Je ne me suis jamais considéré comme un écrivain engagé. A vrai dire, si on regarde ce que j’ai écrit jusqu’à maintenant, on constate que je n’ai que rarement pris position sur quoi que ce soit. Ça m’est arrivé, à l’occasion, mais la plupart du temps, je suis le type qui parle d’acteurs que personne n’oserait critiquer ou du look de la collection automne/hiver que personne n’oserait porter.
Alors, quand j’ai décidé de m’en prendre à l’institution sacrée qu’est le vide-grenier, je ne l’ai fait que parce que je pensais m’attaquer à un sujet inoffensif. Et si je l’ai rédigé sur le ton pince-sans-rire qui me caractérise, c’est que je pensais que mes lecteurs rigoleraient une fois ou deux avant de cliquer sur la flèche du bas et de passer à un sujet plus dense sur Mediapart, comme d’hab’.
Cette fois, pourtant, j’ai touché un point sensible, ouvrant ainsi une brèche dans laquelle est venue s’engouffrer toute la rage qui anime aujourd’hui l’esprit des Français. Au moment où j’ai rédigé ce manifeste (je vais l’appeler comme ça), la Syrie était en guerre, le vol de la Malaysia Airlines venait de s’écraser sur l’Ukraine, le virus Ebola faisait des ravages et des émeutes raciales avaient éclaté aux Etats-Unis, mais pendant une semaine entière, ma chronique était une des plus recommandées du site, et bien entendu, des plus commentées.
Les commentaires étaient, c’est cocasse, aussi variés que les objets qu’on peut trouver dans un vide-grenier, parfois encourageants, parfois assassins, blessants, ou encore vulgaires, mais toujours enflammés. Avant V-G-1, jamais je n’aurais imaginé qu’un tel sujet puisse déclencher tant de passion.
Répondre ou non à ces commentaires, et sur quel ton, constituait un enjeu nouveau. D’un côté, le rôle d’un écrivain consiste simplement à lancer un débat avant de se précipiter hors de la pièce en laissant tout le monde s’engueuler. De l’autre, il y a des cas où il se doit d’y retourner et d’assumer les conséquences de ses écrits (surtout quand il sait qu’il a raison). Alors, le week-end dernier, j’ai enfin trouvé le temps de me plonger dans le « sac à mails » de JvS et entrepris de répondre à certains commentaires ; probablement parce que la saison 2014 des vide-greniers touche à sa fin, comme sans doute ma carrière chez Mediapart si je ne le fais pas.
Courrier. « Il a raison John ; c'est apparemment politiquement incorrect de dire que l'on aime pas les vide-greniers. » GAMESWITHOUTFRONTIER
JvS. Comme je l’ai dit, les vide-greniers sont un sujet très sensible qui peut maintenant rivaliser avec des questions aussi délicates que le port du voile à l’école, l’ISF ou le mystère de la mort de Bérégovoy, à propos de laquelle j’ai d’ailleurs dégotté un livre d’occasion dans un vide-grenier cet été…
Courrier. « Je suis un grand consommateur d'humour sous toutes les formes : humour rose, noir, nonsense, blague à froid, auto-dérision, blagues cochonnes, satire (mon grenier est plein de Hara-Kiri, Canard Enchaîné, ma bibliothèque remplie de San-Antonio, d'Astérix, de Lucky Luke, de Gaston Lagaffe, d'Achille Talon et je suis fan absolu de Tex Avery et ses semblables) J'essaye d'en mettre dans ce que j'écris si l'occasion et Antoine Perraud se présentent. Mais là, même avec une bonne loupe, à part peut-être du sarcasme, qui est la caricature de 'l'humour, je n'en vois guère plus que de coquinerie dans un sermon de feu Monseigneur Lefebvre, de bon sens dans une déclaration de Nadine Morano ou de modestie dans un discours de Nicolas Sarkozy Henri Guaino. » QUOIQUE
JvS. QUOIQUE a raison. On a le droit de critiquer l’humour de quelqu’un seulement si on possède une bibliothèque remplie de Lucky Luke et de Gaston Lagaffe. Sinon, t’es pas qualifié, désolé.
