclarer la naissance d’un enfant à l’état civil. Critiquée par l’opposition, les organisations de défense des droits de l’homme et le Vatican, la loi risque de pénaliser en premier lieu les près de 500 000 badanti, des femmes originaires pour la plupart des pays de l’est de l’Europe et le plus souvent sans papiers, qui sont employées par des familles italiennes pour s’occuper du ménage, des personnes âgées ou des enfants. Suite aux pressions de certains membres de l’exécutif et d’une partie de la majorité, le gouvernement étudie la possibilité d’une régularisation sélective de ces aides à domicile, indique le quotidien La Repubblica.

http://www.courrierinternational.com/article/2009/07/16/les-intellos-de-gauche-se-mobilisent-pour-les-immigres

L'appel a été publié sur le site http://www.leflog.net/2009/07

qui donne accès à l'appel que l'on peut signer en italien ou en anglais sur les sites renseignés ci-dessous :

http://temi.repubblica.it/micromega-online/camilleri-tabucchi-maraini-fo-rame-ovadia-scaparro-amelio-appello-contro-il-ritorno-delle-leggi-razziali-in-europa/

http://temi.repubblica.it/micromega-online/against-the-reintroduction-of-race-laws-in-europe/

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