Courrier. « Je suis peut-être dans l'erreur mais à mon sens, ce texte est une métaphore de notre monde politique, des campagnes électorales où l'on recycle les vieilles idées ou celles ayant déja servi mais qui font toujours recette, du troc pour pas cher d'une idée de droite contre une idée de gauche. De la salade électorale pour pas cher, qui qu'en veut de mon idée à deux euros, qui qu'en veut ? » SYLVAIN CAPRON
JvS. C’est toujours délicat de voir prêter à ses écrits plus de profondeur que ce qu’on a voulu y mettre. La première réaction est de répondre : « Non, c’est pas ce que je voulais dire ! » mais on ne le fait pas, parce que c’est agréable d’être considéré comme quelqu’un d’intelligent, même si c’est par erreur. C’est comme de constater en arrivant chez soi qu’on s’est trompé de sac chez le Chinois et qu’on a emporté la commande de quelqu’un d’autre. On est tenté d’appeler le restaurant pour les prévenir, mais soudain, on se rend compte qu’on aime ce que les autres avaient commandé, ils ont meilleur goût que nous, et le dîner refroidit. Alors on mange et on laisse tomber.
Courrier. « Serait-il éventuellement possible de savoir pourquoi la Rédaction de Médiapart a éprouvé le besoin de mettre ce billet bêtement méprisant et qui eût pu conserver tout l'anonymat qu'il mérite, en exergue en Une du journal ?Bonne question. Aurez-vous une réponse ? Bonne question ! » QUOIQUE
JvS. Bonne question. La rédaction n’a accepté ce texte que parce que chez Mediapart, ils font exactement tout ce que je leur dis de faire. C’est le marché qu’on a conclu. Je poste mon blog chez eux et ils profitent de l’énorme lectorat qu’attire mon nom sur google+. Si le rapport de force s’inverse et que je me retrouve à avoir plus besoin de Mediapart qu’eux de moi, la relation changera et alors, je recommencerai à enquêter gratuitement sur ClearStream et l’affaire Karachi.
Courrier. « 2 déconseillés ! Vous avez pris des risques ! Sont très tolérants ici, à condition de partager leurs idées ! Ceci dit, les texte est assez drôle, si le fond n'est pas gentil, gentil ... Mais c'est un américain qui n'a sûrement que des a priori sur cette France, petit pays exotique, selon Messier le déconomiste number one, qui a tout flambé .................. Pourtant avec le nom de famille qui est le sien, ses ancêtres ont du arriver avec le Mayflower, en provenance direct de cette bonne vieille Europe du Nord, austère et bigote. » MYRELINGUES
JvS. C’est un de ces moments étranges où quelqu’un vient nous serrer la main pour nous dire à quel point on est formidable et où on s’aperçoit d’un seul coup qu’il ne nous a toujours pas lâché, que de la morve lui pend au nez et qu’il traîne un sac plein de minitels déglingués. Mais il est trop tard ! On a plus qu’à l’écouter finir son couplet sur Jean-Marie Messier.
Quant à la deuxième partie du commentaire, où le lecteur mentionne mon nom de famille, c’est vrai que certains de mes ancêtres ont débarqué à bord du Mayflower, mais c’était du côté de ma mère, des bigots WASP (White Anglo-Saxon Protestants), particulièrement hostiles à l’égard des Allemands nommés von Sothen. Ce qui a bien entendu été déterminant dans l’attraction que mon père a exercée sur ma mère.
Courrier. « Mieux vaut des vieilleries sur un marché...que des femmes en vitrine.Tu vois ce que je veux dire, *John Von truc machin chouette* ? » SALTAMONTE
JvS. JVTMC sera désormais mon nom d’artiste. Je ne suis pas très sûr de sa signification, mais il faut admettre que ça sonne bien. « John von truc machin chouette » pourrait aussi être le nom d’un jeu de comptoir où on devrait répéter la phrase dix fois en tenant deux bières à la main. Prononcé très rapidement, « John von truc machin chouette » ressemble à … « je vends des trucs vachement chouettes », ce qui, OMG, est le genre de commentaires qu’on peut entendre… dans un vide-grenier. Peut-être que cette personne tente de m’adresser un message subliminal.
Courrier. « Les vides greniers sont l'occasion pour des tas de gens dans la mouise de compléter leurs fins de mois -en trichant un peu avec la limitation reglementaire, c'est pas bien, hein-, et d'autres tout pareils, de trouver des fringues ou un truc pas cher à leur goût pour se faire plaisir. Quand on gagne peu, une journée derrière un stand même pour 30 euros, c'est mieux que zéro à rester chez soi et ne voir personne. La misère c'est miteux, oui, vous pouvez aussi ne pas y aller, surtout si vous n'achetez rien. Puis dans les villages, on se connait c'est aussi un moment convivial avec une fête avant ou après, nos voisins n'y sont plus anonymes, on y trouve même un peu de fraternité, populaire, voire vulgaire, mais on y passe de bons moments, si on est patient et pas trop bégueule » JOSEPH G
JvS. Je m’apprêtais à être sarcastique, mais pourquoi ? Joseph G a tout a fait raison. Je m’aperçois que beaucoup de gens participent à des vide-greniers pour l’argent (ce qu’en passant, je disais dans mon article) et je n’ai jamais voulu dénigrer les bénéfices (économiques et sociaux) du vide-grenier. A vrai dire, le commentaire de Joseph G est une parfaite critique de ma chronique. Il ne s’en prend pas à moi personnellement. Il argumente sur des points que j’ai peut-être négligés, et me rappelle ce qui m’a tant blessé quand j’ai lu les commentaires négatifs la première fois. En tentant de faire rire j’ai sans doute simplifié, exagéré et caricaturé mon sujet. C’est malheureusement le genre de truc que je fais pour rendre un sujet drôle. Ça fait partie du procédé. Je sais ce que vous allez dire. « Et bien, pourquoi ne pas choisir un autre sujet pour vous moquer ? » Je ne sais pas. Parfois les sujets nous choisissent plus qu’on ne les choisit. Ceci dit, peut-être qu’il me faudrait un « garant de conscience » qui livrerait le fond de ma conscience après que j’ai écrit quelque chose de drôle. On pourrait intituler ça « ce que John a voulu dire ». Ce serait un duo franco-américain dans lequel j’exagère, simplifie et déforme, après quoi, Joseph G. apparaît pour dire « Ce que John a voulu dire… ». Ce serait génial, ça élargirait l’horizon, et c’est pour ça… que ça n’arrivera jamais.
Courrier. « Mais sur le fond, vous êtes incohérent, John. La meilleure manière de tomber sur un Rembrandt n'est pas de faire les vides greniers ! Essayez plutôt des sports de grands, comme le cambriolage, ou le jeu, ou les "affaires", au lieu de perdre votre temps dans des vides greniers à espérer escroquer les pauvres comme un petit garçon ! Je me demande si votre nature religieuse ne vous joue pas des tours, genre "culte du vide grenier". » CHARLES-HUBERT DE GIRONDIAC
JvS. Waouh ! Je suppose que ce lecteur plaisante. Pas à propos du cambriolage, bien sûr, que je n’hésiterais pas à perpétrer si je pensais tomber sur un Rembrandt, mais nous savons tous que les vrais Rembrandt se trouvent pour la plupart à Dubaï. Non, je parle de la question religieuse qu’il soulève. Il insinue, soit que mes convictions religieuses me rendent partisan ou ennemi des vide-greniers, soit qu’il existe un culte du vide-grenier dont j’ignorais l’existence, qui doit se situer quelque part entre la scientologie et les fanatiques du bridge et dont les adeptes terminent sans doute affublés d’un T-shirt comme celui-ci.
Courrier. « Au risque d'en froisser beaucoup, j'ai trouvé exprimé dans cet article exactement ce que je pense depuis des années des vide-greniers, et ce que je ressentais sans jamais arriver à l'exprimer ni même à me l'avouer : un énorme malaise devant ce reflet criant de vérité de notre société consumériste futile à pleurer. A dégueuler même. Donc, je suis de tout coeur avec l'auteur. L'important est d'être, pas d'avoir. Si on ne comprend pas ça (je veux dire, globalement, à l'échelle sociétale), on va en mourir, et d'ailleurs c'est ce qui est en train de se passer. » HÉLÈNE NIVOIX
JvS. Pour ceux qui l’ignorent encore, Hélène Nivoix a récemment été embauchée comme directrice de la communication chez JvS. Inc. Ses prestations incluent les relations médias, le rappel des produits et bien entendu, la gestion de crise. Tout le monde chez JvS se réjouit de l’arrivée d’Hélène.
Courrier. « Par curiosité et ouverture (ne vous inquiétez pas, j'ai de bonnes bandes protectrices sur les chevilles), je suis allé lire les autres articles de Monsieur JVS. Il ne vient jamais réagir aux commentaires comme le font la grande majorité des membres du Club. Deux hypothèses :- Il ne maîtrise pas assez notre langue. C'est vrai, à qui bon s'intéresser à une langue has-been ?- Il ne revient pas lire les commentaires.. Bah oui, parler des Français comme d'une peuplade inférieure, OK ; mais les écouter, leur parler, pouah ! (Je vais lui envoyer un MP. Je vous tiendrai au courant) » QUOIQUE
JvS. C’est une chose de se voir attribuer le Goncourt ou une bonne critique sur Yelp, c’en est une toute autre qu’on formule des hypothèses à votre sujet. Cela signifie qu’on est passé du statut de simple écrivain à celui, supérieur, de personnification d’une théorie, d’un mouvement ou d’une maladie. L’hypothèse selon laquelle je ne maîtrise bien pas le français est exacte. Je ne comprends pas certains mots répertoriés par l’Académie Française tels que « peuplade » et « pouah ! ». L’hypothèse selon laquelle je ne lis pas les commentaires est fausse. Je les lis, je lis également les MP, particulièrement ceux qui me sont envoyés par des gens postés sous mes fenêtres avec des parapluies et des lunettes à vision nocturne.
Courrier. « En plus, il a besoin d'une amie pour traduire son colis constipé. Peu de chance qu'il se sente chez lui un jour. Même si les vide-greniers sont pas ma sortie préférée, ça me donne moins la nausée qu'une kermesse du Teaparty. » REINIER LASANCE
JvS. Je n’ai jamais demandé à ma traductrice de s’occuper des mes problèmes de constipation (NdT : Je confirme !!). Elle a déjà assez de travail comme ça et ce serait outrepasser les termes de notre contrat. J’ajoute qu’elle n’est pas simplement « ma copine » mais mon alter ego, le yin de mon yang, le moca de mon chino, alors en m’attaquant, vous vous en prenez aussi à elle, peut-être même davantage qu’à moi. J’ignore ce que peut être une kermesse du Teaparty. Je connais les kermesses. Je connais le Tea Party. Mais une kermesse du Tea party c’est incongru. J’imagine Sarah Palin bénévole derrière un stand de memory pour les enfants de CM1. Si vous visualisez le même genre d’image, je comprends, ça me donne la nausée à moi aussi.
Courrier. « Le mépris des pauvres suinte par tous ses pores... » VIEILLE DAME
JvS. C’est la deuxième fois qu’on m’accuse de suinter dans ces colonnes, et maintenant, ça suffit ! Peut-être que je suinte parce que je veux que vous m’aimiez et que ça me rend nerveux. Non, je ne porte pas d’ « anti-suint ». Je ne crois même pas que ça existe, et dans ce cas, je vais de ce pas déposer le concept et gagner une fortune. Suinte-IZZ, l’anti-suint pour ceux qui suintent.
Courrier. « Ce sont les vitrines de la misère, c'est vrai. Les vitrines de l'ennui aussi. Celles de citadins qui n'ont rien d'autre à faire le samedi matin que d'aller faire les badauds devant des tas de merde, déjà triés des objets intéressants qui se retrouvent chez ces voleurs d'antiquaires. Tiens en parlant de voleurs, j'imagine que beaucoup de molécules de cette foule liquide et triste, comme le dit Nathalie Sarraute dans un de ces Tropismes, doivent ensuite aller au restaurant: la quille de vin servie à un prix exorbitant, les quatre conneries dans l'assiette avec deux grands traits dynamiques de sauce à la Hans Hartung, le fondant au chocolat de l'usine et le café de Liddle pour 50, 60 euros par tête de jeu de massacre, par pigeon, par dindon, comme vous voulez. Et cerise sur le gâteau ou crème sur le baba, tout ça servi par un tenancier (ou par ses esclaves) qui vomit le secteur public, les fonctionnaires, la gauche toute entière et qui en a plein la bouche de l'Europe des marchés et des banksters. Faire des pas de fourmis dans un vide grenier en prenant la face de cake de celui qui s'y connaît et aller au restaurant ensuite: le comble de l'horreur du socialiste. La foire au pinard, l'enfer des Nordistes avec les gros bides et les petites cuisses. La fête de la musique, le rendez-vous des hémiplégiques festifs. Le festival d'Avignon, le repaire des bobos parisiens dégénérés et prétentieux. Le futchiball, le refuge des débiles mentaux. » PLOTINE
JvS. Il arrive de temps en temps dans la vie d’un écrivain de tomber sur le truc qui tue, une visionnaire torturée qui donne envie de cesser d’écrire parce qu’il est impossible de l’égaler. PLOTINE est ce truc qui tue. C’est moi ou bien ce texte serait parfait dans une compétition de slam ? Avant de répondre non, lisez ce texte à voix haute sur cet instrumental de 2 Pac et vous comprendrez ce que je veux dire. Ce serait la version Mediapart de Grand Corps Malade, mais en tellement mieux, et c’est pour ça que…ça n’arrivera jamais !
Courrier. « Un américain qui ferait mieux d'aller passer son temps libre au starbeurk du coin, l'environnement lui sera certainement plus familier ! » FRANÇOIS QUESTE
JvS. Le truc avec Starbeurk (je suppose que c’est le surnom français ?) en France, c’est que c’est pas du tout aussi américain qu’on pourrait le croire ; et ça ne m’évoque rien de familier. La version française du Starbuck conserve l’illusion d’une espèce de café. Aux Etats-Unis, les Starbuck sont aujourd’hui des bureaux dans lesquels il se trouve qu’on sert du café. Ça fait une différence. Toutes les tables d’un Starbuck américain sont encombrées d’ordinateurs et d’iPad, j’ai même récemment commencé à y voir des imprimantes. Un ami m’a envoyé cette photo qui le prouve. Il n’y a plus qu’à se faire transférer ses mails et placer quelqu’un à la réception. Alors, non, je ne me sens pas dans un univers familier dans les Starbeurk parisiens.
Courrier. « John pense qu'un vêtement déjà mis est nécessairement sale. Il ne conçoit pas que ce vêtement puisse être lavé. John ne s'encombre pas d'une machine à laver. Il ne met chacun de ses habits qu'une seule fois, puis il les jette. John n'est pas quelqu'un de compliqué. » QUELQU'UN
JvS. Pour commencer, je suis une personne très compliquée. Ensuite, je possède une machine à laver. Et enfin, je ne dis pas que ces vêtements sont sales. Ce que je dis, c’est que ce n’est pas MOI qui les ai lavés. Peut-être suis-je totalement à côté de la plaque mais je ne suis pas certain que tout le monde porterait sans les laver des vêtements achetés dans un vide-grenier même s’ils avaient l’air très très propres. Un blouson de cuir, peut-être. Ou une cravate, mais c’est à peu près tout. Récemment, j’ai vu un thermomètre rectal sur un stand dans un vide-grenier. Peut-être que QUELQU’UN s’en servirait sans le laver. Non, mais je veux dire, pourquoi compliquer les choses…
Courrier. « C'est impressionnant le nombre de commentaires qui nie totalement la dimension humoristique et donc volontairement excessive de ce billet. Personnellement je trouve ce billet drôle parce que caricatural volontairement. Second point : le nombre de commentaires renvoyant à l'auteur sa nationnalité au visage, comme si cela était en soi un argument est consternant... la démarche est en elle-même limite. L'auteur ne dit pas que c'est mieux dans son pays d'origine... Il se place juste en observateur caustique. Lui répondre "oui ben hein c'est pareil aux USA... miroir magique l'américain" est... comment dire cela poliment.... » MARIN 86
JvS. Merci, Marin. C’est vrai, ce n’est pas seulement en tant qu’Américain que je me sens autorisé à critiquer certaines choses en France. Sinon, ma carrière française prend officiellement fin aujourd’hui. Et non, je ne pense pas que tout soit mieux aux Etats-Unis. Pour commencer, là-bas je n’aurais jamais pu devenir un « observateur caustique » – je précise en passant que je vais désormais inscrire ce titre sur mon C.V. Ça me plaît beaucoup et ça ferait une présentation géniale quand je passe à la radio ou à la télé : « Et maintenant, notre observateur caustique… », c’est bien mieux que « notre expert en géo-politique » ou « le journaliste gonzo », ce qui nous amène à…
Courrier. « Par ailleurs, soyez sympa avec Hunter S Thompson, retirez le titre "journaliste gonzo" du cartouche de présentation de Mr Von Sothen ... Le gonzo, c'est s'immerger durablement dans ce que l'on veut décrire, et le décrire de façon objective et neutre ... (Voir à ce titre le bouquin de Hunter S Thompson sur les Hell's Angels, référence du genre journalistique Gonzo) ... Von Sothen fait exactement le contraire du gonzo : il ne s'immerge pas, et il décrit de façon subjective ... Un peu de respect pour Thompson quoi, enfin ! (Von Sothen fait plutôt dans le genre Journalisme Mondain au petit pied, mais c'est une autre affaire ... ) » ESCORAILLES
JvS. Escorailles vient de me donner une idée géniale pour une nouvelle chronique – le parfait article gonzo post-moderne : un « soit disant » journaliste gonzo écrit une chronique mondaine de mauvais goût à propos d’une institution qu’il n’aime pas et génère autant d’adulation que d’indignation. Dans un défi à ses détracteurs, le « soit disant » journaliste gonzo décide de s’immerger dans l’univers qu’il a critiqué en prenant un stand sur un vide-grenier pour essayer de vendre sa poussette McLaren, les vieux jouets de ses enfants et un livre sur le mystère Bérégovoy, dans la chaleur d’un week-end du début juillet, comme tout le monde. Le « soit disant » journaliste gonzo est déterminé à prouver qu’il avait raison, seulement cette fois, le dénouement n’est pas celui auquel il s’attend.
L’objectivité de V.G.2 restera à démontrer, mais je suis certain qu’il provoquera une avalanche de commentaires et produira un remarquable « sac de mails » – le genre de sac que même Hunter S. Thompson aurait jalousé.
Traduit par Adèle Carasso